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Hans Selye: Qui n'a jamais souffert du stress?

Il était surnommé le Einstein de la médecine.
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Au début des années 80, j'avais le privilège d'écrire la série télévisée Science et Technologie qui était diffusée sur tout le réseau TVA. Or, je venais d'écrire un épisode sur le cerveau et je m'étais adressé au Dr Selye afin qu'il accepte une invitation à l'émission. Il avait demandé de voir les textes et la liste des autres chercheurs interviewés dans le cadre de ce programme, ce que je lui fis parvenir de bonne grâce. On m'avait dit que son état de santé était fragile et qu'il n'acceptait pas de se déplacer. À ma grande surprise, il accéda à ma demande et me fixa un rendez-vous à son bureau à l'Université de Montréal. Il ne posa qu'une condition, l'équipe technique et l'animateur devaient être fin prêts lorsqu'il arriverait à l'heure convenue sur les lieux du tournage. J'avisai donc le réalisateur, l'équipe technique et l'animateur de se présenter 45 minutes avant l'arrivée du célèbre docteur. Moi, je m'y pointai une heure avant pour être certain que tout soit en place selon les désirs du Dr Selye. Par un malencontreux hasard, l'équipe technique se présenta avec près d'une heure de retard. Le Dr Selye conserva un calme absolu durant toute l'attente, mais je sentais bien qu'à l'intérieur de lui un volcan était sur le point d'exploser. Lorsque les caméras se mirent à tourner, il répondit de bonne grâce à toutes les questions, puis l'entrevue terminée, il se leva et dit: «Il n'y avait que deux professionnels ici aujourd'hui, M. Beaulieu et moi. Les autres, vous ne méritez pas mon respect.» puis il quitta le bureau très lentement aidé par la personne qui l'y avait amené. Ce fut la dernière entrevue qu'il accorda aux médias. Quelques mois plus, il décédait.

Ces quelque 90 minutes que j'avais passées en présence d'Hans Selye m'avaient présenté un homme d'une grande intelligence, d'une grande rigueur et habitué à une position d'autorité, ce que j'ai appris en fouillant les archives pour écrire cette courte biographie n'a pu que m'en convaincre davantage.

Né à Vienne le 26 janvier 1907, Hans Selye est le fils d'un médecin militaire. Il fait ses études de médecine à l'université de Prague puis à Paris et à Rome. Il est reçu médecin en 1929 et opte pour la recherche plutôt que pour la pratique médicale. Il obtient un poste d'assistant à l'Institut de pathologie expérimentale et le laboratoire histologique à Prague jusqu'en 1931, année où il reçoit la bourse Rockefeller pour effectuer des recherches à l'université John Hopkins. En 1932, il cumule les postes de professeur en biochimie à l'Université de Montréal et à l'université McGill tout en demeurant conseiller général pour la US Army. En 1941, il fut le premier directeur de l'Institut de médecine expérimentale et de chirurgie de l'Université de Montréal, poste qu'il occupera jusqu'en 1976.

Durant sa vie, il aura écrit 39 livres, 1 700 articles scientifiques et ses travaux ont été cités dans plus de 362 000 articles scientifiques ce qui a fait du Dr Selye le chercheur de l'Université de Montréal de loin le plus connu dans le monde. Il était surnommé le Einstein de la médecine. Bien sûr, toute cette notoriété lui est venue de ce concept du stress qu'il a découvert, étudié et décrit avec tant de succès. Il écrira lui-même dans sa biographie:

«L'idée du concept de stress et du syndrome général d'adaptation (SGA) m'est venue en 1925, alors que j'étudiais la médecine à l'Université de Prague. [...] Je ne pouvais comprendre pourquoi, dès l'aube de l'histoire de la médecine, des médecins ont concentré tous leurs efforts sur la reconnaissance de la maladie particulière et la découverte de remèdes spécifiques sans prêter aucune attention à quelque chose de beaucoup plus évident: "le syndrome du simple fait d'être malade". [...] Ce ne fut, cependant, que dix années plus tard que je parvins à exprimer tout cela dans le langage précis de la description scientifique fondée sur l'expérimentation. Dans son ensemble, le syndrome de stress, ou syndrome général d'adaptation (S.G.A.) évolue selon trois stades successifs: 1) La "réaction d'alarme" pendant laquelle les forces de défense sont mobilisées; 2) Le "stade de résistance" qui reflète la complète adaptation à l'agent "stressant"; 3) Le "stade d'épuisement" qui suit inexorablement pourvu que l'agent stressant soit assez puissant et agisse assez longtemps, le pouvoir d'adaptation d'un être vivant étant toujours limité.» (Référence: Hans Selye, Du rêve à la découverte, Éditions de La Presse, 1973, pp. 66-68.)

