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Matières premières: de la fin du «supercycle» à de nouvelles opportunités industrielles

Pour les pays importateurs, il s'agit clairement d'une aubaine. La volonté des États-Unis de voir l'Europe redevenir un partenaire en pleine santé laisse supposer que la donne soit partie pour durer.
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Pour la première fois depuis 2001, les prix des matières premières ont reculé sur trois trimestres consécutifs. Depuis début 2015, la chute s'accélère même, atteignant - 26 % pour le minerai de fer ou - 15 % pour le café Arabica. Par effet domino, ce sont toutes les matières premières qui sont touchées, même si les métaux précieux, le caoutchouc ou le coton font figure d'exceptions. La situation du cuivre, utilisé dans de nombreux secteurs (bâtiment, transport, électronique,...) et traditionnellement assez épargné par les baisses de prix, témoigne de l'ampleur du phénomène. En deux ans et demi, il vient de perdre 31 %...

Des déterminants structurels forts et une conjoncture favorable à la baisse des prix

Les raisons sont clairement identifiées et conduisent à envisager ces évolutions comme durables. La vigueur du dollar joue mécaniquement un rôle majeur dans la mesure où l'essentiel des échanges sur les marchés mondiaux sont réalisés dans cette devise. En réduisant le pouvoir d'achat du reste du monde, la hausse du dollar contribue à limiter la demande et à la baisse des prix. Le choix des États-Unis d'exploiter à grande échelle le gaz et le pétrole de schiste renforce la tendance sur le long terme. Les prix des ressources fossiles diminuent de manière mécanique (l'offre est devenue largement excédentaire sur la demande pour le pétrole, le gaz et même le charbon). Les prix agricoles ont tendance à suivre ceux de l'énergie qui représente une part importante des coûts de production, évolution renforcée sur le court terme par des conditions climatiques récentes favorables. Les prix des grandes céréales ont ainsi baissé de 48 % depuis 2012.

Autre origine majeure des évolutions récentes et à venir : la forte réduction de la demande chinoise. Cette dernière s'inscrit dans une tendance de long terme. La croissance du plus grand consommateur de matières premières devrait être la plus faible depuis un quart de siècle. Au-delà, la réorientation de la Chine vers une économie reposant davantage sur la consommation intérieure va modifier en profondeur la nature des productions et contribuer à la réduction très forte des besoins en matières premières. De nombreux spécialistes évoquent, à ce titre, la fin du "supercycle" qui avait contribué depuis quelques années à la hausse des prix des matières premières.

De nouvelles opportunités industrielles

Pour les pays importateurs, il s'agit clairement d'une aubaine. La volonté des États-Unis de voir l'Europe redevenir un partenaire en pleine santé laisse supposer que la donne soit partie pour durer (ce qui est rare sur un marché aussi fluctuant que celui des matières premières). Les prévisions de croissance ont, à l'inverse, été revues à la baisse pour de nombreux pays producteurs africains dont il est beaucoup attendu en termes de contribution à la croissance mondiale dans les années à venir. Il s'agit peut-être là d'un mal pour un bien, susceptible d'accélérer la transition vers des économies moins dépendantes des rentes issues de l'exploitation des matières premières.

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