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«L'Avare» de Molière et de Claude Poissant

Une multitude de petits détails de mise en scène délicatement délirants agrémentent cette œuvre très réussie.
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Directeur artistique du théâtre Denise-Pelletier, et merveilleux metteur en scène, Claude Poissant n'a pas son pareil pour ajouter le petit grain de folie qui transforme une pièce classique en une œuvre contemporaine des plus rafraichissantes. On rit beaucoup dans cette nième reprise de L'Avare, grâce au texte et aux quiproquos de l'intrigue de Molière, bien sûr, mais aussi grâce au côté décalé de la mise en scène, de ses décors, des costumes à peine extravagants de ses personnages, de sa belle musique et de ses petites chorégraphies délicieuses dont Claude Poissant a le secret...

L'Avare, c'est le bien connu Harpagon, un vieux veuf qui n'a pas que la cupidité comme défaut. Il n'aime pas ses deux grands enfants, il est bête et méchant, crédule, égoïste... prétentieux, aussi, lui qui, malgré sa vieillesse et sa laideur, envisage son remariage avec une jeune femme, Marianne, de l'âge de son fils Cléante. Or c'est justement Cléante qui en est amoureux. Sa fille Élise, elle, aime Valère, l'intendant d'Harpagon. Mais dans le seul but de s'enrichir et de contenter pleinement son égo, Harpagon envisage d'autres mariages que ceux qu'espèrent ses deux enfants. Et ce sont treize personnages (joués par dix acteurs) qui s'agitent pendant près de deux heures sans entracte pour dénouer une intrigue pleine de rebondissements, et qui se terminera finalement dans le contentement de tous.

Sur une variation du magnifique 2e trio de Schubert, en partie interprétée sur scène par un piano et un violon, les dix acteurs excellents (dont Gabriel Szabo absolument génial dans le rôle de La Flèche) sont revêtus de costumes insensés comme l'ensemble de la mise en scène, et déclament la prose de Molière en y ajoutant tout un jeu de scène extrêmement réussi, l'ensemble au sein de décors simples, mais changeants et très astucieux : le second acte montre Harpagon en quasi-Oncle Picsou dans la cave qui contient tout son or. Mais plutôt que de l'or qui envahit son salon, Harpagon ne possède qu'une cassette qu'il dissimule dans son jardin et dont la crainte du vol l'obsède en permanence.

Une multitude de petits détails de mise en scène délicatement délirants agrémentent cette œuvre très réussie.

Une multitude de petits détails de mise en scène délicatement délirants agrémentent cette œuvre très réussie. Dame Claude, par exemple, la servante d'Harpagon est jouée par un homme. Certains autres serviteurs reçoivent des gifles perdues dans le genre de comique que l'on connait pour des clowns de cirque. Les personnages sont soudain pris d'une envie irrésistible de danser et exécutent devant les spectateurs éblouis des petites chorégraphies savoureuses et pleines d'humour. Et tout est un peu déjanté, habilement, avec des personnages sérieux et qui n'ont pas du tout envie de rire, eux, mais qui doivent supporter la tyrannie de l'Avare et tenter de négocier au mieux avec elle.

Mise en scène de Claude Poissant

Production Théâtre Denise-Pelletier

Avec Simon Baulé-Bulman, Jean-François Casabonne, Samuel Côté, Sylvie Drapeau, Laetitia Isambert, Jean-Philippe Perras, Bruno Piccolo, François Ruel-Côté, Gabriel Szabo, Cynthia Wu-Maheux

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