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Le mystère du satellite Planck

Il existe bel et bien "quelque chose" avant le Big Bang. Mais surtout, nous avons découvert que ce "quelque chose" - qui existe à l'échelle zéro de l'espace et du temps - n'est pas matériel.
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Pourquoi écrire ? C'est la question que Roland Barthes avait coutume de poser, entre deux phrases, en ouverture du petit séminaire de l'Ecole des Hautes Études où nous préparions un Doctorat sous son magistère. Rassemblons ici quelques débuts de réponse.

Notre petit livre, Le Mystère du Satellite Planck, est paru le 20 juin 2013, trois mois, jour pour jour, après la publication mondiale des prodigieux résultats arrachés aux ténèbres du temps par le satellite Planck. Quatre longues années d'observation. Qu'a donc "vu" - et photographié - là bas, tout au fond de l'Univers, cet astronome de métal ? Quelque chose d'impensable : le fantôme du Big Bang. La toute première lumière de l'Univers. Cet éclair éblouissant qui s'est allumé dans les ténèbres cosmiques, à peine 380 000 ans après le commencement du temps. Que nous montrent ces fantastiques photos ? Le visage du bébé Univers. Un Univers incroyablement jeune, presque sans une ride. Son âge ? 380 000 ans tout juste (au lieu de 13 milliards 820 millions d'années aujourd'hui...). A cette époque lointaine, qui se perd dans les brumes de l'inconcevable, rien de ce que nous connaissons (ni les étoiles, ni les planètes) n'existe encore.

Deux raisons nous ont donc poussés vers ce livre en quelques semaines.

La première tient à notre passion pour tout ce qui, de près ou de loin, touche à l'immense mystère de l'origine. Depuis toujours - c'est à dire depuis les profondeurs de l'enfance - nous avons voulu en savoir plus. Comprendre pourquoi, alors qu'il n'y avait rien 15 ou 20 milliards d'années dans le passé - ni espace, ni temps ni matière - pourquoi brutalement, un monstrueux torrent d'énergie a soudain jailli du néant, à une température inimaginable, il y a 13 milliards 820 millions d'années. Par quel "miracle" cette toute première étincelle de réalité s'est-elle matérialisée au cœur du vide primordial ? Par quel prodige a-t-elle entamé sa fantastique expansion, grandissant à chaque instant à une vitesse démentielle ? Comment se fait-il que les milliards d'opérations qui ont caractérisé la formation de la matière à partir d'un mystérieux cloud - le "nuage cosmologique" - se soient déroulées dans un ordre si implacable, séquence après séquence, sans une seule fausse note, jusqu'à engendrer en moins de trois minutes - trois minutes ! - tous les noyaux des éléments légers, hydrogène en tête ?

Pour voir tout cela d'un peu plus près, nous avons décidé, au début des années 90, de raccrocher nos fameuses combinaisons argentées, celles de Temps X. Pour nous jeter à tête perdue dans la folle aventure de nos thèses, sans imaginer à l'avance les obstacles tranchants. Pourquoi folle ? Parce que la question que nous nous sommes alors posée n'avait jamais été abordée auparavant. Elle tient pourtant en une phrase : qu'y avait-il avant le Big Bang ? Lorsque nous avons écrit notre dialogue Dieu et la Science avec le philosophe chrétien Jean Guitton, nous nous sommes tournés vers les scientifiques, dans l'espoir que l'un d'eux nous donnerait un début de réponse. En vain. On nous répondait dans un haussement d'épaules : "Votre question est absurde ! Aussi absurde que de se demander s'il existe un point à un kilomètre au nord du pôle Nord !".

