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Crise des réfugiés de Syrie: les pays les plus riches doivent se montrer solidaires

Cela fait bientôt quatre ans maintenant que le conflit syrien s'invite sur nos écrans de télévision, dans les journaux, sur Internet. Nous ne pouvons pas faire comme si ce drame n'existait pas.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

C'est un dessin sur lequel on voit un personnage de toute petite taille, d'aspect fragile, avec une minuscule clé dans la main pour ouvrir un cadenas énorme, monumental. Oeuvre du célèbre caricaturiste et militant syrien de l'opposition Ali Ferzat, ce dessin satirique illustre parfaitement le défi posé au niveau mondial par la situation de plus en plus dramatique des réfugiés syriens.

On ne saurait mieux illustrer l'écart monstrueux entre ce qui constitue l'une des plus graves crises en matière de réfugiés de l'histoire et la réponse complètement inadéquate de la communauté internationale.

En Syrie, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le conflit sanglant a déplacé pas moins de 7,6 millions de personnes dans le pays. Environ 4 millions d'autres ont fui à l'étranger.

Parmi ces réfugiés, 95 % vivent actuellement en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Égypte. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a identifié au moins 380 000 d'entre eux comme ayant besoin de toute urgence d'être réinstallés dans un pays tiers pour recommencer à vivre en recevant l'aide dont ils ont besoin. Il s'agit notamment de personnes vulnérables qui ont survécu au viol et à la torture, d'enfants non accompagnés et de personnes qui n'ont pas accès aux soins médicaux dont elles ont terriblement besoin.

Dans une tragédie de pareille ampleur, nous pourrions ne voir que des chiffres et oublier les êtres humains qui se trouvent derrière eux. Laissons donc la parole à une réfugiée syrienne. Nadia, âgée de 47 ans, a fui la Syrie toute seule avec son fils pour se réfugier en Jordanie. Son mari est mort il y a 10 ans. Voici son témoignage.

« Nous avons quitté Homs à cause du conflit. Nous ne sommes pas en sécurité là-bas. Je ne pouvais pas envoyer mon fils à l'école. [...] J'avais très peur. Mon fils était terrifié par le bruit des bombes. [...] J'avais peur pour mon fils, alors je l'ai emmené, nous sommes venus en Jordanie. ..] Mon frère travaillait en Jordanie et nous a aidés à venir, mais il est mort d'un cancer. »

« En Syrie, la vie était belle. Nous avions une belle maison. «

« Ici, c'est très cher. Je ne peux même pas payer l'électricité. Nous vivons très pauvrement. [...] Parfois, je n'ai même pas l'argent nécessaire pour qu'il puisse prendre le bus [pour aller à l'école], alors il reste à la maison. Nous sommes très pauvres. Parfois, nous n'avons rien à manger.

« Je veux aller dans un autre pays pour qu'on m'aide et qu'on aide mon fils à construire un avenir. J'irai n'importe où. Je veux aller dans un pays où je ne dépendrai pas des aides. Je pleure ma vie d'avant, quand je vivais dans la dignité. Maintenant je dois mendier sans cesse [elle fond en larmes]. Je veux partir, pour l'avenir de mon fils. Il n'a pas d'amis, il n'a pas de vie. »

Dans le reste du monde également, les chiffres parlent d'eux-mêmes.

De l'Asie à l'Europe, de grands pays prospères tournent le dos aux réfugiés syriens.

Ni la Russie, ni le Japon ni aucun des six pays du Golfe n'ont proposé de réinstaller un seul réfugié syrien. Les chiffres pour un certain nombre de pays européens sont dérisoires - on peut à peine parler d'une tentative de sauver la face : 140 pour le Danemark, 130 pour l'Espagne et 90 pour l'instant pour le Royaume-Uni.

Dans de nombreux pays, les responsables politiques laissent les craintes concernant la hausse de l'immigration prendre le pas sur les considérations humanitaires.

À quelques très rares exceptions près, comme l'Allemagne, qui va accueillir 30 000 réfugiés syriens au titre de la réinstallation, la réponse du monde est honteuse.

En tout, moins d'un cinquième des places de réinstallation nécessaires ont été offertes par la communauté internationale. L'immense majorité des Syriens qui ont besoin d'aide sont abandonnés dans le froid.

Cela fait bientôt quatre ans maintenant que le conflit syrien s'invite sur nos écrans de télévision, dans les journaux, sur Internet. Nous ne pouvons pas faire comme si ce drame n'existait pas.

Face à une telle tragédie, nous pourrions parfois nous sentir submergés, démunis, ne sachant pas comment aider. Il y a quelque chose que nous pouvons faire, cependant.

Nadia, son fils et le reste des 380 000 réfugiés qui ont besoin d'être réinstallés attendent qu'on leur offre un nouveau foyer, et un peu d'espoir, dans un autre pays.

Il est temps, maintenant plus que jamais, que le monde montre clairement qu'il est prêt à accueillir des réfugiés syriens.

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