Depuis quelques semaines, les médias et les réseaux sociaux font abondamment référence à l'avenir du réseau des CPE. Il semble qu'à travers les nombreuses opinions soulevées, il s'en est trouvé peu pour rappeler un des effets directs de l'existence de ce réseau mis en place il y a presque 20 ans : la contribution économique appréciable des femmes sur le marché du travail au Québec.
Dès l'implantation du réseau des Centres de la petite enfance (CPE) en 1997, c'est par dizaines de milliers que les femmes ont intégré le marché de l'emploi avec la latitude nécessaire pour s'y accomplir. En effet, le taux d'activité des femmes de 25 à 54 ans ayant des enfants de moins de six ans a explosé pour passer de 65 % (1995) à 78 % (2004), rattrapant un retard historique et dépassant même l'Ontario et le reste du pays.
S'appuyant sur plusieurs études, la Commission permanente de révision des programmes, présidée par l'ancienne ministre Lucienne Robillard, avait démontré dans son rapport de 2014 que la mise en place du Programme de services de garde en 1997 avait contribué directement à accroître la présence des femmes sur le marché du travail.
Il a également offert à plusieurs mères l'opportunité de retourner aux études, pour certaines de sortir de la précarité financière et, plus encore, d'atteindre des fonctions professionnelles de haut niveau. Cette amélioration s'est réalisée au profit de l'ensemble de notre société.
Plus qu'un simple service de garde, la mise en place de ce réseau permettait enfin aux parents d'avoir accès à un service éducatif, structuré et adapté aux besoins de leurs enfants, offrant un véritable programme pédagogique riche en apprentissages et répondant à de grandes exigences de qualité.
Un réseau de plus de 1 600 femmes gestionnaires
De plus, le réseau des CPE a permis l'émergence d'une expertise toute féminine : ses cadres gestionnaires forment, dans sa quasi-totalité, une vaste cohorte de femmes diplômées universitaires spécifiquement dédiées à la gestion des entreprises à but non lucratif.
Toutefois, le mode de financement actuel a eu pour effet de diminuer considérablement le nombre d'enfants dans le réseau des CPE, au profit de garderies commerciales non subventionnées qui, pour la grande majorité, n'offrent qu'un programme pédagogique minimal. Il est donc de mise à cette heure de nous questionner quant à l'avenir que nous souhaitons pour nos enfants.
À titre de gestionnaire, cadre ou administratrice dans nos domaines respectifs, nous avons constaté un lien bien réel entre la mise en place d'un service de garde éducatif et l'évolution du modèle québécois du marché du travail. Après 20 ans d'activité, un tel bilan mérite d'être reconnu à sa juste valeur.
Nous invitons nos décideurs à faire de même afin de préserver un réseau professionnel de garde à vocation éducative qui a été conçu autant pour répondre aux besoins des enfants qu'aux nouvelles réalités de notre marché du travail. Nous croyons qu'ici encore, c'est l'ensemble de notre société qui en profitera.
Voici l'ensemble des signataires :
Liliane Colpron
Présidente et cofondatrice
Première Moisson
Nolywé Delannon
Présidente
Force Jeunesse
Lidia Divry
Directrice générale
Techno-Montréal
Christiane Germain
Coprésidente
Groupe Germain Hôtels
Louise Harel
Ex-ministre du gouvernement du Québec
Francine La Haye
Vice-présidente principale
Cabinet de relations publiques NATIONAL
Marcèle Lamarche
Directrice générale
Le Chaînon
Sylvie Lévesque
Directrice générale
Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)
Madeleine Martins
Directrice générale (province de Québec)
Habitat pour l'humanité
Viviane Michel
Présidente
Femmes autochtones du Québec
Isabelle Palardy
Directrice générale
Association des cadres des CPE
Mélanie Paul
Vice-présidente
Groupe ADL
Louise Poirier
Présidente
Y des femmes de Montréal (YWCA)
Mélanie Sarazin
Présidente
Fédération des femmes du Québec.
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