Le billet se poursuit après la galerie

Pourtant, il n'y a rien d'insensé à se demander d'où vient la formidable énergie du Big Bang. C'est ce que nous avons décidé de faire dans nos deux thèses (l'une en Mathématiques, l'autre en Physique Théorique). Cette recherche - cette quête - a duré à peu près dix ans. Dix années longues, durant lesquelles nous avons cheminé à tâtons, un peu comme des montagnards, dans une marche d'approche vers ce qu'on appelle le "Mur de Planck". Là où commence le Big Bang. Là aussi où, vue de chez nous, notre réalité prend fin. Si nos travaux ont donné lieu à tant de polémiques - tant de fureurs- c'est que nous avons décidé de franchir ce fameux Mur de Planck pour la première fois. Une frontière interdite. Dans un article qui est consacré à notre aventure, la philosophe des sciences Isabelle Stengers, ancienne collaboratrice du Prix Nobel Ilya Prigogine, a bien relevé ce qu'il peut en coûter de transgresser cet interdit : "Et si ? Lorsque le Graal est en question, les arguments passent à la limite. Ainsi, pourquoi ne pas se demander si la rumeur de mystification n'a pas pris pour cible les frères Bogdanoff précisément à cause du caractère innovateur de leurs idées, des idées que "certains" préfèreraient voir enterrées pour toujours." (1)

Et finalement, qu'avons-nous découvert "là bas" ? Nous avons d'abord montré qu'il existe bel et bien "quelque chose" avant le Big Bang (même si le mot avant n'a de sens que dans un temps différent du nôtre, que les mathématiciens appellent le temps imaginaire, un temps mesuré par des nombres imaginaires). Mais surtout, nous avons découvert que ce "quelque chose" - qui existe à l'échelle zéro de l'espace et du temps - n'est pas matériel. Quelque chose qui, cependant, est fantastiquement ordonné. Mais si ce n'est pas de la matière, alors qu'est ce que c'est ? La réponse tombe presque d'elle-même : immatérielle et en même temps ordonnée, cette "chose" avant le Big Bang n'est autre que de l'information. Le cloud. Le nuage cosmologique qui contient les lois, les paramètres, les constantes numériques, etc.. qui règlent le scénario de Big Bang et de ce qui vient après. Tout comme la naissance des êtres vivants est précédée par une information qu'on appelle le code génétique, l'Univers tout entier est, lui aussi, précédé par une information primordiale, existant avant le Big Bang, que nous proposons d'appeler le "code cosmologique". Un code dans le nuage...

Cette découverte surprenante, qui débouche sur une profonde révolution dans nos conceptions de la réalité - la matière ne vient pas de la matière- nous l'avons effectuée en suivant le chemin ouvert par les mathématiques (qui viennent tout droit du nuage). Mais comment en être vraiment sûr ? C'est là qu'intervient le satellite Planck. Et la deuxième raison d'être de notre livre.

*

Si vous le lisez un beau jour, vous y apercevrez peut-être le reflet de notre émerveillement face à ce qu'a découvert l'œil glacé de Planck : un immense mystère. D'où le titre de notre livre. Et cette émotion que nous avons voulu partager avec nos lecteurs.

Quel est donc ce mystère ?

Dans les couloirs de l'Agence Spatiale européenne, comme dans tous les laboratoires du monde, on murmure. On pense tout bas ce que l'on n'ose pas dire à voix haute. Mais on sait déjà que le fameux "modèle standard" sur lequel repose encore aujourd'hui toute la physique vacille sur ses bases. Là, il se fissure. Plus loin, il devient incohérent. Bref, l'astronome métallique a décelé des "anomalies" inexplicables. A tel point que les experts de la mission Planck risquent une question folle. On la trouve en toutes lettres sur le site officiel du satellite, dans une rubrique qui porte ce titre-choc : Avant le Big Bang. Un titre encore impensable au moment où, en 2004, nous avons écrit notre livre Avant le Big Bang. Un livre qui, à l'époque a fait couler beaucoup d'encre et suscité bien des polémiques. Toujours est-il qu'aujourd'hui, tout le monde peut lire cette étonnante question sur le site de Planck : peut-on voir des traces de l'avant Big Bang ?

Et c'est ici que le mystère touche la révolution. Car selon nous, il existe une réponse passionnante à cette question posée par les experts. Une réponse que nous vous invitons à chercher. A rêver avec nous. Sur les traces mystérieuses du satellite Planck.

LE MYSTERE DU SATELLITE PLANCK

Igor et Grichka BOGDANOV

Editions Eyrolles (Juillet 2013)

216 pages

(1) Isabelle Stengers Mésaventures du Pacte Anti-Fictionnel in Mensonge, Mauvaise foi, Mystification Vrin (2004)

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