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Trois mesures à prendre pour mettre fin à la pauvreté au Canada

La pauvreté ne fait pas que compromettre la dignité des plus démunis et les priver d'un niveau de vie raisonnable, elle nuit à tous.
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La pauvreté nuit à notre économie, altère la nature de nos villes et mine la cohésion de notre société

« Il est temps de mettre fin à la pauvreté », voilà le message diffusé à la télévision durant la période des Fêtes par l'Armée du Salut. Excellente idée de la part d'un organisme qui lutte au quotidien contre la pauvreté dans notre pays, mais est-ce réaliste?

Oui.

La pauvreté ne fait pas que compromettre la dignité des plus démunis et les priver d'un niveau de vie raisonnable, elle nuit à tous. Selon une étude menée par des économistes de renom pour le compte de l'Ontario Association of Food Banks, la pauvreté coûte au gouvernement quelque 30 milliards de dollars par année, dont une grande partie est consacrée aux dépenses en soins de santé, parce que pauvreté rime souvent avec santé précaire.

Il faut également tenir compte de l'itinérance. Plusieurs études ont révélé qu'il en coûte trois fois plus de laisser une personne dans la rue (en intermittence dans des refuges, à l'hôpital, en prison) que de lui offrir un logement et des services de soutien.

Et c'est sans compter les millions de dollars consacrés aux régimes d'aide sociale provinciaux, qui piègent les bénéficiaires avec des milliers de règles bureaucratiques. Le défunt sénateur David Croll le déclarait d'ailleurs à l'époque : « Nous versons des milliards de dollars chaque année dans un système d'aide sociale qui se contente de traiter les symptômes de la pauvreté sans toucher à la maladie elle même ».

Il est renversant que dans un pays riche comme le nôtre, une personne sur sept vive dans la pauvreté selon Statistique Canada. Pour ces concitoyens, chaque jour est un combat. Ne faisant que lutter pour s'en sortir, ces familles démunies ne peuvent même pas rêver d'une vie meilleure.

Encore plus dérangeant est le fait que plus d'un million sont des enfants, même si la Chambre des communes déclarait il y a 25 ans qu'elle éliminerait la pauvreté chez les enfants d'ici l'an 2000.

En outre, le large fossé entre la richesse et les revenus s'est creusé depuis trente ans et menace maintenant notre tissu social. Des villes où dominaient autrefois des quartiers peuplés de citoyens à revenu moyen font progressivement place à une plus grande polarisation entre des collectivités à revenu élevé et faible. De plus en plus, ces citoyens vivent d'un chèque de paie à l'autre (s'ils travaillent) et sont criblés de dettes. La Banque TD affirme dans un rapport publié récemment et intitulé « Pourquoi lutter contre l'inégalité des revenus au Canada » qu'il est temps de le reconnaître.

Soyons clairs : la pauvreté et les inégalités ne sont pas des enjeux obscurs qui ne concernent que les économistes ou les mordus de politique. Elles nuisent à notre économie, altèrent la nature de nos villes, créant des effets inégaux sur le plan de la santé et minant la cohésion de notre société.

Alors, que faire devant une telle situation? Voici trois façons de mettre fin à la pauvreté :

1. L'éducation est un catalyseur et un levier indispensables dans toute société. Bien que le Canada fasse en général bonne figure en matière d'éducation postsecondaire, certains groupes de population nécessitent une attention particulière. Par exemple, le taux de décrochage scolaire des élèves autochtones de niveau secondaire est quatre fois plus élevé que la moyenne nationale. Améliorer les taux d'alphabétisation, l'éducation de la petite enfance et le perfectionnement des compétences pour tenir compte du marché de l'emploi en constante évolution, voilà un bon investissement qui rapportera à long terme.

Et veillons à ce que les enfants n'aillent pas à l'école affamés. Ils ne peuvent apprendre le ventre vide.

2. Nous devons nous pencher sur un plan de revenu de base pour les Canadiens. Ce plan amènerait certaines personnes à ne plus vivre des coûteux systèmes d'aide sociale grâce à un système géré par l'impôt sur le revenu. Sans assurer une vie saine, cette initiative garantirait que personne dans ce pays n'est privé des besoins de base que sont des aliments nourrissants, des vêtements chauds et un logement décent. Nous avons lancé un programme identique au profit des aînés dans les années 1970, et la plupart d'entre eux se sont sortis de la pauvreté. De plus, à l'époque, une expérience menée au Manitoba appelée « Mincome » a donné lieu à une diminution des coûts liés aux soins de santé et à une hausse du taux de diplomation au niveau secondaire.

Certes des coûts de transition sont à prévoir, mais de façon générale, nous n'avons pas à investir davantage, nous devons plutôt investir plus intelligemment, et de manière plus efficiente et efficace.

3. Nous devons nous atteler à la réforme fiscale. La dernière grande révision fédérale découle de la Commission Carter dans les années 1970. Le taux d'impôt fédéral des sociétés, qui s'élevait à 29 % en 2000, est maintenant fixé à 15 % sans qu'on y voie un effet perceptible sur le taux d'emploi. Améliorons l'équité et la progressivité de notre régime fiscal, attaquons-nous aux paradis fiscaux et aux échappatoires et établissons une taxe sur le carbone.

Oui, il est temps de mettre un terme à la pauvreté et de réduire les inégalités dans ce pays riche où nous avons la chance de vivre. Il est temps d'améliorer l'égalité des chances et de mieux partager notre prospérité.

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