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Vraies images d'états faussés, Isabelle Hayeur

Isabelle Hayeur est une photographe et vidéaste très active. Si bien que l'on a parfois l'impression de voir un grand nombre de ses travaux, et ce assez régulièrement. Mais la raison en est qu'elle travaille beaucoup. Déjà, en cette année à peine entamée, elle est en résidence en Nouvelle-Orléans, invitée dans le cadre du programme...
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Denis Lord

Isabelle Hayeur est une photographe et vidéaste très active. Si bien que l'on a parfois l'impression de voir un grand nombre de ses travaux, et ce assez régulièrement. Mais la raison en est qu'elle travaille beaucoup. Déjà, en cette année à peine entamée, elle est en résidence en Nouvelle-Orléans, invitée dans le cadre du programme Ebb & Flow Artist-in-Residence. De plus, elle participe aux expositions de groupe Ecotopia, à la Southern Alberta Art Gallery; Formerly Exit Five: Portable Monuments to Recent History, à la Art Gallery of Grande Prairie (Alberta); R.U.R. à The Soap Factory, de Minneapolis et Au milieu de nulle part, au Centre culturel canadien à Paris. Elle doit aussi se préparer à une exposition individuelle intitulée Corps étranger, à galerie La Chambre de Strasbourg.

Les œuvres réunies par Marcel Blouin dans le cadre de l'exposition Vraisemblances ne sont pas nouvelles. Il s'agit de pièces déjà montrées, dont certaines, assez récemment. Elles ont toutes été créées entre 2003 et 2012; il s'agit d'extraits des séries Destination, Maisons modèles, Excavation et Underworlds. Mais l'exposition nous permet de faire un tour d'horizon de toutes celles-ci et il est vrai que cette occasion de mise en commun ne nous a pas encore été réellement offerte. C'est sans compter le fait que nous sont présentés de concert le travail photographique et les créations vidéographiques.

Les voir ainsi permet de constater une chose, plus évidente que jamais dans ce rassemblement; il y a, chez Hayeur, un véritable travail de sonde doublé d'une fascination pour les tréfonds. De nombreuses pièces semblent attirées par la profondeur et l'enracinement des paysages. D'autres assemblent des éléments de la scène montrée dans un impossible partage, comme si des hors scènes en venaient à être convoqués pour former une scène impossible, intenable. Les retournements de terrain, la terre exhibée des Excavation dialoguent allègrement avec les images sous-marines de Underworlds. Les paysages de Destination accumulent les composantes de lieux divers qui ne semblent pas pouvoir tenir dans un seul écosystème. Les Maisons modèles aux prénoms de femmes paraissent étrangement fermées à toute habitation possible. Parce que certaines de leurs parties semblent avoir été rapportées. Il en va comme si Isabelle Hayeur cherchait sans cesse à nous faire regarder ce qu'il peut y avoir sous et derrière l'apparence des choses. On peut en conclure que, sur la lisse surface de l'image, rien n'arrive véritablement à bien tenir. Il faut aller outre. Il faut en arriver à faire émerger en l'image ce qu'elle cache derrière ce qu'elle montre.

Les paysages que nous voyons en chacune sont loin de tout bucolisme. On pouvait encore s'y tromper à la vue de certaines des œuvres moins récentes, mais, déjà, dès Excavation, il devenait évident que les sites naturels saisis n'étaient pas de pures représentations idéales, mais de ces lieux que les hommes habitent et transforment; et pas pour le mieux, comme on le comprend avec Underworlds.

Bref, il y a, en toutes et pour toutes séries, telle qu'exhibée par la photographe dans cette émergence d'images autres, complémentaires à celle qui est en surface, une intenabilité. Elle est celle des lieux puisque d'autres viennent assaillir celui qui est offert; celle de l'image qui ne renvoie désormais à aucune source précise, mais à un ensemble de référents, combinés; et, enfin, celle de notre monde alors que ce télescopage de différentes vues montre une certaine non-viabilité en progression. Ce monde auquel nous disons tenir tant ne saurait encore longtemps se maintenir ainsi.

À le voir ainsi effiloché, malaisément remembré dans les images d'Isabelle Hayeur, on ne pourra plus en douter.

Isabelle Hayeur, Vraisemblances (De vraies fausses images ou de l'inévitable fabrication de la représentation), Centre Expression, St-Hyacinthe, du 26 janvier au 21 avril 2013.

La vidéo Castaway fait partie de l'exposition en cours à EXPRESSION. Elle a été filmée dans les eaux du Witte's Marine Salvage à Staten Island (New York). Ce lieu est le plus grand cimetière de bateaux de la côté est de l'Amérique et rassemble bon nombre d'épaves en tous genres et de toutes époques : traversiers, barges, bateaux de pêche, même de vieux remorqueurs à vapeur.

Produite par EXPRESSION et sous le commissariat de Marcel Blouin, l'exposition sera également présentée au Musée Régional de Rimouski du 16 juin au 15 septembre 2013. Elle sera accompagnée d'une publication coéditée par les deux institutions muséales.

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