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Pas cette fois-ci

Il y a beaucoup de vécu derrière ces quelques mots. Beaucoup d'effacement, de silence, de sentiments de retrait, de rejet et de honte.
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Heureusement, vient le jour où l'envie de dire «pas cette fois-ci» se fait sentir et c'est alors que nous trouvons en nous la force et le courage de faire ce qui est le mieux pour nous.
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Heureusement, vient le jour où l'envie de dire «pas cette fois-ci» se fait sentir et c'est alors que nous trouvons en nous la force et le courage de faire ce qui est le mieux pour nous.

Rappelons-nous tous ces moments où nous en avons eu ras le bol d'une situation ou d'une personne et avons senti monter en nous une énergie qui avait envie de nous faire dire: «Pas cette fois-ci».

Ça fait le même effet qu'une boule de poils dans la gorge d'un chat, créant un malaise sur le coup, mais nous permettant de mieux respirer par la suite.

Il y a beaucoup de vécu derrière ces quelques mots. Beaucoup de colère réprimée, de frustration non exprimée, de besoins refoulés. Beaucoup d'effacement aussi, de silence, de sentiments de retrait, de rejet et de honte.

Il faut aussi certainement beaucoup de courage (ou tout simplement une écoeurantite aiguë) pour arriver à exprimer et à mettre en pratique le «pas cette fois-ci». Si cela est le début de quelque chose pour soi, c'est aussi la fin de l'emprise de l'autre sur nous et, souvent, nous ne sommes pas sans en éprouver une certaine culpabilité. C'est sûrement d'ailleurs la culpabilité qui a fait en sorte que nous sommes restés aussi longtemps dans la situation inconfortable.

Quand le train entre en gare

Lorsque ce moment crucial arrive — où nous sentons que nous avons atteint toutes les limites de nos limites —, c'est un peu comme un train qui entre en gare. Nous savons qu'il repartira, mais sans nous, cette fois-ci.

Je me rappelle chacune des circonstances qui m'ont plongée dans l'énergie du «pas cette fois-ci». La première, c'est lorsque j'avais 19 ans et que j'étais allée visiter mes parents pour Noël. Mon séjour durait à peine deux jours et, à ma grande surprise, le premier s'était relativement bien passé.

Puis, à quelques heures de partir, voilà que ma mère rechausse ses souliers de mépris et de dénigrement et me sort son fameux discours visant à démolir ma petite personne. Je l'avais bien entendu mille fois dans ma vie, cette rengaine, mais cette fois-ci, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase.

Je mourais d'envie de lui dire chaque mot écrit dans cette lettre, depuis que j'étais toute petite, et j'avais trouvé cette fois le courage de le faire.

J'ai attendu d'être revenue dans mon patelin et j'ai fait ce que je sais faire le mieux, je lui ai écrit une longue lettre dans laquelle je lui ai servi ses quatre vérités. Bien entendu, elle n'a pas apprécié. Elle en a parlé aux autres pendant des mois, mais n'a jamais osé m'en parler à moi. Peu importe, le message était passé et c'est tout ce qui comptait.

Je mourais d'envie de lui dire chaque mot écrit dans cette lettre, depuis que j'étais toute petite, et j'avais trouvé cette fois le courage de le faire. Il m'importait peu de mettre en péril notre relation, puisqu'il n'y avait jamais eu de relation de toute façon.

Par la suite, j'ai connu d'autres moments qui m'ont fait dire «pas cette fois-ci». C'est d'ailleurs ce qui m'a fait quitter le père de mon fils et ce qui m'a aussi fait mettre un terme à une amitié.

Ce besoin d'aller jusqu'au bout

J'imagine que, dans la vie, il y a des situations que nous nous devons de vivre jusqu'au bout pour en arriver à bien comprendre ce qu'il en est et, surtout, pour en arriver à mieux se comprendre soi-même.

Nous pouvons être des mois et des années à supporter un emploi qui ne nous convient pas, à vivre dans une relation qui nous gruge par en dedans, tout cela parce que nous n'arrivons pas à nous décider: rester ou partir.

Heureusement, vient le jour où l'envie de dire «pas cette fois-ci» se fait sentir et c'est alors que nous trouvons en nous la force et le courage de faire ce qui est le mieux pour nous. Peu importe, si nous sommes alors en mille morceaux, si nous avons dit «pas cette fois-ci», c'est que nous sommes prêts à nous choisir et à nous reconstruire.

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