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Que peut-on attendre concrètement du sommet États-Unis/Afrique?

En convoquant le sommet États-Unis/Afrique à la Maison-Blanche, le président Obama vient de tenir la promesse faite de développer un partenariat économique et commercial avec le continent.
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«L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, elle a besoin d'institutions fortes». Discours de Barack Obama au Ghana (juillet 2009)

Le président américain, Barack Obama, qui achève son dernier mandat dans deux ans, va rencontrer du 5 au 6 août à Washington, une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement africains, excepté ceux qui ont été, soit suspendus par l'Union africaine (UA), soit n'ont pas de bonnes relations avec les États-Unis. Parmi ces grands absents, figurent notamment celui du Zimbabwe qui est visé par des sanctions américaines depuis 2001 et celui du Soudan qui est sous le coup d'un mandat d'arrêt international de la CPI pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Officiellement, le sommet États-Unis/Afrique vise à «renforcer les liens avec l'une des régions les plus dynamiques ..., faire progresser les objectifs de l'administration en matière de commerce et d'investissement en Afrique ..., mettre en évidence l'engagement des États-Unis envers la sécurité de l'Afrique, le développement de la démocratie et de ses habitants», ainsi déclarait le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.

Bien que l'administration américaine minimise une certaine rivalité entre les investisseurs étrangers en Afrique, l'objectif majeur de ce sommet consiste effectivement à renforcer la présence américaine et à resserrer les liens économiques, commerciaux et géostratégiques avec les pays africains, pour contrer la percée de puissances économiques émergentes du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Ces nouveaux riches, particulièrement la Chine, investissent des centaines de milliards et ne cessent de gagner des marchés importants dans un continent qui, autrefois, était un réservoir exclusif de l'Occident. Ce dernier fixait lui-même le prix de matières premières qu'il achetait.

Malgré la pauvreté de sa population, l'Afrique reste incontournable, ne serait-ce que par d'immenses ressources naturelles, énergétiques, forestières et hydriques qu'elle regorge. Ces ressources font courir les grandes multinationales asiatiques, américaines et européennes pour approvisionner leurs industries. Mais l'opacité de négociations des contrats d'exploitation, la corruption et autres gabegies financières de dirigeants privent les populations africaines de dividendes de leurs ressources naturelles.

En effet, bien qu'il soit d'abord le président des Américains et veille essentiellement aux intérêts américains dans le monde, l'élection de Barack Obama avait tout de même suscité un regain d'espoir pour le continent africain et particulièrement pour la jeunesse africaine qui croyait que, par ses origines africaines, il allait prêter une oreille attentive aux préoccupations du continent.

En 2010, lorsqu'il accueillit une centaine de jeunes Africains à la Maison-Blanche pour célébrer le 50e anniversaire de l'accession aux indépendances de pays africains, le président Obama les avait exhortés à la nécessité de respecter les principes démocratiques, de promouvoir l'État de droit dans leurs pays respectifs et de ne pas suivre l'exemple de la génération de dirigeants issus des indépendances qui s'étaient accrochés au pouvoir.

En convoquant le sommet États-Unis/Afrique à la Maison-Blanche, le président Obama vient de tenir la promesse faite lors de ses deux voyages en Afrique depuis qu'il est devenu président des États-Unis, de développer un partenariat économique et commercial avec le continent.

Espérons qu'il ne s'agira pas seulement du commerce et de l'économie. Parce que, chaque fois que les intérêts économiques sont confrontés avec les questions de démocratie et des droits de la personne, c'est souvent les intérêts économiques qui prennent le dessus au détriment de la démocratie et des droits de la personne. Il serait souhaitable que le président Obama saisisse cette occasion pour répéter à ses homologues les propos qu'il avait adressés aux jeunes Africains en 2010.

Les organisations de la société civile africaines ont déjà exprimé leurs craintes que le sommet ne puisse occulter les questions fondamentales qui minent tout progrès de l'Afrique, à savoir, la mauvaise gouvernance, la corruption, le non-respect des droits de la personne et de principe d'alternance démocratique au pouvoir, la brimade des opposants politiques..., qui maintiennent l'Afrique au stade de sous-développement et font en sorte que les populations africaines ne puissent profiter de richesses de leur continent.

La coalition d'organisations non gouvernementales (ONG) dénommée « We are Africa » a demandé au président Obama d'associer également la société civile africaine à cette rencontre pour parler de vrais problèmes qui empêchent le continent africain d'émerger.

Les populations africaines ne souhaitent pas que le sommet États-Unis/Afrique aboutisse par un chapelet de bonnes intentions. Elles attendent du président Obama qu'il envoie un message fort et sans équivoque à l'égard de ses hôtes que la paix et la sécurité, la démocratie et l'État de droit, la bonne gouvernance, le strict respect de la constitution et l'indépendance de la justice sont essentiels pour tout développement.

Sur le plan économique, elles attendent que le président Obama recherche ensemble avec ses invités, les voies et moyens efficaces pour sortir l'Afrique du piège de l'endettement et de la pauvreté dans lequel elle est prise depuis des années, afin d'assurer un avenir meilleur aux générations futures.

Si les vœux des Africains sont réalisés dans ce sommet, alors le président Obama aura écrit son nom en lettre d'or dans la mémoire collective de l'Afrique. Espérons donc qu'il ne décevra pas de millions d'Africains qui avaient fondé beaucoup d'espoir avec son élection pour influer positivement au progrès tant démocratique qu'économique du continent.

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