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La pauvreté : l'enjeu absent de la campagne électorale

Ne laissons pas passer cette occasion. La pauvreté est le lot quotidien de tant de personnes au Canada. Interpellons nos partis politiques. Obligeons-les à agir.
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Vous vous souvenez du jeu «Où est Charlie?». Pour ceux qui ne le connaissent pas, le but du jeu est de trouver Charlie dans une image remplie de personnages. Charlie est généralement vêtu de ses traditionnelles chemise et tuque rouges et blanches. Parfois, il est facile de le trouver. D'autres fois, c'est très difficile. Même un adulte met beaucoup de temps à repérer Charlie.

Or, dans la présente campagne électorale, la pauvreté est Charlie. Où est-elle? En a-t-on discuté ou débattu? L'a-t-on mentionnée seulement? Peut-être un peu, en passant, mais elle n'a jamais été le sujet principal. C'est comme si elle n'existait même pas.

Malheureusement, je sais bien qu'elle existe. Je sais que dans ce pays, 4,8 millions de personnes vivent dans la pauvreté. Je sais qu'en 2014, près de 900 000 Canadiens se sont tournés vers des banques alimentaires tous les mois et que plus d'un tiers d'entre eux étaient des enfants. Je sais que 1 Canadien sur 10 ne fait pas remplir ses ordonnances pour des raisons d'argent, ou saute délibérément des doses pour économiser.

Des personnes vivent dans la pauvreté dans toutes les régions, villes et villages du Canada. Ces personnes jonglent tous les jours avec les questions les plus terre à terre. Est-ce que j'ai assez d'argent pour payer le loyer? Si oui, est-ce que je pourrai acheter à manger? Quelle sorte d'aliments est-ce que je peux acheter? Sont-ils sains pour moi et ma famille?

Quant aux enfants, quand ils arrivent à l'école le ventre vide, ils trouvent un pupitre ou un casier sans fournitures scolaires. Beaucoup d'entre eux ne peuvent même pas participer aux excursions scolaires, parce qu'ils n'en ont pas les moyens. Les problèmes du quotidien accablent tellement ces enfants qu'ils ne peuvent même pas rêver à faire leur chemin dans la vie.

Ces personnes sont celles qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Il ne faut pas oublier que de nombreux autres Canadiens qui travaillent vivent juste au-dessus de ce seuil, mais qu'eux aussi ont du mal à joindre les deux bouts.

Pourquoi alors la pauvreté ne fait-elle pas partie des enjeux de la campagne? Pourquoi ne fait-elle pas l'objet d'un débat national?

Il est vrai qu'il a été question de logement social, et c'est une question extrêmement importante. En tant que président du groupe de travail du maire de Toronto sur le logement communautaire (TCHC), je suis conscient de l'ampleur des besoins d'investissement dans le logement social. À Toronto, 90 000 ménages sont en attente d'un logement convenable à un prix abordable. Mais il nous faut également parler des personnes qui habitent à l'intérieur des appartements.

La vérité implacable c'est que les partis politiques ne croient pas que la pauvreté soit un enjeu électoral gagnant. Il n'influence pas le vote. Ils pensent peut-être même que les personnes vivant dans la pauvreté ne votent pas, de sorte qu'ils n'ont pas à accorder la priorité à leur situation. Nous entendons plutôt parler de la fameuse classe moyenne aux contours si flous.

C'est ce que je crois, parce que, à titre de cofondateur et membre actuel du comité de direction du caucus anti-pauvreté multipartite, j'en ai été témoin. J'en ai été témoin dans les couloirs du Parlement. Nous avons tenu de nombreuses réunions de sensibilisation à la pauvreté, des réunions sur des questions comme les travailleurs pauvres, la pauvreté chez les enfants et les sans-abri. De nombreux organismes admirables sont venus nous parler de la pauvreté et de ses conséquences.

Cependant, la question ne reçoit pas l'attention qu'elle mérite. Il va de soi que d'autres intérêts et enjeux sont en présence. Des préjugés et des idées fausses entrent en ligne de compte, de même que des clivages philosophiques. Malheureusement, comme je l'ai mentionné, des calculs politiques interviennent aussi. Les partis politiques croient que la question n'intéresse tout simplement pas les électeurs. Qu'agir sur ce front ne permet pas de remporter des élections. C'est une véritable honte. Une honte nationale.

Pouvons-nous faire de la pauvreté un enjeu électoral?

Je sais que les gens ont cette cause à cœur. Je sais que les Canadiens l'ont à cœur. J'ai assisté récemment à une excellente réunion à Pembroke, en Ontario, où la collectivité se mobilise pour créer une stratégie locale de réduction de la pauvreté dans le comté de Renfrew. Des exemples comme celui-là sont nombreux partout au pays. Je sais que des organisations nationales comme Canada sans pauvreté, Banques alimentaires Canada et Citoyens pour une politique juste organisent un appel à l'action.

Mais ce n'est pas suffisant. Nous devons faire en sorte que les candidats de tous les principaux partis, dans toutes les circonscriptions, rencontrent des personnes qui vivent dans la pauvreté. Ils doivent apprendre les épreuves quotidiennes qu'elles connaissent. Ainsi, les chiffres auront un sens. Ils auront un visage. Les émotions touchent les gens. Les émotions les font agir.

Ne laissons pas passer cette occasion. La pauvreté est le lot quotidien de tant de personnes au Canada. Interpellons nos partis politiques. Obligeons-les à agir.

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