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Je n'ai pas perdu mon temps en Écosse

Ai-je vécu un référendum par procuration? Suis-je un indépendantiste en mal de pouvoir reproduire l'événement chez moi? À ces deux questions, je réponds sans équivoque, oui. Tout à fait.
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Permettez-moi ce genre de petite didascalie littéraire... Chronique à lire, si possible, en écoutant Spiegel im Spiegel d'Arvo Pärt. Ce morceau sublime joue en boucle. Apaisant. On ne peut nier la douleur de ces lendemains qui déchantent! Et pourtant...

À quoi tout cela aura-t-il servi?

Refonder ma conviction que «rien n'est plus précieux que la liberté et l'indépendance...» Voilà qui résume le mieux, il me semble.

Et la fierté de ce peuple, de ces gens engagés... Ils y ont cru, ils y ont touché. Je les ai vus, y croire, y travailler, avec conviction. J'ai trouvé ça beau. Inspirant. Car s'il est une chose dont notre époque manque, c'est bien de gens inspirants, de gens qui croient en quelque chose de commun, qui y travaillent, qui tendent vers un but, en solidarité.

Défendre des convictions est un art d'imperfection. On se met à nu devant ceux qui préfèrent aller nulle part, devant d'autres aussi qui s'accrochent à l'immobilisme, qui sont perméables aux arguments de la peur, de l'inertie, du statu quo.

S'il est une chose dont manque aussi notre époque, c'est bien d'inspiration. Car ils ont été inspirants les gens d' ici. Quelle joie de pouvoir discuter, passionnément, avec des étrangers qui, l'instant du partage de l'intérêt d'une cause commune, deviennent des alliés.

S'il est une chose dont manque également notre époque, c'est justement de plus de fraternité. J'ai senti ça ici. Une fraternité réelle, sincère, partagée. Un projet commun. Quand j'abordais une personne au hasard dans la rue, lui demandant pourquoi elle portait le Yes bleu, pourquoi elle osait appuyer l'indépendance, jamais de réponses courtes. C'est bien là le problème de défendre des convictions, ça ne s'explique pas au bout d'un «non».

Ai-je vécu un référendum par procuration? Suis-je un indépendantiste en mal de pouvoir reproduire l'événement chez moi? À ces deux questions, je réponds sans équivoque, oui. Tout à fait.

Je suis très fier d'avoir eu la chance d'être ici pendant ce moment de grande intensité. C'est avant tout le démocrate en moi qui sort le plus grandi de l'expérience. Quand j'entends un membre du Parti libéral du Québec dire que la place d'un député n'est pas à Édimbourg, mais bien à l'Assemblée nationale, je lui réponds qu'ils l'ont tellement déshonorée cette enceinte que ce sont eux qui auraient dû être ici, afin de constater de visu à quel point cet exercice démocratique a été conduit selon les plus hauts standards.

L'indépendantiste en moi est encore plus convaincu que jamais que cette conviction est juste, légitime et qu'elle doit être défendue avec vigueur, intelligence, dans l'action, de façon décomplexée, mais aussi dans le respect de l'opinion de ceux qui ne la partagent pas. C'est essentiel. C'est ce que j'ai vu ici. Dans les deux camps. C'est très précieux et ce n'est certes pas à l'Assemblée nationale et surtout pas au PLQ qu'on ne retrouverait ça.

Vivre un tel exercice démocratique, paradigme à partir duquel on définit les nations, est un privilège. Aussi, ai-je la conviction que les indépendantistes doivent maintenant, et vigoureusement, réhabiliter la nature de l'exercice référendaire chez nous. Nos adversaires n'ont de cesse de nous définir négativement, de pervertir le sens étymologique des mots afin de nous coller des épithètes mensongères. Les mots «indépendance», «référendum», «laïcité», «identité» et combien d'autres ne doivent plus être tabous, pas plus que l'acte de lever le poing en l'air pour manifester nos convictions légitimes.

Non, vraiment, je n'ai pas perdu mon temps ici. Tout cela me sera bien utile...

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