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L’ordinateur, l’intelligence artificielle et la santé

Il y a quelques semaines a eu lieu le lancement de la toute première école de l'intelligence artificielle appliquée au domaine de la santé issue d'un milieu francophone.
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Les quantités d'informations maintenant disponibles deviennent si importantes que de nouveaux moyens technologiques sont devenus nécessaires pour utiliser au mieux ces données.
Urupong via Getty Images
Les quantités d'informations maintenant disponibles deviennent si importantes que de nouveaux moyens technologiques sont devenus nécessaires pour utiliser au mieux ces données.

Quand j'étais encore étudiant en biologie, au tout début des années 1970, il fallait, pour compléter son cursus universitaire, suivre un cours «hors concentration». J'ai alors opté pour l'informatique. C'était l'époque où il fallait utiliser des cartes perforées (une carte pour chaque commande à l'ordinateur) et connaître le langage Cobol pour pouvoir utiliser cet ordinateur qui occupait le quart d'un étage de l'université. Nous étions bien loin des premiers ordinateurs domestiques. Et l'ordinateur était considéré comme une immense et rapide calculatrice. D'ailleurs, les premiers ordinateurs pouvaient réaliser, ô miracle, 5000 additions par secondes...

Une quinzaine d'années plus tard, je signais l'émission télévisée Science et technologie au réseau TVA. J'y avais consacré une émission sur le thème: «ceux qui ne sauront pas utiliser un ordinateur seront des illettrés en l'an 2000». On sentait alors venir, sans trop savoir comment, l'omniprésence de l'informatique dans nos vies quotidiennes.

Il y a quelques semaines, j'étais convié par le CHUM et l'Université de Montréal à la naissance de la toute première école de l'intelligence artificielle appliquée au domaine de la santé (EIAS) issue d'un milieu francophone. En somme, l'informatique s'est imposée aux deux niveaux des nécessités: elle a créé plusieurs besoins et elle répond à d'innombrables autres besoins.

Création de besoins

Qu'on le veuille ou non, Google, Wikipédia, et autres ont remplacé, tant dans les foyers que dans l'univers du travail, les encyclopédies et autres livres de référence qui étaient essentiels il y a à peine un demi-siècle. Et que dire du secteur des communications. Qui saurait se passer de son téléphone intelligent, de sa tablette ou de son portable?

L'envers de cette médaille est que certains en viennent à développer une dépendance à ces joujoux originellement pensés pour être des outils. Il y a, comme l'a fait savoir Spielberg, toujours un côté sombre à la force. Et ces dépendances coûtent cher en termes de qualité de vie et de santé publique.

Réponse aux besoins

Simultanément, le domaine de la santé s'est aussi grandement amélioré. Il y a 50 ans, on venait à peine de découvrir la structure en double hélice de l'ADN (Watson et Crick, 1953), cette grande molécule qui renferme l'information génétique. Depuis, la génétique est devenue une science qui nous permit de comprendre les mécanismes reliés à la multiplication cellulaire. Puis, les données s'accumulant rapidement, elle est et sera de plus en plus utilisée tant en prévention, en diagnostic, qu'en thérapie pour une foule de maladies.

Un autre domaine d'essor exponentiel des connaissances est celui de l'imagerie médicale. Que de chemin parcouru depuis l'invention du rayon X en 1895. Non seulement l'appareillage médical s'est-il raffiné, mais d'autres techniques d'imagerie ont vu le jour tant et si bien que les quantités d'informations que l'on peut aujourd'hui obtenir par l'imagerie médicale sont devenues faramineuses.

Les quantités d'informations maintenant disponibles deviennent si importantes que de nouveaux moyens technologiques sont devenus nécessaires pour utiliser au mieux ces données.

D'autres outils, tant pour la recherche que pour les traitements, ont su s'imposer au fil des dernières décennies comme la robotisation ou encore l'innovation de rupture (le remplacement d'une technologie existante par une autre dans un domaine donné).

