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Julie Boulet et la Mauricie sacrifiées!

On peut ne pas aimer le style à l'emporte-pièce de Julie Boulet, sa démagogie et ses crises puériles au Salon bleu, ses maladresses et ses oublis devant la Juge Charbonneau, ses attaques sur la fermeture de Gentilly 2, mais on lui concédera ceci: Julie Boulet est combative, dévouée à sa région et appréciée de ses électeurs.
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Un huissier aurait, dit-on, visité Julie Boulet. Tout comme l'ex-ministre Nathalie Normandeau qui s'en est ouverte sur les ondes de son émission de radio à Québec, on aura eu la courtoisie de l'aviser qu'elle serait l'objet d'un « blâme » de la Commission d'enquête sur l'industrie de la construction (CEIC), la Commission Charbonneau.

Les deux femmes sont ex-ministres et députées libérales, mais seule madame Boulet siège encore au Parlement. Toutes deux ont été convoquées à la Commission Charbonneau et toutes deux, par omissions, mensonges et maladresses, y ont fait bien mauvaise figure. Deux de ces ménés pris dans les filets de la Juge Charbonneau qui laisse pourtant filer de proverbiaux requins. Pendant ce temps, ex-ministres des Transports aussi, Sam Hamad et Pierre Moreau ne sont pas inquiétés par la Commission. Le ministère des Transports est pourtant au centre de l'arsenal de financement occulte du Parti libéral de Jean Charest. D'ailleurs, Jean Charest ne sera pas sommé de comparaître à la Commission. C'aurait été une bonne idée que Pauline Marois y fasse aussi valoir sa vision. Et que dire de Philippe Couillard qui n'a pas reçu d'invitation de la Juge Charbonneau alors que des agents de l'UPAC l'ont attendu devant la porte chez lui? Il aurait pu éclairer les fraudes alléguées de son intime Arthur Porter. Comme la mémoire des témoins, l'hospitalité de la Commission semble étrangement sélective.

Sam Hamad sera même le premier à poignarder Julie Boulet suite à ses oublis quant à l'obligation pour un ministre de Jean Charest de lever 100 000$ par année. Elle était pourtant au Parlement quand la question a été posée à répétition à Tony Tomassi; comment pouvait-elle l'ignorer, de surcroît au ministère des Transports!? Pour la trahir ainsi, en particulier sur ce sujet, Sam Hamad devait être singulièrement confiant de ne pas figurer aussi au générique de la Commission.

On apprend maintenant qu'un autre grand absent de la CEIC, argentier occulte du PLQ, proche de l'ancien Premier ministre, Marc Bibeau a été contraint de se confier aux procureurs. On ne saura toutefois jamais ce qu'il a révélé. Privé et scellé. Quel est l'intérêt pour une commission dont la seule vertu est de faire la lumière sur la collusion, la corruption et le financement politique de procéder à des interrogatoires privés? On peut pourtant, au besoin, protéger les témoins autrement. On nous dit alors que le témoignage de Marc Bibeau n'est pas assez révélateur pour être repris sous le feu des caméras. Ginette Boivin, la Marc Bibeau du Parti québécois, sera elle interrogée publiquement après une audience privée. En revanche, ça n'exclut pas que Marc Bibeau soit aussi l'objet d'un de ces fameux « blâmes » de la Juge Charbonneau, à l'instar donc de Julie Boulet, Nathalie Normandeau, du Parti libéral, du Parti québécois ou de l'Action démocratique du Québec. On s'explique mal que le témoignage d'un responsable du financement libéral, qu'il faut contraindre à témoigner et qui pourrait être l'objet d'un blâme, ne soit pas digne du petit écran.

Être nommé lors des audiences de la Commission Charbonneau ou, pire, y comparaître peut causer des dommages et un préjudice importants à ceux et celles qui en sont l'objet. Prenons donc le cas de Julie Boulet. Jetée en pâture à la Commission par un premier ministre hostile depuis cette lointaine affaire d'échantillons offerts gratuitement à la pharmacie de Mme Boulet, il lui en coûtera un premier siège de ministre. On a dit de ces créatifs « blâmes » qu'ils étaient sans effet ni conséquence. Vraiment? Imagine-t-on Julie Boulet solliciter un emploi dans le secteur privé affublée de ce grelot au mollet? Croit-on que le Parti libéral du Canada, qui aurait remporté le siège de Trois-Rivières avec une telle candidature, la reluque encore du coin de l'œil? Entretient-on encore la lubie d'un retour de Julie Boulet au Conseil des ministres? La bouillante députée de Laviolette a fait ce qu'on attendait d'elle. Elle s'est sacrifiée pour protéger son parti puis s'est faite discrète et docile, tout ça dans l'espoir d'être réhabilitée dans les bonnes grâces de Philippe Couillard. L'exclusion de Julie Boulet du Conseil des ministres est une insulte, son abandon aux mains de la Commission Charbonneau une trahison et ce blâme une mise à mort politique.

Pendant ce temps, en Mauricie, des entreprises ferment, des emplois se perdent, des projets et ressources sont déplacés vers des régions qui figurent mieux dans les plans du PLQ, et Bécancour se ratatine. Le ministre responsable de la région, Jean-Denis Girard, est un type sympathique. Il fait un intéressant travail de représentation du gouvernement auprès de certains milieux économique, il livre les messages des patrons Daoust et Couillard dans la région, il ne fait de mal à personne, mais de bien pas davantage. Son mentor, le maire de Trois-Rivières Yves Lévesque, s'en impatiente de plus en plus ouvertement.

On peut ne pas aimer le style à l'emporte-pièce de Julie Boulet, sa démagogie et ses crises puériles au Salon bleu, ses maladresses et ses oublis devant la Juge Charbonneau, ses attaques sur la fermeture de Gentilly 2 alors que son propre gouvernement avait pris cette même décision sans le courage de le dire ou de compenser par un fonds de diversification économique, mais on lui concédera ceci : Julie Boulet est combative, dévouée à sa région et appréciée de ses électeurs. Dans une région comme la Mauricie qui est représentée en entier par cinq députés libéraux à l'Assemblée nationale, ce sont des vertus qui font gravement défaut.

Le Pacte fiscal en travers de la gorge des municipalités, la Loi 3 taillée sur mesure pour le duo Coderre-Labaume, l'abolition des CRÉ, le démembrement des CLD, une entente avec la Caisse (CDPQ) qui canalisera l'argent de nos retraites vers les infrastructures de Montréal, le dénigrement des commissions scolaires et la centralisation entre les mains du ministre de la Santé, une honteuse complaisance envers Produits forestiers Resolu en Mauricie, une austérité inspirée des pires échecs en Europe, tout fait de ce gouvernement, volontairement ou non, un adversaire des régions du Québec. Qu'on soit libéral ou pas, on doit admettre que Julie Boulet a été instrumentalisée par son propre parti et que la Mauricie a plus que jamais besoin qu'elle soit conviée de nouveau, au nom des régions, à la table du Conseil des ministres. Il y en a des pires sur les banquettes arrière des voitures de fonction.

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