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La bonne fortune n’est pas toujours où l’on pense!

Tant la fortune financière n'est pas un synonyme du bonheur, tant la mauvaise fortune de l'annonce d'un cancer n'est pas forcément synonyme de malheur.
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Getty Images/EyeEm

Monsieur, appelons-le Thibault, apprend en consultant son journal du matin qu'il est le gagnant d'une somme de 22 millions de dollars à la loterie. C'est le type de nouvelle que tout le monde souhaiterait voir arriver dans sa vie. L'histoire de ce monsieur Thibault est ce qu'il y a de plus véridique, seul son nom a été changé pour préserver sa vie privée.

Avant ce don du hasard, notre homme vivait en banlieue, avait son cercle d'amis au bureau, son épouse, deux enfants et des loisirs familiaux. En d'autres mots, monsieur Thibault vivait heureux. Quand le pactole arriva, il décida de changer le moins possible son mode de vie. Il continua à travailler au même emploi. Mais la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et ses collègues de travail se mirent à le railler au point où il dut abandonner son travail. Tous y allaient de leurs généreux conseils du style: «À ta place, je quitterais en courant ce travail de bureau! Tu as maintenant plus qu'il n'en faut pour vivre une vie de rêve!»

Son entourage familial et même les amis qu'il avait avant changèrent aussi d'attitude face à lui. Tous espéraient à tort ou à raison tirer quelques bénéfices du gain à la loterie de monsieur Thibault. Il décida donc de quitter son travail et se paya quelques voyages, des parties de golf, etc. Mais notre nouveau multimillionnaire finit par s'ennuyer et se lasser de ce mode de vie.

Il opta donc, sous l'avis de quelques conseillers financiers, intéressés fort probablement plus par sa fortune que par lui-même, de se lancer en affaire. Après cinq années d'investissements et de réinvestissements, son commerce dut fermer.

Notre infortuné n'avait pourtant qu'une chance sur 14 millions de gagner à la loterie.

M. Thibault vit aujourd'hui seul et bénéficie, en guise de revenu, de l'aide sociale. Il cherche désespérément un emploi et tente de refaire sa vie. Notre infortuné n'avait pourtant qu'une chance sur 14 millions de gagner à la loterie.

Pour son plus grand malheur, il l'a gagné... Bien sûr, les responsables du marketing de nos grandes et généreuses loteries ne claironnent pas ce type d'histoire, mais peut-on penser que l'histoire d'un monsieur Thibault serait loin d'être unique?

Et Madame Bertrand

Mme, appelons-la Élyse Bertrand, constate en prenant sa douche un matin qu'elle a une petite bosse sur son sein droit. C'est, de fait, l'une des pires nouvelles que l'on peut apprendre. Avant ce drame, Mme Bertrand ne vivait que pour son époux et ses enfants. Ses journées filaient à la vitesse de l'éclair, s'occupant en grande partie du ménage et de la cuisine tout en travaillant comme consultante dans une firme comptable. Puis il fallait mener les enfants au soccer, aux cours de piano, de danses, etc.

Notre superwoman n'avait, à la limite, pas même le temps de se demander si elle était heureuse. Il faut faire bien des sacrifices pour conserver le mode de vie, élever les enfants et entretenir une maison. Son conjoint travaillait aussi dur, afin de subvenir aux besoins de la petite famille. Deux ados et un plus jeune, ça coûte cher. Ainsi allait la vie dans cette famille habitant une banlieue cossue.

Au matin de la découverte de sa bosse, Mme Bertrand prit immédiatement rendez-vous avec son médecin, prépara les jeunes à leur départ pour l'école puis se rendit travailler comme d'habitude. D'ailleurs sa première idée à ce moment était de ne rien changer à ses habitudes.

Une semaine plus tard, elle patientait dans la salle d'attente du médecin. Perdue dans ses réflexions, elle se mit à penser qu'elle n'avait jamais eu le temps de penser à elle, d'aussi loin qu'elle puisse se souvenir. Plus jeune, elle avait été la petite fille modèle qui aidait maman en s'occupant de sa petite sœur et de ses trois petits frères. Puis, elle fut une élève modèle, pratiquement toujours la première de classe, tout en continuant à aider maman, le soir venu. Elle devint ensuite une épouse modèle et puis une mère exemplaire.

Ce n'est souvent que lorsque le bonheur n'est plus là qu'on réalise qu'il était là.

Si tous semblaient l'apprécier, elle réalisait tout à coup qu'elle n'avait jamais vécu pour elle-même. Elle venait de prendre conscience d'une dure réalité philosophique: ce n'est souvent que lorsque le bonheur n'est plus là qu'on réalise qu'il était là. Mme Bertrand prit donc la décision que dorénavant, la personne la plus importante pour elle serait... elle-même.

Élyse a bien changé et a fait le ménage autour d'elle, entre les gens qui l'aimaient et la supportaient et les autres, qui ne s'avéraient pas à la hauteur de ce changement. Elle a compris que la vie se déguste une minute à la fois et que tant qu'elle serait en vie, elle en profiterait au maximum.

Vingt ans plus tard, malgré le diagnostic d'un type de cancer qui aurait dû l'emporter rapidement, Élyse Bertrand vit toujours et est plus heureuse que jamais. Peut-on penser que l'histoire d'une Madame Bertrand serait loin d'être unique?

À l'aide

Peut-on espérer en arriver un jour à dire: J'ai aimé la vie et elle me l'a bien rendu. (tiré du livre: Le cancer au jour le jour, par Dr Henri-louis Bouchard, Dre Dominique Synnott et Jacques Beaulieu, aux Éditions Logique)

Ces quelques réflexions sur le cancer et la vie au jour le jour peuvent nous apprendre beaucoup. Mais une chose est certaine, il existe de l'aide. Bien sûr, on pense d'abord à l'aide médicale. À ce sujet, d'années en années, les résultats se font de plus en plus encourageants.

Alors que dans les années 1950, le diagnostic d'un cancer annonçait une mort éminente (souvent durant les quelques mois suivant l'annonce), aujourd'hui, dans un très grand nombre de cas, il y aura des rémissions qui pourront ajouter plusieurs années de vie et, dans bien des cas, il y aura même des guérisons complètes, ce qui était inimaginables il y a une vingtaine d'années à peine.

À ces thérapies de plus en plus performantes, il faut ajouter tout le support moral qui peut assister la personne atteinte de cancer. On pense bien sûr au site de la Société canadienne du cancer, où vous pourrez trouver une foule d'informations tant sur la maladie que sur les groupes d'entraide et de soutien auxquels vous pourrez vous inscrire pour échanger avec d'autres personnes vivant des situations semblables à la vôtre.

Cela peut sembler étrange à entendre mais tant la fortune financière n'est pas un synonyme du bonheur, tant la mauvaise fortune de l'annonce d'un cancer n'est pas forcément synonyme de malheur.

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