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Portrait de médecins: Maurice LeClair

Maurice Leclair a porté plusieurs chapeaux, en médecine, en éducation, en gestion et aussi dans le monde des affaires et de la haute finance. Voici donc l'histoire de cet homme qui n'avait qu'un désir: être là où il pouvait changer les choses.
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Il portera plusieurs chapeaux, en médecine, en éducation, en gestion et aussi dans le monde des affaires et de la haute finance. Voici donc l'histoire de cet homme qui n'avait qu'un désir: être là où il pouvait changer les choses.

Le 19 juin 1927 naît à Sayabec, un village près du Lac Matapédia, Maurice LeClair. Son père, un hôtelier est né au Nouveau-Brunswick et a résidé en Californie, sa mère était originaire de Cabano. C'est d'ailleurs son père qui l'a influencé afin de quitter le Collège Saint-Laurent et le cours classique qui représentait à l'époque la voie royale pour entrer dans les universités francophones pour se diriger en sciences à l'Université McGill. En 1951, Maurice LeClair y termine son cours de médecine. Il entreprend ensuite une carrière comme médecin de famille à Shawinigan. C'est à cet endroit qu'il a rencontré Pauline Héroux qui deviendra son épouse et avec qui il eut six enfants.

Une formation à la Clinique Mayo

Le jeune docteur caressait un autre rêve, il voulait parfaire sa formation à la célèbre Clinique Mayo. Il y est admis en 1955 et y séjournera pendant trois ans. «Ce fut et de loin, les trois plus belles années de ma vie» me confiera-t-il en entrevue. Il faut avouer que la clinique Mayo était considérée, et l'est toujours d'ailleurs, comme la Mecque des connaissances en médecine. C'est à cette clinique qu'il pu acquérir une solide formation en médecine.

Il rêvait d'un CHUM en 1958

De retour à Montréal en 1958, il travaille comme spécialiste en médecine interne à l'Hôpital Notre-Dame. Mais le docteur LeClair pense à autre chose, créer un hôpital universitaire sur le modèle de ce qu'il avait connu à la Clinique Mayo. Il oriente donc sa carrière vers l'enseignement universitaire et devient en 1962, vice-doyen de la faculté de médecine de l'Université de Montréal. Mais l'Université de Montréal ne vise pas, à cette époque, la création d'un centre hospitalier, un CHUM comme l'appelait déjà Maurice LeClair.

Doyen à Sherbrooke

Au courant de ses ambitions, c'est l'ancien président du Collège des Médecins, le Docteur LaSalle qui viendra le recruter. Maurice LeClair se retrouve donc en 1967 vice-doyen, puis, le 16 mai 1968, doyen de la faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke. Le docteur LaSalle lui ayant donné carte blanche, il réalise son rêve de diriger le premier centre hospitalier universitaire francophone au Québec, le CHUS. Plusieurs des médecins qu'il y amènera auront passé comme lui par la Clinique Mayo. Parallèlement à ce poste, le Dr Leclair assure aussi la vice-présidence du Conseil médical canadien de la recherche médicale. Mais le docteur LeClair n'aura pas le temps de savourer la concrétisation de son rêve bien longtemps. À peine deux ans après son arrivée à Sherbrooke, le destin allait déjà l'appeler à d'autres fonctions. Et le destin avait un nom: Pierre Elliot Trudeau.

Sous-ministre de Pierre-Elliot Trudeau

En décembre 1969, le doyen Maurice LeClair est convoqué au bureau du premier ministre canadien d'alors, le très honorable Pierre Elliot Trudeau. On ne refuse pas une telle invitation. Le premier ministre explique alors qu'il souhaitait obtenir ses services à titre de sous-ministre à la santé ce que le docteur LeClair accepta.

Un texte qui fit histoire

En 1970, le docteur LeClair devient donc sous-ministre à la santé au gouvernement du Canada. En 1974, il cosigne un document intitulé: Nouvelle perspective de la santé des Canadiens. À la surprise générale, y compris la sienne m'a-t-il confié, le document connaît un succès planétaire, entre autres à Berkeley, John Hopkins et Harvard ; ces trois célèbres universités le rendant même manuel obligatoire dans leur cours de médecine. Ce texte est considéré comme un chef d'œuvre en matière de santé et est encore utilisé de nos jours un peu partout à travers le monde.

Plusieurs postes ministériels

Comme d'habitude, le docteur LeClair n'a pas le temps de s'asseoir sur ses lauriers et il est appelé à occuper d'autres fonctions dans l'administration publique. Ainsi en 1974, est-il nommé sous-ministre au tout nouveau ministère des Sciences et de la Technologie, puis en 1976, au Conseil du Trésor. «J'étais comblé, car c'est à ce ministère que se prennent toutes les décisions. J'étais exactement là où je pouvais changer les choses.» me dira-t-il.

Une carrière au CN

Trois ans plus tard, c'est la compagnie de chemins de fer Canadien National qui fait appel à son expertise. Il y occupera les postes de vice-président, de président et de président-directeur général de 1982 à 1987. Le CN éprouvait alors de graves problèmes de rentabilité. Fort de son expérience de gestionnaire, Maurice LeClair y va de trois orientations nouvelles. D'abord, il vend tous les services appartenant au CN qui ne relèvent pas du transport ferroviaire comme le transport routier du CN, la propriété d'hôtels et d'édifices commerciaux. Il s'occupe ensuite de la gestion des employés en établissant un centre de soins de jours pour le personnel de Montréal et un programme incitatif pour amener de jeunes talents dans l'entreprise. Finalement, il fait la promotion de l'équité d'emplois en favorisant, entre autres, les candidatures féminines, car elles avaient été traditionnellement absentes de plusieurs postes au CN.

Puis une carrière dans le monde bancaire

En 1987, Maurice LeClair quitte le CN pour devenir vice-président de la Banque Canadienne Impériale de Commerce, poste qu'il occupera jusqu'à sa retraite.

Une vie bien remplie dans laquelle Maurice LeClair a eu le privilège et surtout le talent d'avoir, comme il l'avait souhaité, été là où il pouvait changer les choses. Un bémol, mais peut-on vraiment lui reprocher ? Il n'a pas réussi à instaurer un CHUM. Mais il faut avouer que près de cinquante ans après qu'il y eut pensé, la construction CHUM n'est pas encore tout à fait achevée.

Tout au long de sa carrière il eut l'occasion d'exercer dix-neuf doctorats médicaux et scientifiques. Par exemple, il fut gouverneur de l'Université McGill. Il assura aussi des fonctions semblables au sein de 21 directorats d'affaires comme à l'Institut Mérieux-Pasteur de Lyon en France.

En 1980, le docteur Leclair était nommé Officier de l'ordre du Canada et promu Compagnon du même ordre cinq ans plus tard. En 2004, il fut intronisé au Temple de la renommée médicale canadienne. Il a aussi reçu des doctorats honorifiques des universités McGill, McMaster et Sherbrooke.

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