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Malade notre système de santé: diminution des coûts pour plus de changements

Pour atteindre l'objectif d'offrir un service de soins de santé qui se respecte et surtout qui respecte le patient, il faut encore diminuer les coûts tout en multipliant les changements.
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Pour atteindre l'objectif d'offrir un service de soins de santé qui se respecte et surtout qui respecte le patient, il faut encore diminuer les coûts tout en multipliant les changements. N'en déplaise aux opposants aux changements, frileux, anciens hauts-fonctionnaires et groupes organisés de tout acabit, il faut changer les choses.

D'ailleurs au lieu d'écouter leurs lamentations, on est en droit de demander en quoi leurs contributions avaient amené un système de santé efficace. Si leurs actions et leurs gestions avaient été si performantes, probablement devrions-nous continuer dans le même sens. Mais quand on occupe la dernière place au niveau des performances et de l'accès aux services médicaux, on ne doit plus croire ceux qui ont formé et géré ce système. Et il faudra même bien plus de changements que ceux dirigés par notre ministre actuel pour ramener le train sur ces rails.

Des pistes pour diminuer les coûts

En examinant attentivement chacun des points suivants, il y aurait moyen de récupérer des millions de dollars gaspillés présentement par simple manque de vision:

• Éliminer la multiplication des actes et des consultations non pertinents

Est-il vraiment nécessaire de commander une batterie de tests de laboratoires et une multitude d'examens radiologiques pour tout et pour rien. J'ai eu connaissance tout récemment du cas d'une femme dans la soixantaine chez qui on avait observé sur une radiographie pulmonaire une légère accumulation de liquide dans le péricarde.

Alors qu'elle avait consulté pour une toux résistante, on avait découvert par hasard cet épanchement péricardique. À mon grand étonnement, cette observation la conduisit à une série de scan, CT scan, échographies et analyses sanguines de toutes sortes qui s'échelonna sur les 18 mois subséquents. Elle n'avait aucun autre symptôme qui aurait pu, par ailleurs, laisser sérieusement présager un état plus sérieux.

Je n'ose pas m'imaginer les coûts de tous ces examens inutiles. On ne parle pas assez des effets du surdiagnostic. Dès 2014, l'Actualité soulignait: «Au Québec seulement, 5 milliards de dollars par année s'envoleraient en chirurgies ou médicaments inutiles, examens superflus et dépistages hasardeux, qui n'améliorent pas la santé des gens auxquels ils sont destinés... et qui peuvent même les rendre malades! » (Valérie Borde, L'Actualité, 20 août 2014).

Mais plus que les coûts, il faut penser aux angoisses vécues par cette patiente qui, pendant un an et demi, se demandait si le plus récent examen ne lui apporterait pas une nouvelle funeste. Quant aux consultations non pertinentes, la seule et unique façon de les éliminer est de favoriser une éducation populaire intense.

C'est pourquoi j'avais proposé une radio-santé qui aurait pour but de permettre au public de parler avec des professionnels de la santé et d'y puiser des connaissances suffisantes pour savoir quand consulter et quand il est possible de rester à la maison et de se reposer plutôt que d'aller se payer un dix-huit heures d'attente dans une salle d'urgence.

• Mettre en place des choix de société

Imaginons un instant un groupe d'enfants que vous placez au centre d'un magasin de bonbons et à qui vous dites: «Prenez ce que vous voulez, tout est gratuit. » C'est certain que ces enfants éprouveront un bonheur sans précédent. Quelque temps plus tard, ramenez le même groupe, mais en disant: «À compter d'aujourd'hui, les bonbons rouges et ceux enrobés de chocolat ne seront plus gratuits. » Au lieu d'avoir alors une troupe en liesse, vous aurez droit à des tollés de protestations.

Pourtant, tous les autres bonbons sont restés disponibles, mais les cris des protestataires enterreront rapidement les satisfactions des autres. C'est pourquoi, il faut mettre en place des choix de société clairs. Et c'est aussi pourquoi, un organisme paragouvernemental comme Santé Québec serait mieux en mesure de discuter de ces choix. Un exemple récent nous en a fourni encore la preuve. Si Hydro-Québec n'avait pas été un organisme paragouvernemental, il n'aurait jamais réussi à implanter ses compteurs de nouvelle génération même si ceux-ci étaient plus performants et qu'ils apportaient au final bien des économies. Si Hydro-Québec avait été un ministère comme celui de la santé, il n'aurait jamais pu résister et aller à l'encontre des tollés de protestations que ce changement apportait. Le bruit de ces protestations aurait tôt fait de provoquer la grogne chez les électeurs, ce qui aurait pu se traduire par des pertes significatives au prochain scrutin. Il est illusoire de penser qu'une mise en place des choix de société puisse s'opérer tant que ces choix seront influencés par la peur de perdre des votes aux prochaines élections.

• Distinguer administrativement et budgétairement le secteur de la santé de celui du social

Plusieurs voix s'étaient levées lors de l'union du Ministère de la Santé à celui des Services sociaux. Dès le début, de nombreux médecins, dont le président du Collège des médecins de l'époque, le docteur Augustin Roy, ont déclaré qu'il s'agissait là d'un mariage contre nature. Mais au départ, les dés étaient déjà pipés. Les structures de l'un et l'autre de ces deux ministères initiaux se sont imbriqués de sorte à ériger un monstre administratif qui est devenu indestructible.

D'un épisode de « structurite » à une autre, le réseau est devenu tellement complexe qu'il est impossible de savoir aujourd'hui combien d'argent est dévolu à la santé et combien en services sociaux, tant et si bien que l'un et l'autre s'accusent mutuellement d'avoir la grosse part du gâteau. La seule façon de pouvoir gérer séparément ces deux entités est de les séparer définitivement en créant une société d'État (Santé-Québec) qui, à l'image d'Hydro-Québec, sera imputable envers le ministère, mais qui sera budgétée et administrée de façon autonome.

Il est donc possible de trouver des solutions novatrices, non pas en voulant ramener les spectres du passé, mais en se dotant d'un système de santé qui sera vraiment accessible, universel et gratuit. Il est grandement temps d'arrêter de porter attention aux jérémiades de ceux qui sont probablement fiers d'avoir amené notre système de santé dans le lamentable état dans lequel il est présentement. Nous devrions plutôt soutenir toutes celles et tous ceux qui considèrent qu'enfin il faut changer le système et pour cela deux voies extraordinaires peuvent se présenter :

1. Créer Santé-Québec

2. Placez le patient à la tête du système avec un vrai Bureau des usagers. Et bien sûr, Radio-Santé pourra s'avérer un complément fort utile.

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Mai 2017

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