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Ceci est notre révolution nationale, et l'Ukraine la mérite!

Cela fait plus d'un an que je me tiens informée de la situation politique en Ukraine uniquement grâce aux téléjournaux ou à travers des discussions avec ma famille, mes ami-e-s, mais sans jamais ne rien voir de mes propres yeux. Après avoir été forcée de quitter l'Ukraine, poussée par les menaces et la pression exercées par mon gouvernement, j'ai cherché à maintes reprises à y revenir l'an dernier. Mais plus tard, l'appel officiel de Ianoukovitch à m'arrêter était un message clair: ma seule possibilité, une fois en Ukraine, aurait été d'aller de l'aéroport à la prison.
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Cela fait plus d'un an que je me tiens informée de la situation politique en Ukraine uniquement grâce aux téléjournaux, ou à travers des discussions avec ma famille, mes ami-e-s, mais sans jamais rien voir de mes propres yeux.

Après avoir été forcée de quitter l'Ukraine, poussée par les menaces et la pression exercées par mon gouvernement, j'ai cherché à maintes reprises à y revenir l'an dernier. Mais plus tard, l'appel officiel de Ianoukovitch à m'arrêter était un message clair: ma seule possibilité, une fois en Ukraine, aurait été d'aller de l'aéroport à la prison.

Cette fois-là, mes compatriotes n'ont pas reconnu l'odeur repoussante de la dictature, mais aujourd'hui plus personne ne s'y trompe, et plus personne ne peut la supporter.

Depuis la chute de l'URSS et l'indépendance de l'Ukraine, nous n'avons connu aucun soulèvement politique d'une ampleur pareille à celui que nous vivons actuellement.

Même si le territoire ukrainien existe depuis 882 ans, l'Ukraine reste un jeune pays, qui est né en tant qu'Etat indépendant le 24 août 1991 seulement, lorsque l'Union soviétique est tombée. L'histoire de notre terre a toujours été liée à celle d'un empire, et le peuple ukrainien a été forcé de se reconnaître dans des identités étrangères.

Nous avons connu la révolution orange, en 2004, qui a fait germer en nous de nouvelles idées, des concepts de liberté. Des mots comme "révolution", ou "pouvoir au peuple" n'étaient plus du tout étrangers à nos oreilles. Nous savons que nous pouvons êtres fièr-e-s d'être Ukrainien-ne-s. Et j'en suis fière. Et celles et ceux qui sont dans la rue aujourd'hui le sont sans aucun doute.

Pendant deux mois, le peuple a protesté sans interruption contre l'occupation russe et contre la politique de Ianoukovitch, calquée sur le modèle de Poutine.

Et pour seule récompense de cette longue mobilisation pacifique, notre nation a eu droit à l'irruption de nouvelles lois, présentées par le gouvernement la semaine dernière. Ces lois sont apparues comme une punition à l'encontre d'un engagement politique trop intense de la part de la population, interdisant les manifestations dans le pays et prévoyant une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

Mais la sanction de Ianoukovitch n'a eu aucun effet escompté. Les gens ne se sont pas repliés dans leur maison, ils sont sortis dans la rue pour se battre. Nous voyons donc aujourd'hui des images d'un pays en plein soulèvement. Et je soutiens ce soulèvement comme jamais auparavant.

Je le soutiens parce qu'il rejette le régime de Ianoukovitch, ce meurtrier dont la politique s'abreuve de véhicules militaires et de chars d'assaut, et qui autorise la police à porter des armes durant les manifestations, ce qui a conduit à la mort de cinq opposants aujourd'hui sur la place de l'Indépendance. Je le soutiens parce qu'il rejette la réalité de l'Ukraine, celle où des journalistes comme Tetyana Chornovol sont agressées sauvagement, ou doivent fuir le pays comme Vitaliy Portnikov, ou simplement perdent leurs yeux sous le feu de la police, sur la place, durant leur travail. Je crois même que ce soulèvement devrait se dérouler devant le siège présidentiel, car il rejette les leaders d'un pays où des activistes comme Yuriy Lutzenko sont kidnappés et torturés par les services secrets, de la même manière que nous, FEMEN, avons été torturées en Biélorussie en 2011. Je soutiens ce soulèvement parce que ce gouvernement nous rejette, moi et d'autres militant-e-s, hors de notre pays.

Je suis défavorable à la violence, mais je suis pour l'insurrection ! Elle est un rempart, contre cette oppression stalinienne à laquelle le peuple doit faire face. Elle n'est rien d'autre qu'un rempart pour les droits de l'Homme, face à des assassins comme Ianoukovitch.

Il ne s'agit plus de protestations, c'est une révolution. Le peuple sait que personne ne lui donnera ses droits, qu'il faut aller les chercher. Les Ukrainien-ne-s ne suivent pas les trop faibles leaders de l'opposition comme le célèbre boxeur Klitchko, qui recommande de "garder son calme", à un moment où cela n'est plus possible.

Nous avons compris ce qu'ils veulent faire de nous et de notre liberté, maintenant, qu'ils nous écoutent nous!

Pour conclure ce billet, je n'appellerai pas les Ukrainien-ne-s à se battre pour leurs droits, car c'est déjà le cas, et cela continuera, maintenant j'en suis sûre.

En revanche, j'appelle la communauté européenne à ne pas mettre une croix sur "l'Ukraine en Europe". Le processus est déjà en marche, nous approchons des standards européens, et nous nous en approchons avec grand bruit. J'appelle toutes les démocraties à rejoindre ce combat. Car il ne s'agit pas que de l'Ukraine, mais bien de ce que nous appelons magnifiquement les "droits de l'Homme". J'appelle l'UE et les É.-U. à prendre des sanctions politico-économiques à l'encontre du président et du gouvernement, qui ne seront qu'un soutien aux civils qui se battent pour la liberté.

Enfin, soyez sûr-e-s que ces insurgé-e-s ne sont pas des extrémistes, ni des activistes radicaux, mais simplement des Ukrainien-ne-s radicalement oppressé-e-s et extrêmement en colère. Ceci est notre révolution nationale, et l'Ukraine la mérite!

Votre chère Ukrainienne en France, Inna FEMEN.

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