Hans Selye a reçu de nombreux honneurs tout au long de sa vie: Fellow de la Société Royale du Canada, et Fellow honorifique de 68 autres associations scientifiques, Compagnon de l'Ordre du Canada, il fut récipiendaire du Prix Rockefeller, Prix de l'œuvre Scientifique de l'Association des médecins de langue française du Canada, et Membre du Temple de la renommée médicale canadienne. Plusieurs centres de recherche et instituts portent son nom telle l'Université Selye Janis de Révkomarom en Slovaquie.

Le docteur Selye fut nominé 10 fois comme candidat au Prix Nobel. À au moins deux reprises, il passa très près d'obtenir le fameux prix. En 1977, une consolation, un de ses élèves le Dr Roger Guillemin remportera recevra le Prix Nobel de médecine. Comme souligné, partout dans le monde, on le surnomme: le Einstein de la médecine considérant que son apport à la médecine fut aussi grand que celui d'Albert Einstein à la physique.

Certains témoignent que le Dr Selye a connu une fin de vie pleine de tristesse et d'amertume. Il sera mort avec la conviction de ne pas avoir été reconnu à sa juste valeur. Comme nous sommes à même de le constater depuis le début de cette série d'articles sur nos médecins célèbres, les risques sont qu'il ait eu raison. L'être humain maîtrise trop souvent l'art d'ignorer les grands noms de ceux qui l'entourent.

Mais nous pouvons quand même bénéficier de leurs enseignements, voici donc, comme résumé par Chartrand Saint-Louis, les six règles d'or du Dr Selye pour être heureux:

  1. Simplicité dans les habitudes de vie
  2. Évitez les complications inutiles
  3. Gagnez la bonne volonté d'autrui
  4. Efforcez-vous d'oublier ce qui est laid et pénible, mais inévitable
  5. Crevez l'abcès au lieu de prolonger la douleur
  6. L'activité est une nécessité biologique

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Les bruits qu’on est seul(e) à entendre
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Pourquoi c’est peut-être lié au stress: On ne connaît pas le lien exact entre stress et acouphènes (un tintement, bourdonnement, ou sifflement dans les oreilles), mais selon une étude publiée dans la revue médicale BMC Public Health, une personne angoissée à l’idée d’être renvoyée ou transférée à un autre poste risque davantage de se plaindre d’acouphènes ou de souffrir de pertes d’audition qu’une personne n’ayant aucune crainte au niveau professionnel.

Autres causes possibles: Excès de cérumen, bruits trop forts et perte d’audition liée à l’âge. Si la fréquence de ces problèmes devient trop importante, consultez un oto-rhino-laryngologiste pour en identifier la cause.
Une timidité au travail qui ne nous ressemble pas
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Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Le stress peut entraîner une plus grande impulsivité (il influe sur les zones du cerveau qui régulent nos comportements), mais aussi l’excès inverse: repli sur soi et perte de confiance qui sont plus évidents au travail, selon le docteur Susan Evans, professeur en psychologie clinique au Weill Cornell Medical College. "On n’ose pas exprimer son opinion, dans une réunion où on l’aurait normalement fait sans hésiter, parce qu’on ne se sent plus aussi sûr de ce qu’on a à dire", explique-t-elle. Une petite étude de la revue Neurocase a montré qu’après trente minutes d’un film oppressant (dans ce cas précis, Il faut sauver le soldat Ryan), il était plus difficile de réussir des exercices ardus d’association de mots qu’après avoir regardé un divertissement plus léger.

Autres causes possibles: La dépression, vous l’aviez deviné. Le repli sur soi est un symptôme classique, mais le plus souvent accompagné d’autres signes comme une perte d’intérêt pour vos activités favorites, un sentiment de désespoir ou des modifications de l’appétit.
Un microbe dans l’air et vous tombez malade
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Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Quand on est stressé, le système immunitaire en prend un coup, ce qui vous rend plus vulnérable aux virus qui circulent chez vous ou au travail. Une étude de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences a montré que les stressés avaient deux fois plus de chances de tomber malades après avoir été exposés au virus du rhume. Ils ont produisent aussi davantage de composés pro-inflammatoires une fois infectés, ce qui peut accroître les éternuements et les écoulements nasaux.

