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Même s'il contribue à abaisser le taux d'électeurs fidèles au Parti libéral, notre premier ministre a décidé de maintenir Gaétan Barrette à la barre du ministère de la Santé et des Services sociaux..
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Anciennement, il y avait dans chaque petit village du Québec au moins quatre personnes intouchables. Dans l'ordre, on pourrait nommer, monsieur le curé, le docteur, le notaire et le marchand général. Le curé, le notaire et le marchand général ayant perdu du galon, il ne reste que le docteur comme personnage indélogeable dans notre belle province.

Félicitations docteur Barrette

Alors il convient de féliciter notre docteur Barrette d'avoir survécu au récent remaniement ministériel. Il mérite certes ces félicitations, car, même avec une côte de popularité des plus basses et même si la santé constitue et constituera un enjeu électoral majeur, on lui a conservé son poste. En somme, même s'il contribue à abaisser le taux d'électeurs fidèles au Parti libéral, notre premier ministre a décidé de le maintenir à la barre du ministère de la Santé et des Services sociaux. Il faut dire que les déclarations du Dr Barrette à l'effet qu'il n'accepterait aucun changement de ministère ont, en quelque sorte, clôt le débat.

Mais,

Et il y a plusieurs, mais... Le premier et non le moindre est qu'en forçant ainsi ouvertement la note, le ministre s'est aussi engagé publiquement à une obligation de résultats avant l'échéance électorale de 2018. C'est peu de temps compte tenu de l'ampleur de la tâche.

Les résultats en date d'aujourd'hui

Bien sûr, depuis les 3 dernières années, une partie du travail a été fait. Les plus positifs diront qu'on a simplifié les structures. Et ils ont en partie raison. Des cent et quelques conseils d'administrations de jadis, il n'en reste que près d'une trentaine. Bravo ! Les plus négatifs allègueront qu'en fait, il ne s'agit là qu'une mesure cosmétique à laquelle nous avaient habitué les gouvernements précédents, toutes allégeances confondues. Un exemple parmi tant d'autres : alors qu'en 2003, notre premier ministre actuel qui occupait à ce moment le poste de ministre de la Santé, abolissait les régies régionales en établissant les agences régionales de santé, notre ministre actuel de la santé (qui deviendra peut-être premier ministre un jour, s'il suit l'exemple du docteur Couillard) abolissait les agences de santé pour créer des CISSS et des CIUSSS. À part le nom, qui ne veut absolument rien dire aux communs des mortels, les patients du Québec n'ont compris que bien peu de choses à ces changements.

Plusieurs autres, mais

Le deuxième, mais, et non le moindre est qu'à ce jour, les résultats ne semblent pas être au rendez-vous. On a beau arriver avec, chiffres à l'appui, des états de situation qui révèlent que : « Globalement, entre 2012-2013 et 2016-2017, la durée de séjour sur civière dans les urgences est passée d'une moyenne de près de 17 heures à 15 h 21, une amélioration de 9,4 %. » , cela ne convainc pas grand monde sauf, il semble, notre ministre. Il doit avoir raison puisqu'une réduction de 1 heure 39 minutes après toutes les réformes qu'il a mises sur pied après toutes les augmentations tant du nombre de médecins que de leurs rémunérations est certainement digne de mentions dans nos annales médicales. Toutefois, cette mention ne pèche certainement pas par son originalité. Le docteur Bolduc avait aussi déclaré fièrement une diminution du temps d'attente aux urgences à l'époque où il occupait le siège tant envié de ministre de la Santé.

Le troisième, mais

Il concerne la promesse que chaque membre de la population québécoise aurait un médecin de famille d'ici le mois de décembre 2017. Mais en 2012, alors qu'il briguait les suffrages pour la Coalition Avenir Québec, le docteur Barrette disait procurer un médecin de famille pour chaque Québécois durant la première année de son mandat (s'il était élu); durant la campagne électorale qui mena aux élections de 2014, le ministre de la Santé d'alors, le Dr Réjean Hébert faisait la même promesse, mais pour 2016 s'il était réélu et finalement élu pour le Parti libéral, le Dr Barrette répéta sa promesse, mais avec un échéancier de 3 ans soit décembre 2017. Il semble bien qu'il ratera la cible. Autant de fois la même promesse qui ne se réalise pas en trois élections successives a certainement de quoi miner la confiance du patient. Et qui plus est, on réalisera bientôt qu'un médecin de famille pour chacun n'est pas la solution miracle escomptée. Car même lorsqu'on a un médecin de famille, encore faut-il pouvoir le rencontrer. Si vous, votre conjoint ou vos enfants souffrez d'une grippe qui vous inquiète et que lorsque vous téléphonez à votre médecin de famille, il vous fixe un rendez-vous pour dans 2 mois, vous risquez fort bien de vous retrouver encore une fois à l'urgence de l'hôpital, mais où vous n'aurez, souvenons-nous, qu'à attendre que 15 heures 21 minutes.

Le quatrième, mais

Ici, il s'agit des clientèles vulnérables. Que l'on parle de personnes âgées, de personnes en perte d'autonomie ou de personnes souffrant d'une déficience intellectuelle, les services ne sont plus ce qu'ils étaient. Des centres pour les jeunes ont dû fermer leurs portes, d'autres, consacrés à la déficience intellectuelle, ont fait la même chose. La fermeture de ces centres est, en réalité moins pire que la baisse généralisée des services qui affecte tous ceux qui en bénéficiaient. Mais en pigeant dans les profits des fabricants de produits pharmaceutiques génériques, il aura réussi à fournir, ô grand luxe, deux bains par semaines, de quoi redorer incontestablement son blason. D'ailleurs, plusieurs ont applaudi à cette mesure envers les pharmaceutiques. N'empêche qu'elle aura provoqué la vente d'un fleuron québécois des pharmacies (le Groupe Jean Coutu). En résumé, nous avions déjà, par nos politiques d'achats de médicaments, fait fuir les compagnies pharmaceutiques fabricant des produits d'origine, leurs sièges sociaux et leurs équipes de recherche, une perte considérable en termes de postes de recherche qui ne fut jamais complètement rattrapée. Maintenant, nous poussons vers la sortie les fabricants de médicaments génériques. Peut-on craindre des pénuries de médicaments à cause de ruptures de stock de plus en plus fréquentes ?

L'anti, mais

Il y aurait peut-être une façon pour que notre ministre puisse réaliser une promesse de tout temps répétée et qui serait celle de placer pour une fois et réellement le patient du Québec à la tête des préoccupations du Ministère de la Santé. Je l'invite donc bien humblement à se joindre à notre équipe : www.journallepatientduquebec.com une plateforme unique d'échanges entre le patient, les professionnels de la santé et, s'il le souhaite bien sûr, notre ministère...

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