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Portrait de médecin: Paul David, une grande famille, un grand homme?

La cardiologie en était à ses premiers balbutiements. Pourtant, c'est à ce moment que le jeune Dr Paul David s'accroche à l'idée de fonder un centre hospitalier entièrement dédié à la cardiologie.
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Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années (Pierre Corneille, Le Cid, 1636). Cette citation s'applique fort pertinemment à la vie et l'oeuvre du Dr Paul David.

Âme bien née, il le fut certes. Son grand-père se nommait Laurent-Olivier David et avait connu une carrière bien remplie comme avocat, journaliste, historien et homme politique. Il était l'ami intime de Wilfrid Laurier.

Son père, Athanase David, a connu une carrière aussi flamboyante. Diplômé en droit de l'Université Laval à Montréal, il oeuvre son premier cabinet avec comme associé Édouard Montpetit en 1905. Puis, après s'être associé à Arthur Vallée, il ouvre le cabinet Elliot et David. Parallèlement à sa carrière en droit, Athanase David sera élu député et occupera plusieurs postes ministériels sous les premiers ministres Lomer Gouin, Louis-Alexandre Taschereau et Adélard Gorbout. Le 9 février 1940, le premier ministre du Canada nomme Athanase David au poste de sénateur, où il siègera jusqu'à sa mort en 1953. Si la lignée paternelle est si imposante, celle maternelle ne manque pas de panache. En effet, le 3 novembre 1908, Athanase David épouse Antonia Nantel, fille de Guillaume-Alphonse Nantel, député conservateur de la circonscription de Terrebonne. Antonia, la mère de David, a joué un rôle prépondérant dans le milieu artistique montréalais. Elle a siégé au Montreal Orchestra avant de participer à la fondation de l'Orchestre symphonique de Montréal. Avec nul autre que l'éminent chef d'orchestre Wilfrid Pelletier, elle fonde les Festivals de Montréal et occupera la présidence de cette institution jusqu'en 1952.

Paul David naît le 25 décembre 1919. Il commence ses études classiques au Collège Sainte-Marie, à Montréal. Il est un élève doué, et ses succès eurent tôt fait de susciter certaines jalousies. Tant et si bien que certains laissaient courir la rumeur que si Paul avait de si bonnes notes, cela était dû à d'obscures influences de son illustre père Athanase.

Las de ces mesquineries, Paul David quitte le Québec et complétera son cours classique à Paris au Collège Stanislas. Son père aurait bien voulu qu'il s'inscrive en droit, selon la tradition familiale. Mais lors de son dernier voyage de retour au Québec, durant la traversée par bateau, Paul avait lu L'Homme, cet inconnu d'Alexis Carrel. Sa décision était alors prise. Il obtient son diplôme de médecine de l'Université de Montréal en 1944. Il quitte alors l'hôpital Notre-Dame à Montréal pour aller à Boston au Massachusetts General Hospital afin de se spécialiser en cardiologie auprès d'une sommité dans ce domaine, le cardiologue Paul Dudley White. Un an plus tard, il se rend à l'hôpital Lariboisière de Paris pour approfondir ses connaissances auprès des professeurs Pierre Soulié et Jean Lenègre.

Le jeune médecin Paul David voulait aller chercher les meilleurs enseignements, tant de l'école américaine que celle européenne. Ce souci d'unir ces deux cultures médicales le suivra durant toute sa carrière.

De retour à Montréal, il pratique la cardiologie à l'Hôpital Notre-Dame. Le premier Congrès international de cardiologie en France en 1950 allait donner un nouvel envol à sa toute jeune carrière. La cardiologie en était alors à ses premiers balbutiements. Pourtant, c'est à ce moment que le jeune David s'accroche à l'idée de fonder à Montréal un centre hospitalier entièrement dédié à la cardiologie: un institut de cardiologie.

