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Réparer le système de santé québécois ou en changer?

Comment se fait-il que l'on soit encore à débattre de l'évidence? On ne peut pas réparer le système de santé québécois, on doit le changer, en commençant par définir clairement les rôles de chacun.
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Depuis trente ans, il y a eu au moins une demi-douzaine de rapports d'experts pour diagnostiquer les pathologies du système de santé québécois et suggérer des solutions. Ils ont tous connu le même sort, la tablette.

Se fiant à la caste des fonctionnaires qui gèrent le système, les gouvernements successifs ont multiplié les réorganisations et la prolifération des structures, en vain. Au cours des 10 dernières années, les dépenses du gouvernement en santé ont augmenté de 167 %, passant de 18 milliards à 30 milliards. On se retrouve aujourd'hui avec les mêmes problèmes: 30 % de la population n'a pas de médecins de famille, les salles d'urgence débordent, les aînés congestionnent le système, mais on ne sait pas où les parquer.

Comment se fait-il que l'on soit encore à débattre l'évidence? On ne peut pas réparer le système, on doit le changer, en commençant par définir clairement les rôles de chacun.

Le rôle du gouvernement consiste à définir les objectifs (universalité, gratuité, etc.), établir les normes (qualité, délais, coûts, etc.) et surveiller leur application.

Le rôle des entreprises (privées, publiques, OSBL, coop) consiste à fournir des services de qualité à la population au meilleur rapport qualité/prix possible.

Aujourd'hui, les deux rôles relèvent du gouvernement. Le ministère de la Santé établit les normes et voit à ce qu'elles soient respectées par son monopole d'État. Dans ces conditions, croyez-vous vraiment que le ministre de la Santé va dénoncer les abus et les manquements de son ministère? Il n'y a pas de meilleure recette pour promouvoir l'inefficacité, l'immobilisme, le corporatisme, l'électoralisme, la déresponsabilisation, etc. Quiconque a géré des entreprises d'envergure connaît les limites de l'autorégulation et la capacité des monopoles à bloquer tout changement qui menace leur pérennité.

La séparation des rôles de surveillant et de fournisseur offre l'avantage d'éliminer les conflits d'intérêts inhérents à un régime d'autorégulation. Évidemment, les risques de collusion et de corruption seront toujours présents, comme nous le rappelle quotidiennement la Commission Charbonneau. Mais ceux-ci peuvent être minimisés par des vérifications indépendantes.

Les monopoles, publics ou privés, sont des organisations dont la priorité est d'assurer leur pérennité. Le monopole de la santé ne fait pas exception. Il profite avant tout aux groupes d'intérêt qui le composent: les corporations professionnelles, les bureaucrates et les syndicats. Pour eux, améliorer le système veut dire obtenir plus d'argent pour embaucher plus de bureaucrates, plus de syndiqués et plus de professionnels. Tout changement qui ne correspond pas à ces résultats est rejeté du revers de la main. J'en veux pour preuve l'hystérie des représentants de ces groupes dès qu'il est question de mettre fin au monopole public.

Le principal argument des pros-public: le privé ne cherche que le profit. Mais en quoi est-ce que la recherche du profit serait plus dommageable que la recherche de l'électoralisme et du corporatisme qui dominent le système actuel? De plus, les pros-privé ne préconisent aucunement que tous les services de santé soient fournis par des entreprises à but lucratif. L'important est d'introduire une saine concurrence entre les fournisseurs. Que ceux-ci soient publics, privés, OSBL ou Coops, importe peu.

Dans un environnement complexe qui change rapidement, la concurrence demeure le moyen le plus efficace de réglementer les intervenants et de favoriser l'innovation et la productivité. D'ailleurs, c'est justement ce que craignent les groupes d'intérêt qui défendent bec et ongles le monopole d'État, mais n'osent pas l'admettre.

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