En somme, les quantités d'informations maintenant disponibles deviennent si importantes que de nouveaux moyens technologiques sont devenus nécessaires pour utiliser au mieux ces données.

L'intelligence artificielle à la rescousse

Alors qu'en 1970, nous pouvions ajouter l'informatique à notre formation en sciences de la vie, en 2018, il ne s'agit plus d'une option, mais d'une obligation. Et c'est dans cet esprit qu'est née, au CHUM et à l'Université de Montréal, l'idée d'une école de l'intelligence artificielle en santé (EIAS).

Aujourd'hui, aux giga données d'informations disponibles pour un patient, s'ajoutent celles provenant de millions d'autres personnes pour des fins de comparaison.

Comme le soulignait lors du lancement le Dr Fabrice Brunet, PDG du CHUM: «L'école que nous lançons aujourd'hui avec nos partenaires a comme objectif de soutenir les acteurs des systèmes de santé au sein de cette transformation en mettant à leur disposition les éléments nécessaires au changement de culture, de structure organisationnelle, de gestion et d'accompagnement des intervenants et de mesures d'impact, tout au long du processus de transformation.»

Aujourd'hui, aux giga données (en anglais on parle du Big Data) d'informations disponibles pour un patient — soit à partir des examens diagnostiques ou encore en suivi de traitements —, s'ajoutent encore toutes les données provenant de millions d'autres personnes que l'on peut comparer entre elles.

Seuls les services de l'intelligence artificielle permettent d'accéder à cet univers où l'efficacité réside essentiellement sur l'information.

Le CHUM à lui seul compile les données de plus de quatre millions de patients. Seuls les services de l'intelligence artificielle permettent d'accéder à cet univers où l'efficacité réside essentiellement sur l'information. L'Université de Montréal s'est positionnée à ce chapitre en tête du peloton mondial.

Avec son département d'informatique et de recherche opérationnelle et des professeurs de la trempe de Joshua Bengio, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en algorithmes d'apprentissage statistique et une sommité reconnue internationalement en intelligence artificielle, l'initiative commune de l'UdM et du CHUM de créer l'EIAS s'avère des plus opportunes.

Finalement, deux cibles ne doivent pas être négligées: la protection de la confidentialité des données, donc de la vie privée, et le suivi des résultats.

Le groupe d'avocats Fasken résume ainsi la problématique:

«Alors qu'actuellement les projets et réussites se multiplient au Canada dans le secteur de l'IA, particulièrement à Montréal, les discussions demeurent embryonnaires sur «l'après»: comment passer de l'effervescence à la pérennité pour cette industrie en puissance? Force est de constater que cette question mobilise trop peu l'attention. Aussi, comme plusieurs observateurs, nous croyons qu'une réflexion s'impose pour réglementer — à tout le moins réguler — le recours à l'intelligence artificielle à différents niveaux. L'objectif ultime étant de garantir une sécurité juridique pour tous les intervenants (secteur public, secteur privé et citoyens), tout en favorisant l'innovation et les investissements dans le domaine. En d'autres mots, un cadre normatif équilibré et compétitif. Plus avant, l'un des chantiers le plus importants est selon nous celui de la protection des renseignements personnels.»

Dans son allocution au lancement de l'EIAS, le Dr Brunet s'est engagé à demeurer vigilant en ce qui concerne la protection des renseignements personnels, ainsi qu'à effectuer un suivi sur les résultats escomptés de l'EIAS.

En résumé, l'école de l'intelligence artificielle en santé du CHUM est appelée à relever les défis présents et futurs tant au niveau du diagnostic, du traitement, que de la prévention. Résister aux changements dans ce domaine représenterait un risque inconsidéré pour notre santé individuelle et collective. Comme souligné précédemment, l'intelligence artificielle en santé n'est plus une option, elle est une obligation.

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