Autres causes possibles: A long terme, le manque de sommeil peut aussi affaiblir le système immunitaire. Si vous dormez bien et n’êtes pas stressé mais que vous tombez sans arrêt malade, consultez votre docteur pour vérifier que ce n’est pas un problème plus sérieux.
Vous allez aux toilettes sans arrêt ou pas du tout
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Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Le corps peut fonctionner moins bien parce qu’il focalise son énergie sur les organes et les systèmes essentiels afin d’assurer votre survie, selon le docteur David Spiegel, directeur du centre Stress et santé de la faculté de médecine de Stanford. Des études laissent également entendre que la diarrhée pourrait être due à la réaction de votre ventre à la CRH, une neurohormone que le cerveau produit en état de stress (notre côlon est parsemé de récepteurs CRH).

Autres causes possibles: La constipation peut venir d’un manque de fibres (les besoins quotidiens s’établissent à 25 grammes pour les femmes de moins de 50 ans, et de 21 grammes pour les autres). Pour la diarrhée, dans les causes non liées au stress, on peut citer les gastroentérites, les intoxications alimentaires et certains médicaments. Ou peut-être votre alimentation n’est-elle pas adaptée, comme pour ces six produits qu’on a souvent du mal à digérer.
Vous faites des choses très bizarres en dormant
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Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Bien que cela soit rare et limité aux cas extrêmes, le stress peut entraîner des parasomnies (des phénomènes anormaux comme le somnambulisme, l’alimentation somnambulique et les terreurs nocturnes), selon le docteur Rajita Sinha, directrice de la clinique Yale Stress Center. Votre système nerveux sympathique, trop sollicité, est constamment en alerte. Il déclenche votre réponse combat-fuite et, chez les personnes souffrant d’un stress extrême, peut prendre le dessus sur les actions apaisantes de votre corps pendant le sommeil, provoquant une activité anormale. "J’ai eu un patient très stressé qui, en voyage d’affaires, se levait au milieu de la nuit, s’habillait, descendait à la réception de son hôtel et parlait à des gens", explique le Dr. Spiegel. "Le lendemain matin, il ne se souvenait de rien."

Autres causes possibles: Apnée obstructive du sommeil, médicaments et certains troubles (rares) du cerveau. Votre médecin vous aidera à trouver parmi ces causes celle qui provoque vos problèmes de sommeil.
Vos règles vous mettent par terre
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Pourquoi c’est peut-être lié au stress: En état de stress, le corps produit des quantités de produits chimiques pour vous aider à réagir et limite ceux qui pourraient atténuer l’inconfort, indique le Dr. Sinha. Ceci entraîne une plus grande sensibilité à la douleur, tout particulièrement celle liée au cycle menstruel. Les femmes ressentant plus de stress ont ainsi déclaré souffrir de symptômes plus forts pendant leurs règles, par exemple de crampes et de douleurs, selon une étude de la revue Journal of Women’s Health.

Autres causes possibles: Consultez pour écarter les causes comme les fibromes, les réactions à un stérilet en cuivre, les maladies inflammatoires pelviennes et l’endométriose.
Insensibilités ou fourmillements dans les bras et les mains
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Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Toute cette tension pourrait se concentrer dans votre cou et vos épaules, problème très courant chez les femmes, selon le docteur Holly Phillips, spécialiste de médecine interne à New York et consultante médicale pour l’émission CBS News. En cas de stress majeur, la tension peut entraîner la compression de certains nerfs le long de votre bras, ce qui génère des insensibilités ou des fourmillements. "Passer des heures penché sur un ordinateur ou un smartphone, tous les jours et dans un état de stress énorme peut faire empirer ces problèmes musculaires", explique-t-elle. "Nos oreilles devraient être juste au-dessus de nos épaules mais étant donné que nous sommes penchés en avant, cela cause des douleurs."

Autres causes possibles: Le syndrome du canal carpien peut aussi entraîner des insensibilités et des fourmillements, tout comme les tâches qui nécessitent de plier sans arrêt le poignet. Autre cause potentielle, mais moins courante: les lésions nerveuses. La cause peut cependant être grave (diabète, infections, traumatismes et maladies auto-immunes, pour n’en nommer que quelques-unes), alors si vous souffrez de ces symptômes, prenez rendez-vous avec votre médecin pour vérifier que tout va bien.

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