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Respirer. Quoi de plus banal, de plus normal. Et pourtant. On expire, mais on oublie d'inspirer. Expirer, c'est donner, laisser sortir, aller vers l'extérieur alors qu'inspirer c'est recevoir, faire le plein, prendre.
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Respirer. Quoi de plus banal, de plus normal. Et pourtant.

Et pourtant, on est dans une ère où on s'essouffle sans cesse.

Où on manque de souffle, où on suffoque sous la tonne de responsabilités, de choses à faire, de choses qu'on devrait faire, de choses qu'il faut faire. On s'essouffle, on manque d'air... tant d'expressions qui renvoient à la respiration.

On expire, mais on oublie d'inspirer. Expirer, c'est donner, laisser sortir, aller vers l'extérieur alors qu'inspirer c'est recevoir, faire le plein, prendre.

On vit dans une société égoïste? Je ne sais pas. Ce n'est pas ce que je perçois dans mon entourage, dans mon milieu, dans mon domaine lorsque je constate le nombre d'individus à bout de souffle, qui expirent en oubliant d'inspirer.

Ce que j'observe, ce sont des individus qui donnent avant de se donner à eux-mêmes. Qui se donne littéralement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien pour eux.

On expire beaucoup, dans la vie. Et on oublie de respirer. Moi, par exemple, il m'arrive de cesser de le faire sans m'en rendre compte lorsque je suis très concentrée. Et vous remarquerez: la plupart d'entre nous le font aussi à l'évocation de souvenirs douloureux, de blessures pas tout à fait cicatrisées. À croire qu'on cesse d'exercer la fonction vitale la plus primitive pour cesser momentanément d'exister, pour ne pas que ce souvenir, que cet événement soit réel. Bon, je divague, je philosophe. Mais ça vaut le coup d'y réfléchir, non?

L'expiration, donc. Vous n'avez qu'à regarder le nombre de dépression, de burnout, de troubles psychopathologiques. (Bon, vous me direz que depuis le DSM-V, quasi tout le monde présente des critères diagnostiques d'au moins un trouble.)

Burnout et dépression, pour moi, c'est du pareil au même. Le premier est peut-être plus «politically correct», moins menaçant, moins apeurant pour la personne qui en souffre ainsi que pour son entourage.

Mais honnêtement, je crois que ça revient au même. Les médecins vous diront «trouble d'adaptation au stress». Trouble d'adaptation à la vie. Parce que la vie offre une succession de stress. N'en revient qu'à nous de les percevoir, des les affronter, de passer au travers ou au contraire, de figer, de fuir, d'éviter et de se faire rattraper.

La dépression, c'est la perte d'espoir. C'est ne plus croire en soi, ni en les gens, ni en l'avenir. C'est ne plus voir la lumière au bout du tunnel, c'est d'être plongé dans la noirceur sans croire que la clarté finira par revenir.

Le burnout, c'est se faire «brûler» par son travail. C'est d'expirer constamment. Mais qu'est-ce qui amène une personne à ne plus inspirer? Qu'est-ce qui amène une personne à se donner corps et âme dans le travail, jusqu'à s'oublier?

Quand on veut s'oublier, c'est qu'on a de bonnes raisons de le faire: la peur de ce qu'on trouvera en nous, la peur de se regarder en face, la peur de se décevoir, la peur de se voir tel qu'on est.

Et on travaille, on travaille et on travaille encore. Ça fonctionne un certain temps jusqu'au jour où boom! Un mur. On le voyait venir depuis belle lurette sans vraiment vouloir le voir, sans vraiment vouloir y croire. Mais c'était inévitable.

Pour éviter d'en arriver là, arrêtons-nous un instant, ne serait-ce que pour respirer. Pour s'ancrer dans le moment présent. Pour donner et recevoir. Pour atteindre l'équilibre. Si c'est difficile à faire pour voir, c'est peut-être un signe que vous êtes en route vers le mur maudit.

Bonne respiration.

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