Au même moment, la congrégation religieuse des Soeurs Grises développe un plan pour doter Montréal d'un centre hospitalier hautement spécialisé. À cet effet, plusieurs religieuses iront parfaire leurs connaissances dans divers domaines de l'administration hospitalière et en infirmerie pour mener à bien le projet. Celui-ci prend forme et les Soeurs Grises fondent l'Hôpital Maisonneuve (aujourd'hui, l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont). La supérieure des Sœurs Grises approche notre jeune cardiologue rempli d'enthousiasme et lui demande d'accepter la direction de la cardiologie dans leur nouvel hôpital. La Charte de l'Institut de cardiologie de Montréal a été officialisée en 1952. C'est ainsi qu'elles donnent au Dr Paul David un étage complet du tout nouvel hôpital pour y ouvrir le tout premier institut de cardiologie à Montréal.

Le docteur David n'a alors que 35 ans. Ce qui confirme la deuxième partie de notre citation initiale: la valeur n'attend pas le nombre des années. La révérende soeur Rachel Tourigny, fellow de l'American College of Hospital Administrators, devient la première administratrice de l'Institut de Cardiologie de Montréal (ICM). L'ICM compte alors plus d'une quarantaine de lits et fournit de belle façon la preuve que réunir sous un même toit tous les services de cardiologie est une nécessité. Ce modèle sera d'ailleurs implanté dans plusieurs pays.

Le Dr Paul David demeurera l'âme de l'Institut jusqu'à sa retraite en 1985 et même après. En effet, en 1985, le Dr David, à l'instar de son père, est aussi nommé au Sénat du Canada à la demande expresse du Très Honorable Brian Mulroney, alors premier ministre du Canada. Il y siègera jusqu'en 1992 tout en poursuivant son engagement auprès de l'Institut de cardiologie de Montréal et en prenant charge de nombreuses oeuvres humanitaires.

En 1992, Paul David est victime d'un grave accident vasculaire cérébral. Il en sort aphasique et partiellement paralysé. Je laisse ici le soin à sa fille Françoise David, journaliste et aujourd'hui chef du parti politique Québec solidaire de résumer ici les sept années de la fin de la vie de Paul David: «Je veux vous parler d'un grand homme: mon père. Le Dr Paul David a fondé l'Institut de cardiologie de Montréal et l'a longtemps dirigé. Par la suite, il a entrepris une seconde carrière au Sénat canadien. La dernière tranche de sa vie est moins connue, mais il l'a traversée avec autant de persévérance et de sens du défi qu'il en avait montré durant sa vie antérieure. (...). De ces sept années que nous avons passées avec lui, avec cet homme tendre, taquin, comédien à ses heures, parfois triste et contrarié, nous avons le souvenir d'un homme terriblement vivant et présent à tous. C'était une bien grande personne.»

Durant sa carrière, le docteur Paul David a été l'auteur de plus de 170 publications scientifiques et a été récompensé de nombreux prix comme celui de l'Ordre du Mérite (1968), Compagnon de l'Ordre du Canada (1968), un autre attribué par l'Association francophone pour le savoir (ACFAS) : le prix Urgel-Archambault (1969), il fut aussi intronisé Grand officier de l'Ordre national du Québec (1998). L'Université de Lyon et l'Université d'Ottawa lui ont remis des doctorats honoris causa. Il fut aussi président de l'Association des médecins de langue française du Canada qui lui décerna une médaille du mérite en 1989.

Le docteur David est aussi reconnu comme un grand humaniste. L'action communautaire est au cœur de ses préoccupations tant au niveau de ses interventions comme sénateur que dans ses implications personnelles. Ainsi nul n'est surpris de son travail au foyer Rousselot, ou celui comme président de l'Institut du cardinal Léger ou encore siéger au conseil d'administration de l'Institut Vanier de la famille. Le docteur David a aussi été connu comme un grand serviteur de l'Église qui lui a remis la Médaille du mérite diocésain Mgr Ignace Bourget (1981). À titre posthume, il reçut le grand prix du Collège des médecins du Québec (1999) et une plaque commémorative à son nom fut dévoilée au centre EPIC le 10 octobre 2000. Au total, plus d'une trentaine de décorations et autres manifestations honorifiques furent remises au Dr David tout au long de sa carrière.

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