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C’est très difficile d’être radical dans une petite région parce qu’on finit tous par se croiser à l’épicerie dans l’allée des radis.
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Geshas via Getty Images

Dernièrement, j'ai été au front plus souvent qu'à mon tour pour défendre vigoureusement le retour du guichet automatique de Ripon. En allant au bout des choses et en dénonçant les agissements de ma caisse locale et même du mouvement en général, je me suis fait coller l'étiquette de radical par plusieurs personnes. La leçon d'aujourd'hui portera donc sur les radicaux.

Commençons par le commencement. Qu'est-ce qu'un radical? Le terme « radical » vient du latin « radicalis » qui vient lui-même de « radix » et qui veut dire « racine ». En maths, le radical est la racine carrée positive d'un nombre. Prenons le cas d'une surface carrée qui aurait 25 m de superficie. Chercher le radical en viendrait à chercher la longueur des côtés du carré. En appliquant la racine carrée, on trouverait que les côtés mesurent 5 m. Chercher le radical c'est un peu délimiter le contour. En philosophie, être radical, c'est justement s'intéresser aux bases d'une situation ou d'un système et à remettre le contour en question.

En philosophie, être radical, c'est justement s'intéresser aux bases d'une situation ou d'un système et à remettre le contour en question.

Dans le cas des retraits de guichet, et de la gestion de la caisse en général, je suis un radical...

Qui a déjà mangé de bons radis de jardin (il s'en va où avec celle-là?) ? Le mot « radis » vient aussi du latin « radix » (racine). Quand on cultive des radis, on ne sait jamais quelle sera la taille de nos radis. Par ailleurs, s'ils manquent d'eau, les radis pourraient être très piquants. La seule façon de le savoir c'est d'oser les sortir de terre et de les goûter. Être un radical, ça veut aussi dire parfois déterrer, retourner la terre, afin de miroiter ce qu'il y a en dessous. C'est très difficile d'être radical dans une petite région parce qu'on finit tous par se croiser à l'épicerie dans l'allée des radis. Être radical, c'est d'aller au fond des choses. En ce sens, je suis un radical, même s'il faut parfois se salir les mains pour retourner la terre...

Pourtant, être radical peut être extrêmement utile quand vient le temps de décortiquer un argumentaire. Examinons ici les deux arguments qu'on me lance souvent par rapport aux guichets :

Premier argument :

« Le guichet n'était pas rentable, alors on doit le couper » (dans le cas de Ripon c'était supposément moins 35 000$/année)

Prenons le tout à la racine... La proposition ici est drôlement formulée parce qu'elle incite à faire penser qu'il faut que les guichets automatiques soient rentables... Pire encore, elle nous amène à penser qu'il y a des guichets rentables et d'autres qui ne le sont pas ! Les guichets ne peuvent pas être « rentables » au premier degré, car ils sont en fait un service. Prenons l'exemple de l'école, le gouvernement reçoit des impôts et offre à la population des écoles. Chacune des écoles au Québec ne fait que coûter de l'argent. Est-ce que suivant la même logique on devrait couper toutes les écoles du Québec ? La caisse quant à elle nous prend avec raison de l'argent sur les intérêts de nos prêts, sur des frais d'administration, et nous prend une partie des intérêts de nos investissements afin de payer son offre de service globale.

La vraie question dans la rentabilité du guichet, c'est plutôt la suivante :

« Est-ce que la caisse est en mesure d'inclure des guichets dans les régions éloignées dans son offre de service ? » La réponse à cette question est oui.

Deuxième argument :

« La caisse n'a pas le choix de procéder comme cela parce qu'elle doit être concurrentielle avec les autres banques »

La racine, l'essence de cette proposition nous amène un prêt-à-penser que c'est en délaissant le modèle coopératif et en calquant le modèle des banques, qu'elle deviendra enfin stable et concurrentielle.

Pauvre petite caisse.

Selon l'agence Bloomberg, la caisse était en 2015 la cinquième institution financière la plus solide au monde. Toujours selon ce classement, elle serait dépassée en fait par une institution chinoise, une japonaise, une de Singapour et une de l'Arabie Saoudite. C'est donc dire que Desjardins ne serait pas seulement l'institution financière la plus solide du Canada, ni même de l'Amérique, mais elle serait la plus solide de tout l'Occident...

La présence physique de la caisse dans les régions lui offrait pratiquement un monopole... Qu'est-ce qui fait en sorte que c'est si pressant de les fermer?

L'an dernier, avant la fermeture des guichets en région, la caisse a fait le plus grand excédent de son histoire... Pas un excédent 2%, 3% ou 5% plus gros... Un excédent de 21% plus gros! Avant les derniers retraits de guichets. La présence physique de la caisse dans les régions lui offrait pratiquement un monopole... Qu'est-ce qui fait en sorte que c'est si pressant de les fermer?

Bref, être un radical, c'est ne pas accepter d'office l'état des choses. D'après vous, Alphonse Desjardins n'était-il pas un radical lui-même?

Membres de la caisse, tous ensemble, ayons le courage d'aller au fond des choses. Déterrons et remuons le terreau. Impliquons-nous collectivement pour y déterminer ce que nous y sèmerons!

Et vous... dans toute cette histoire êtes-vous un radical?

Avril 2018

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