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Val-Jalbert, site patrimonial en péril

Voilà où on en est. Malgré toutes nos représentations, nos manifestations, malgré l'abolition du programme des petites centrales, malgré l'avis défavorable du Conseil du patrimoine, le projet de la minicentrale hydroélectrique de Val-Jalbert va de l'avant. Et s'apprête à dénaturer un des plus beaux sites patrimoniaux de la province.
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Agence QMI

Le site patrimonial du Village historique de Val-Jalbert, et sa spectaculaire chute Ouiatchouan d'une hauteur de 72 mètres, sont situés à quelques kilomètres de la ville de Roberval, au Lac St-Jean. Ancien site d'une pulperie de pâte mécanique au début du XXe siècle, la fabrication de la pâte y a été abandonnée en 1927, le moulin a fermé et la population abandonna progressivement le village.

Le site est aujourd'hui la deuxième attraction touristique du Lac St-Jean et sa destinée a été tour à tour gérée, depuis 1960, par l'Office québécois du Tourisme et la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ). Il est désormais propriété de la Municipalité régionale de Comté (MRC) du Domaine-du-Roy qui en est le gestionnaire via la corporation du Parc Régional de Val-Jalbert.

En 1996, le ministère québécois de la Culture et des Communications décida d'en faire un site patrimonial et de le classer comme tel. Fait à noter, ce classement est le plus haut degré que le ministère peut accorder à un site.

En octobre 2009, la Société de l'énergie communautaire du Lac St-Jean annonçait son intention de construire une centrale hydroélectrique de 18,3 mégawatts à côté de la vieille usine, et d'ériger un barrage en amont de la chute Ouiatchouan. Le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) est venu entendre les commentaires des citoyens de Roberval et des environs aux mois de mars et avril 2012. 75% des mémoires déposés étaient contre le projet de barrage. Malgré tout, le BAPE remit un rapport favorable au promoteur le 13 juillet 2012.

Ce blogue s'adresse à tous ceux et celles qui se sentent concernés par la préservation du patrimoine et par la lutte contre des décisions insensées et contraires au bon sens commun.

La chute Ouiatchouan est le deuxième site touristique le plus visité au Lac St-Jean après le zoo de St-Félicien. La majorité des touristes viennent à Val-Jalbert pour voir la chute, c'est elle la grande vedette du site. Le promoteur veut quand même modifier et dénaturer cette merveille de la nature en promettant, pendant les jours de la période touristique, un maigre débit esthétique de 7 m3/s, soit la moitié du débit moyen estival auquel les touristes sont habitués. Plus encore, la nuit et pendant les six mois d'hiver, le promoteur ne garantit qu'un famélique débit ''écologique'' de 0,3 m3/s soit l'équivalent d'un chauffe-eau domestique standard.

Dans le tronçon court-circuité vit pourtant une population d'ombles de fontaine de belle taille... jusqu'à 700-800 grammes. Mais il ne faut pas aborder ce sujet avec le promoteur ou les autorités gouvernementales, l'affaire est promptement évacuée. D'ailleurs, les firmes de génie-conseil (BPR et Dessau), qui ont effectué l'étude d'impact, n'ont même pas pris la peine d'échantillonner les populations du bief court-circuité... qui constitue pourtant une étape fondamentale de toute étude d'impact qui se respecte.

En septembre 2012, la Coalition pour Sauver la chute Ouiatchouan à Val-Jalbert (CSOV), en collaboration avec la Fondation Rivières, a décidé: de contester le bien-fondé de ce projet, de tout mettre en œuvre pour préserver la chute Ouiatchouan et de s'assurer que l'intégrité du site patrimonial de Val-Jalbert soit respectée.

5 décembre 2012. Le conseil des ministres a adopté, sur division marquée, le décret autorisant la construction de la centrale et du barrage sur le site du Village historique de Val-Jalbert. Et ce malgré un avis du Conseil du patrimoine qui soulevait plusieurs points litigieux, notamment le faible débit écologique et la piètre acceptabilité sociale à l'égard du projet. Cette acceptabilité sociale est pourtant une condition sine qua non pour qu'un projet de cette envergure aille de l'avant.

Début 2013, un sondage effectué par une firme indépendante révèle que 53% de la population du Lac St-Jean s'oppose au projet de barrage. Malgré tout, le promoteur n'en tient pas compte.

5 février 2013. La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, met fin au controversé programme des petites centrales hydroélectriques, tout en maintenant le projet Val-Jalbert. C'est la consternation chez les opposants.

7 février 2013. Le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs émet le certificat d'autorisation permettant au promoteur d'effectuer des travaux préliminaires tels que : déboisement, excavation de l'assise de la centrale, excavation en rive droite de la rivière du portail aval du tunnel d'amenée d'eau.

11 février 2013. Début des travaux : machinerie et travailleurs se présentent sur le site.

12 février 2013. Déni de démocratie de la part de la MRC Domaine-du-Roy et de son préfet, Bernard Généreux. Des opposants se voient interdire l'accès à la réunion du conseil de la MRC et ce malgré l'illégitimité d'une telle pratique. Illégitimité et peut-être illégalité !!! M. Généreux n'en est pas à un déni de démocratie près. À au moins deux reprises, il a levé la séance de l'assemblée quand il trouvait que les questions des opposants étaient trop embêtantes.

Voilà où on en est. Malgré toutes nos représentations, nos manifestations et nos multiples présences dans les médias, malgré l'abolition du programme des petites centrales, malgré l'avis défavorable du Conseil du patrimoine, la machinerie est présentement sur le site et s'apprête à dénaturer un des plus beaux sites patrimoniaux de la province.

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