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Migraines: quels sont les facteurs déclenchants?

Plusieurs facteurs peuvent coexister chez la même personne et il semble que la susceptibilité à un facteur puisse augmenter celle aux autres déclencheurs.
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Un phénomène particulier s'observe chez ces personnes: la migraine aura tendance à se déclencher lors de la période de décompression.
PhotoAlto/Frederic Cirou via Getty Images
Un phénomène particulier s'observe chez ces personnes: la migraine aura tendance à se déclencher lors de la période de décompression.

Lors d'une migraine, le cerveau est essentiellement maintenu dans un état d'hyperexcitabilité. Dès lors, toute situation ou condition contribuant à accentuer cet état sera susceptible de déclencher une attaque de migraine. Quels pourraient être ces facteurs susceptibles de déclencher une migraine?

En ordre de prévalence dans la population on reconnaît comme facteurs déclenchants: le stress, les modifications au niveau du cycle éveil-sommeil, les menstruations, les périodes de jeûne relatif ou absolu, le climat et, finalement, les facteurs alimentaires et stimulations sensorielles excessives.

Plusieurs de ces facteurs peuvent coexister chez la même personne et il semble que la susceptibilité à un facteur puisse augmenter la susceptibilité aux autres déclencheurs.

Le stress

C'est le facteur déclenchant le plus souvent rapporté. Le mécanisme biologique de son effet potentiellement négatif sur la migraine demeure inconnu. Le stress pourrait agir en épuisant les réserves en énergie de l'organisme.

Les stress quotidiens de la vie deviendraient plus facilement des déclencheurs que les stress exceptionnels (perte d'un être cher, séparation, etc.). On parlera donc d'une plus grande susceptibilité chez le migraineux à réagir au stress, mais sans être nécessairement qu'elle ne soit liée à des «troubles émotionnels».

Un phénomène particulier s'observe chez ces personnes: la migraine aura tendance à se déclencher lors de la période de décompression.

Ainsi, la migraine de fin de semaine est un phénomène fréquemment observé. Elle peut être associée à cet état de décompression et/ou à des changements dans les habitudes de vie (se lever plus tard, etc.). Il faut reconnaître cependant que le café, chez un bon nombre de migraineux, peut être mis en cause.

Par exemple, l'individu qui consomme une ou deux tasses de café tôt au petit déjeuner les jours de semaine, se retrouvera en sevrage relatif en caféine le samedi s'il en consomme plus tard qu'à son habitude.

L'une des premières recommandations faites aux migraineux du weekend sera de cesser complètement de boire du café pendant un mois ou deux et d'observer l'effet sur l'incidence de leur migraine. Certains loustics ont voulu attribuer la migraine de la fin de semaine à une augmentation de l'exposition au conjoint, mais ceci n'a pas été validé scientifiquement... Il n'y a pas lieu de changer de conjoint pour traiter le problème!

Les modifications du cycle éveil-sommeil

Nous en avons glissé un mot lorsqu'on parlait de la migraine du weekend, mais il faut rappeler qu'elle est aussi très souvent reliée au cycle circadien. On sait que plus de 48% des attaques migraineuses surviennent au petit matin, sortant péniblement la personne de son sommeil.

C'est d'ailleurs l'un des facteurs sur lequel il faut s'attarder dans le but de proposer une stratégie de traitement appropriée. Lorsque la migraine éveille, elle est déjà établie depuis un bon bout de temps et son traitement pourra être plus difficile.

De façon (un peu) paradoxale, on reconnaît par ailleurs que le sommeil procure un effet bénéfique lors des attaques migraineuses survenant le jour. Donc, tout dérangement soutenu ou ponctuel du cycle éveil-sommeil pourra contribuer au déclenchement d'une attaque migraineuse. C'est un phénomène commun et fréquemment observé chez des travailleurs soumis à des quarts de travail variables. L'incompréhension de l'employeur peut parfois poser problème.

