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Je suis une mère ingrate

Ne vous sentez pas coupables si vous n'agissez pas comme la société vous dit de faire, tant que votre enfant est heureux et en santé, la façon dont vous vous y prenez importe peu.
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Je n'ai jamais voulu d'enfant. Le plus loin que je me souviens, je n'en voulais pas. Mais en 2004, après quatre ans de relation, je suis tombée enceinte et ce n'était pas dans mes plans. Ce n'était pas non plus dans mes plans de me faire avorter, j'ai donc gardé ce qui poussait tranquillement dans mon ventre.

J'ai élevé mon enfant avec paresse, je l'avoue. Je ne l'ai pas allaité, je préférais les biberons, c'était plus facile. La nuit, je voulais dormir, c'est tout ce que je voulais. Quand elle a eu un mois, lorsqu'elle se réveillait la nuit, je ne lui donnais plus à boire, j'étais trop fatiguée. À la place, je la prenais sur moi, je la rassurais et la rendormais pour un autre trois heures. À cause de ma paresse, elle a commencé à faire ses nuits à 1 mois. J'ai donc été égoïste et j'ai pensé à mon sommeil et mon bien-être au lieu de penser à son petit estomac qui n'avait pas vraiment si faim que ça.

Sortir dehors au grand froid pour aller prendre des marches avec elle dans la poussette? Non merci! À la place, elle était toujours sur mes genoux, me faisant face. Je m'en servais un peu comme poupée, elle était mon divertissement. Je lui faisais faire plein de trucs, je lui parlais sans cesse. Elle est devenue hyperexpressive et un peu trop éveillée parce que j'ai été trop paresseuse pour aller me promener avec elle.

Je trouvais ça plate, un bébé. Ça ne bougeait pas assez. Vu que je trouvais le temps long et que je ne pensais qu'à moi, j'ai décidé de lui montrer comment se tourner. Place un bras comme ça, donne toi un élan, et hop! Je répétais le même mouvement avec elle toute la journée, jusqu'à temps d'avoir la surprise de voir qu'elle le faisait par elle-même. Même chose pour apprendre à marcher à quatre pattes, se tenir debout et marcher. Elle était mon passe-temps plus que mon bébé.

Ensuite, est arrivée la séparation. Elle n'avait pas encore trois ans. Avec le travail, le trafic, les soupers et un bébé, j'ai été encore une fois ingrate. J'ai cessé de lui donner un bain dans lequel elle pouvait jouer pendant 30 minutes, pour remplacer ça par une douche de 5 minutes. Tout ça pour sauver du temps. Je n'aimais pas passer 30 minutes assise dans la salle de bain à m'assurer qu'elle soit OK. J'ai troqué la période du bain contre une histoire avant le dodo. Du temps, je n'en avais pas, j'en trouvais où je pouvais!

Depuis que je suis séparée, je suis devenue une mère égoïste. Je ne veux pas mettre mes soirées de côté parce que j'ai un enfant. Depuis qu'elle est toute petite, elle vient avec moi partout. Elle était la mascotte du club de boxe que je fréquentais et elle est le chouchou de mes amis. Je suis donc rendue avec un enfant hyperallumé (des fois trop) et un peu plus mature que d'autres enfants de neuf ans. Oui, parfois elle vit dans un monde d'adultes, par ma faute.

Chez moi, elle est enfant unique. Donc, le plus souvent possible, j'essaie qu'un ami vienne jouer avec elle à la maison. Je suis trop paresseuse pour jouer assise par terre. Je préfère laisser ça aux enfants. Ils s'inventent des jeux et sont dans leur monde. Et je dois avouer, je les espionne en cachette, parce que oui, ça m'attendrit leurs petites histoires.

Quand je vais au parc avec elle, je ne cours pas derrière elle. Je ne fais pas 30 minutes de sport avec elle non plus. Je l'envoie dans la ruelle jouer à la tag avec ses amis. Moi, je préfère aller m'asseoir dans le gazon avec elle pour l'écouter me raconter les potins de sa cour d'école.

Mon appartement n'est pas rempli de jouets. Pourquoi? Parce que je lui fais subir mes passions à la place. Elle devra me suivre pendant un voyage, sac au dos, au Costa Rica. Je n'ai pas envie de me priver de voyager, alors à neuf ans, au lieu d'avoir des consoles vidéo, elle vivra un voyage qui va la faire vieillir encore un peu plus.

Je me sens souvent mal lorsqu'un parent dit qu'il ne veut pas que son enfant vieillisse. Parce que moi, je n'attends que ça, de la voir grandir et devenir sa propre personne. À mon avis, il n'y a rien de plus beau que de voir le résultat de tant d'amour, d'efforts et de nuits blanches grandir. Je suis curieuse de voir quel genre d'ado elle sera et quel genre de relation nous aurons rendues là.

Je ne suis pas une mère comme les autres, je ne le serai probablement jamais. La relation qui nous unit, elle et moi, est particulière, un partnership avec un respect hiérarchique.

J'aime cet enfant assez pour lui laisser la liberté d'être un enfant tout en la préparant pour le monde adulte.

Bref, ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a aucun modèle de parent parfait. Il n'y a pas de meilleure façon d'élever son enfant. Et il n'y a aucune place parfaite non plus pour le voir grandir. Dans une ruelle de Montréal ou dans une rue tranquille de banlieue, ce n'est pas l'endroit où il est élevé qui fera la différence, c'est le regard que vous porterez sur lui. Ne vous sentez pas coupables si vous n'agissez pas comme la société vous dit de faire, tant que votre enfant est heureux et en santé, la façon dont vous vous y prenez importe peu.

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