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Notre système de santé manque d'oxygène et tous les moyens pour lui en apporter lui ont été fournis et... lui ont été retirés.
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Ces paroles de notre grande Diane Dufresne nationale semblent toutes indiquées comme cri de secours pour notre système de santé.

Car, il faut bien l'admettre, notre système souffre énormément. On aura beau brasser toutes les structures, après un temps d'adaptation plus ou moins long, les problèmes ressurgissent plus aigus et plus urgents. C'est qu'on ne s'est jamais attardé à trouver de vraies solutions. Notre système manque d'oxygène et tous les moyens pour lui en apporter lui ont été fournis et... lui ont été retirés.

La seule certitude: cela continuera et s'empirera

Le futur n'est en effet que peu rassurant. Il y a plus d'une centaine d'années, la longévité de la vie humaine était somme toute fort limitée une cinquantaine d'années pour les hommes et un peu plus de soixante pour les femmes. Qui plus est, régulièrement, il y avait des épidémies de toutes sortes (varioles, typhus, peste, choléra, etc.) qui venaient réduire les populations avant qu'elles n'aient pu atteindre un âge dit vénérable. Aujourd'hui, on vit plus vieux et avec plus de maladies à traiter et plus ça va, plus on vivra longtemps en étant capable de traiter des maladies de plus en plus complexes avec des traitements de plus en plus dispendieux. Or dans un système comme le nôtre où le financement est assuré en quasi-totalité par l'État, une telle situation ne peut durer éternellement. Un jour où l'autre, le système manquera d'oxygène...

Où trouver de l'oxygène?

La réponse à cette question est doublement problématique, car elle dépend des attentes qui semblent infinies et des ressources qui sont de toute évidence limitées. Et chaque proposition concernant les moyens de trouver du nouvel argent se retrouve invariablement avec une fin de non-recevoir. Nous l'avons vu avec les frais accessoires. On aurait pu, tel que raisonnablement pensé par notre ministre, s'assurer que ces frais soient gardés dans une limite acceptable. Mais, le tollé provoqué par certains abus a fait en sorte que dorénavant, les frais accessoires seraient abolis. L'abolition de ces frais sans aucune alternative, sans songer aux impacts et dans un mode d'improvisations, a contribué à prolonger le temps d'attente pour plusieurs examens et interventions qui pourtant procuraient leurs bénéfices.

Plus récemment, les tarifs de stationnements pour les CHSLD connaissent les mêmes remises en question. Ces ressources financières permettent non seulement d'assumer la dépense d'entretien, mais de plus les suppléments sont versés en financement des fondations de ces institutions. Lorsqu'on voulut limiter le nombre de passes gratuites de stationnement, encore une fois, on provoqua un mouvement de protestation qui fit la une des médias. Selon les détracteurs de cette mesure, elle était tout à fait inacceptable, car elle aurait pour effet d'empêcher les membres d'une famille de visiter leur proche résidant d'un CHSLD.

Exemple de frein : la démonisation du privé

Il fut une période où pour gagner des élections, il suffisait de rappeler à la population que le ciel est bleu et que l'enfer est rouge. C'était avec Maurice Duplessis, les années fastes de l'Union nationale conservatrice des valeurs individuelles, ceux qu'on appelait les Bleus. C'était aussi les années de vache maigre des libéraux, les Rouges, qui selon les dires de l'époque étaient des promoteurs des syndicats et qui allaient transformer le pays en un état communiste. Puis, depuis la fin des années 1970, les rouges et leurs mesures étatiques et sociales prirent le dessus du pavé et tout ce qui était bleu est devenu mal vu, réactionnaire et affreusement capitaliste. Tant et si bien que de nos jours, pour plusieurs, parler du privé en santé frôle l'hérésie. Pourtant, il y a bien des chances que lorsque vous vous présentez à la clinique près de chez vous, vous vous trouviez en fait dans une clinique privée. Cette clinique est gérée par des individus, mais les médecins qui y exercent et les services que vous y recevez sont payés par la RAMQ (Régie de l'assurance maladie du Québec). Par ailleurs, il existe des cliniques entièrement payées et administrées par le secteur public comme les CLSC par exemple. En somme, la ligne entre privé et public n'est pas aussi étanche que l'on pourrait le croire.

Mais, le spectre du privé fait peur et si certains tentent de sortir de ce sempiternel discours démonisant le privé, bien vite on agite les fantômes des méchants capitalistes qui veulent faire de l'argent sur le dos des pauvres malades. Pourtant, une certaine ouverture serait non seulement bénéfique, mais salutaire. Au lieu d'opposer public et privé pourquoi ne pas chercher une complémentarité entre ces deux options? C'est un peu ce qui est en train de se passer avec l'établissement des méga-cliniques. Ces structures équipées pour offrir aussi des chirurgies sont administrées et gérées par le privé, mais les patients n'ont rien à payer, les services étant défrayés directement par la RAMQ.

Le 17 mai dernier, une conférence organisée par le CEPSEM (Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être) à laquelle j'avais été invité portait pour titre : LE PRIVÉ EN SANTÉ : MENACE OU ALLIÉ? Le conférencier principal, Dr Hugo Viens, président de l'Association médicale du Québec, nous a dressé un tableau fort réaliste de la situation du privé en santé au Québec. Il a ainsi souligné qu'une bonne partie des investissements en équipements se font par l'entreprise privée. Il nous a aussi fait remarquer qu'au Québec, environ 30% des dépenses en santé étaient facturées au privé alors que dans les autres pays de l'OCDI ce chiffre se situe à 28%.

L'une des façons de donner plus d'oxygène à notre système de santé est donc de cesser cette opposition privé – public et en faire une vraie collaboration. Cela peut se faire, mais il faudra exiger un peu plus de transparence pour être en mesure de suivre l'argent dépensé tant au secteur public que privé.

Les autres solutions

Comme souligné dans un précédent article, les mots clés sont décentralisation et démocratisation. En décentralisant, chaque région serait responsable de gérer le budget qui leur serait alloué. On pourrait aussi instaurer des modèles où l'argent suit le patient. Par exemple avec les paiements par activité, les hôpitaux recevraient de l'argent pour chaque activité qu'ils effectuent. Ainsi un patient qui s'y présente n'est plus une dépense, mais une source de revenus, contrairement à ce qui se produit actuellement. Quant à la démocratisation, nous pouvons certes remercier le présent gouvernement d'avoir ressuscité le Commissaire à la santé. Nous espérons qu'avant la fin de son règne, il instaure aussi un bureau des usagers qui donnerait une tribune à ces dizaines d'associations de protection des patients et ainsi apporterait à tous les patients du Québec un droit de regard et surtout un droit de parole auprès du ministre. Présentement, environ 51% du budget du Québec est consacré à la santé, cela pourrait-il suggérer que démocratiquement, les usagers du système de santé du Québec y aient leur mot à dire ?

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