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Réponse à Bernard Drainville

J'espère que les critiques que je m'apprête à émettre ne seront pas perçues comme un geste de fermeture à la collaboration avec les indépendantistes de tous les partis, mais plutôt comme une réponse positive à l'invitation à débattre qui nous est lancée.
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Jeudi dernier, M. Bernard Drainville écrivait une lettre ouverte publiée dans Le Devoir invitant tous les indépendantistes, dont les membres d'Option nationale, à prendre leur carte de membre du Parti québécois et à contribuer à le rebâtir. Dans sa lettre, il désignait le Parti québécois comme le meilleur lieu pour tenir les débats qui s'imposent dans le mouvement indépendantiste. Ce n'était pas la première fois que nous recevions une telle invitation publique de la part d'un membre en vue du PQ, mais c'était la première fois qu'elle s'accompagnait de compliments. Le changement de ton est remarqué et apprécié. Je salue également la volonté exprimée par M. Drainville de faire croître l'appui au projet d'indépendance.

J'espère que les critiques que je m'apprête à émettre ne seront pas perçues comme un geste de fermeture à la collaboration avec les indépendantistes de tous les partis, mais plutôt comme une réponse positive à l'invitation à débattre qui nous est lancée.

Le projet ne mobilise plus?

Dans sa lettre, M. Drainville souligne que « le projet indépendantiste ne mobilise plus comme avant. » Il faut faire attention avant de relayer ce genre d'affirmation, qui est habituellement utilisée par nos adversaires pour nous discréditer. De toute façon, à quelle période réfère ce « comme avant »? Avant Noël dernier, un sondage exprimait, après répartition des indécis, un appui de 44 % à l'indépendance. C'est 1 % de plus que l'appui à la même question en 1995, juste avant la campagne référendaire. À moins qu'on ne fasse référence aux sommets de la mobilisation militante qu'a connus le mouvement souverainiste chaque fois que l'indépendance devenait une possibilité réelle dans un horizon rapproché parce que le PQ s'engageait sérieusement à la réaliser? Si c'est le cas, c'est vrai, mais il n'y pas là de grand mystère.

Contre le monopole du débat

Je suis parfaitement d'accord avec M. Drainville lorsqu'il dit que les années à venir représentent une « occasion en or » de débattre. Cela dit, si le PQ était le meilleur lieu possible pour tenir ces débats, si c'était véritablement un parti dont les membres pouvaient faire ce qu'ils voulaient, comment expliquer le désengagement progressif opéré par rapport à son article 1 depuis le dernier référendum? Si sa démocratie interne était si accessible, comment expliquer que les changements d'orientation stratégique ne puissent y survenir qu'au moment où il y a changement de chef? S'il est vrai que le débat entre indépendantistes doit avoir lieu et que le PQ en sera un acteur majeur, il ne serait pas sage de lui en laisser le monopole.

La portion des militants d'ON qui proviennent du PQ ont tenté de changer ce parti de l'intérieur pendant presque deux décennies sans succès. Ils se sont fatigués de militer pour l'indépendance à l'intérieur de leur propre parti; ils ont choisi de le faire auprès de la population directement. Nos militants sont indépendantistes. Aux prochaines élections, ils vont militer pour le parti qui sera le plus franc et le plus résolu dans sa démarche indépendantiste, quel qu'il soit.

Renouveler la confiance

Pour gagner la confiance de la population et des militants indépendantistes en général, il faudra faire plus que de simplement les inviter une autre fois à joindre votre organisation. Vous devrez montrer ce que vous êtes prêt à risquer au nom d'une cause commune. Jusqu'où serez-vous prêt à vous mettre en jeu? À quel point serez-vous capable de vous retirer derrière l'objectif politique qui donne un sens à tout ce désir de liberté? Quel acte pourra démontrer cette éthique? Parce que les paroles... personne n'y croit plus. Abandonner la prétention à un monopole du mouvement indépendantiste serait un bon départ. C'est une idée qui rassemblera les indépendantistes, pas une organisation.

Invitation réciproque

C'est avec enthousiasme que je discuterai et débattrai avec vous. J'espère que vous accepterez de le faire même si je ne prends pas ma carte de membre du PQ. Mais pour commencer cet échange, il faudrait que vous nous disiez ce que vous allez proposer pour revigorer le mouvement indépendantiste. Le débat est commencé depuis longtemps déjà; il est temps de se mouiller pour vrai.

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