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Malade, notre système de santé? Allons voir ailleurs: l'Angleterre

Le système de santé britannique doit aussi avoir ses lacunes, mais force est de constater que lorsqu'il y a une ferme volonté d'améliorations, des miracles peuvent être réalisés. Osons le changement!
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Souvent, la seule comparaison qui semble s'imposer en parlant du système de santé est celle qui se fait entre le Canada et les États-Unis. La question: pourquoi vouloir se comparer au dernier de la classe?

En novembre 2013, l'Agence France-Presse relatait une étude de la fondation The Commonwealth Fund comparant le système de santé américain à d'autres pays. En résumé, la conclusion était que notre voisin était celui qui affichait le coût le plus élevé avec ses quelques 8 508 dollars par personne, soit 17,7 % du PIB, pour leur système de santé, loin devant la Norvège au deuxième rang (5 669 dollars).

Au Québec, en 2012, les dépenses totales de santé représentaient 11,8 % du PIB. De plus, les États-Unis peuvent se targuer d'avoir un des systèmes les moins efficaces en terme d'accessibilité aux soins. Alors pourquoi toujours se comparer au cancre de la classe plutôt que de regarder du côté de ceux qui font mieux que nous?

Peut-être parce que plusieurs des acteurs de notre système se consacrent à la promotion du statut quo...

Le docteur Robert Ouellet est radiologue et copropriétaire de plusieurs cliniques de radiologie au Québec. Il a été président de l'Association médicale québécoise (AMQ), président de l'Association médicale canadienne (AMC) et délégué par celle-ci comme représentant canadien à l'Association médicale mondiale (AMM / WMA). Il a visité bien des pays et discute régulièrement de santé avec des confrères aux quatre coins du globe.

Lors d'une mission d'étude canadienne dans laquelle prenaient part plus de 75 personnes provenant de 36 organisations, cinq pays furent visités et consultés sur leur système de santé. Il s'agissait de l'Angleterre, du Danemark, de la Belgique, des Pays-Bas et de la France. La mission canadienne a pu rencontrer diverses organisations comme les ministères de la Santé des pays visités ainsi que celui de l'Union européenne, les associations médicales nationales et autres groupes de médecins et d'infirmières, divers fournisseurs de soins de santé tels les hôpitaux, des instituts nationaux et internationaux de recherche en santé ainsi que des groupes de patients et autres organisations spécialisées. Le but de la mission était de comprendre, dans les efforts de transformation et d'amélioration des soins de santé, ce qui a été fait et de quelle façon cela a été fait.

Au cours des 3 prochaines chroniques nous ferons un bref tour des pays visités par le Dr Ouellet, qui me faisait alors part de ses observations (Jacques Beaulieu, Révolutionner les soins de santé, c'est possible, Éditions Trois-Pistoles, 2012).

L'Angleterre

Grâce à un leadership politique solide (qui a cruellement manqué au Québec pendant trop longtemps), l'Angleterre a réussi à réduire de beaucoup les temps d'attente. En Angleterre, le financement est basé à 100 % sur l'activité. En d'autres termes, un hôpital est payé en fonction du nombre de patients qu'il traite. Plus l'hôpital a de patients, plus il reçoit de financement. Le patient devient donc un revenu pour l'hôpital et non un coût. Ce 100 % ne s'appliquerait peut-être pas partout ici, mais il y aurait certainement place à un accroissement au financement basé sur les activités.

Un régime responsable

Pour réduire ses temps d'attente, l'Angleterre a aussi mis en place des mesures d'incitation et des cibles précises à atteindre. Il ne s'agit pas là de vœux pieux : les administrateurs sont tenus responsables lorsque les objectifs ne sont pas atteints. Cette responsabilité peut aller, s'ils échouent à la tâche, jusqu'à leur congédiement pur et dur.

Ainsi, un directeur général peut être congédié si son hôpital affiche des taux d'infections trop élevés. L'efficacité est considérée d'abord comme une question de responsabilité. C'est bien différent de la gestion que l'on retrouve ici, ou le terme imputabilité semble avoir été rayé des dictionnaires de nos ministères depuis belle lurette.

Un régime concurrentiel

Autre méthode utilisée par les Britanniques : ils ont introduit une certaine concurrence pour améliorer le rendement global en créant des centres de traitements indépendants (ils ont choisi à dessein le mot indépendant plutôt que privé pour éviter de susciter des controverses inutiles). Par exemple, si un hôpital affiche un retard dans ses chirurgies, les opérations sont alors transférées dans ces centres.

Au Québec, on a vu quelques expériences similaires dont le cas de la clinique Rockland MD dans la région de Montréal. Celle-ci réalise diverses chirurgies, ce qui a permis à l'Hôpital Sacré-Cœur de Montréal de complètement résorber sa liste d'attente en oncologie, en plus de dégager des bénéfices. Malgré ce bilan, on ne peut plus positif, plusieurs voudraient éliminer cette clinique privée où le patient n'attend pas. Sans compter qu'il n'a pas un seul sou à débourser pour obtenir ces services, car ceux-ci sont entièrement payés par le gouvernement. En d'autres termes, l'efficacité de cette clinique privée et, surtout, la satisfaction totale des patients et des médecins sont mis de côté pour d'obscures raisons partisanes des adeptes du statu quo.

Des temps d'attente réduits

L'ancien premier ministre Tony Blair a un jour décrété que le temps d'attente maximal en salle d'urgence d'hôpitaux devait être de quatre heures et moins. À l'intérieur de ces 4 heures, le patient doit être obligatoirement traité, retourné à son domicile ou hospitalisé.

Bien sûr, un tollé de forts cris se fit entendre, mais le premier ministre ne lâcha pas prise. Dans chaque hôpital, un comité formé d'un administrateur, d'un médecin et d'une infirmière fut créé pour élaborer des stratégies propres à leur milieu. Et cela fonctionna ! En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la consigne fut respectée à plus de 99 %. Lorsqu'un hôpital ne respecte pas la norme, des pénalités s'appliquent. En ce qui concerne les chirurgies, le délai maximal entre la première fois qu'un patient voit son médecin et sa chirurgie a été graduellement abaissé à 18 semaines. Encore ici, des pénalités s'appliquent en cas de non-respect des objectifs, forçant plusieurs à régler rapidement les problèmes.

Ainsi, dans un certain hôpital de Londres, on éprouvait des difficultés à respecter le délai parce que les services en IRM étaient trop longs. Le département de résonance magnétique a dû trouver des solutions, car l'hôpital n'acceptait pas d'être pénalisé pour un de ses services qui ne répondait pas à la demande.

Établir une collaboration avec le patient par l'information

Pour que le public soit au courant des divers progrès en matière de santé, l'Angleterre a mis sur pied tout un système visant à améliorer la transparence en ce qui concerne les soins de santé. Une foule d'informations sont rendues disponibles à l'ensemble de la population, comme le temps d'attente dans tel ou tel hôpital, les taux d'infections, etc.

Finalement, l'administration britannique a développé une stratégie en technique informatique qui permet pour tous les patients de prendre leur rendez-vous en ligne ; ce système touche également les résultats de laboratoires et les ordonnances médicales. Il faut noter que pour la très grande majorité des mesures prises en Angleterre, il ne fut nullement question de budget, mais tout simplement d'organisation.

Certes, le système de santé britannique doit aussi avoir ses lacunes, mais force est de constater que lorsqu'il y a une ferme volonté d'améliorations, des miracles peuvent être réalisés. Osons le changement !

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