On recommande d'adopter une bonne hygiène du sommeil, comprenant des heures fixes de coucher et de lever, un lieu propice à la quiétude et l'abstention des stimulants.

Le jeûne et les facteurs alimentaires

En comprenant que la migraine puisse représenter une «crise énergétique» du cerveau, il est facile de comprendre que le jeûne, relatif ou absolu, puisse constituer un facteur déclenchant. La régularité de l'apport alimentaire est essentielle chez les migraineux, et le fait de sauter un repas s'avère bien souvent être un facteur déclenchant. Une étude récente faite en Israël a démontré une augmentation nette de l'incidence de la migraine durant la période du Yom Kippour.

Les facteurs alimentaires, dont certains sont clairement impliqués dans la genèse de certaines attaques migraineuses, sont recherchés ou invoqués la plupart du temps. Il ne faut pas s'en surprendre outre mesure, puisque les nausées et les vomissements font partie des manifestations migraineuses. Dès lors, il n'y a qu'un pas à franchir pour attribuer à une cause digestive l'origine de la migraine.

Des déclencheurs alimentaires sont présents chez environ 30% à 40% de la population de migraineux. Dans la plupart des cas, ils ont d'emblée été identifiés par les sujets, car ces déclencheurs produiront leur effet en général quelques heures après l'exposition. Il ne faut donc pas rechercher dans la diète d'il y a trois jours un élément qui aurait pu déclencher la migraine d'aujourd'hui.

Cependant, il faut peut-être rechercher au niveau des aliments de conserverie d'apparence banale la présence d'additifs qui eux peuvent initier une attaque migraineuse (nitrites, glutamate monosodique, aspartame, sulfites). Certains aliments aussi peuvent contenir des amines biologiques déclencheurs de migraine. C'est le cas de la tyramine présente dans certains fromages et produits fermentés (vins et bières).

Le rôle du chocolat comme facteur déclenchant demeure quelque peu controversé.

Il contient bien de la phényléthylamine et certains dérivés de la caféine, agents qui en soi peuvent probablement déclencher des migraines chez les sujets susceptibles. La caféine semble avoir un effet négatif, tant par son sevrage — même s'il s'agit de petites quantités, comme c'est le cas parfois en migraine du weekend —, que par son effet excitant.

Il est donc recommandé chez les migraineux actifs d'éviter la caféine pour une période minimale de trois mois et de comparer la fréquence migraineuse avant et après le sevrage. La mesure précise d'un effet positif potentiel d'un retrait de la caféine ne peut se faire qu'à travers un calendrier des migraines.

Le climat et les stimulations sensorielles excessives

De tout temps, les variations climatiques ont été associées à la variation de l'intensité et de l'expression même des symptômes dans plusieurs conditions chroniques telles en autres les maladies rhumatismales et la migraine.

Plusieurs migraineux savent même prédire une dépression atmosphérique. Une étude récente de Becker en Alberta a, pour la première fois, démontré une relation entre l'arrivée du Chinook, ce vent chaud qui suit les montagnes Rocheuses, et la fréquence des migraines.

La présence d'un environnement de nouvelles stimulations ne pourrait-elle pas être impliquée? Il est en effet très bien connu qu'un bon pourcentage de migraineux, surtout parmi ceux affligés d'une haute fréquence migraineuse, demeure très sensible aux stimuli de l'environnement tels la lumière, les bruits et certaines odeurs, qui peuvent leur déclencher des attaques.

En conclusion, on peut donc affirmer qu'il existe une variété de facteurs qui peuvent agir comme des déclencheurs, mais sans nécessairement être la cause de la migraine. Certains d'entre eux sont faciles à détecter, d'autres ne pourront être identifiés que par l'utilisation d'un calendrier des migraines. Certains peuvent être éliminés ou atténués, d'autres pas.

Extrait du livre: Dr Michel Aubé et Jacques Beaulieu, La migraine, un cerveau en détresse, Les Éditions Publistar, 2004

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