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La politique à «l'ère Star Académie»

Nous vivons vraiment dans une drôle d'ère. Tandis que des émissions commeetgénèrent des cotes d'écoute monstres et que plusieurs Québécois peuvent nous réciter par cœur la liste de tous les aspirants au titre de ces séries «divertissantes», plus d'un n'est pas en mesure d'identifier les acteurs de la politique contemporaine.
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Nous vivons vraiment dans une drôle d'ère. Tandis que des émissions de variétés comme Star Académie et Occupation double génèrent des cotes d'écoute monstres et que plusieurs Québécois peuvent nous réciter par cœur la liste de tous les aspirants au titre de ces séries « divertissantes », plus d'un n'est pas en mesure d'identifier les acteurs de la politique contemporaine. Or ce qu'on pourrait qualifier d'« illettrisme politique » a un prix...

En effet, Henry Milner de la Chaire de recherche du Canada en études électorales de l'Université de Montréal, dans La connaissance politique et la participation politique chez les jeunes Américains, Canadiens et Québécois, fait le constat : «De toute évidence, les gens possédant de bonnes connaissances sur le plan politique sont plus enclins à voter et donc à participer à la vie politique. En outre, lorsque le niveau de ces connaissances est comparé selon le pays ou, mieux encore, lorsque la proportion des citoyens est mise en relation avec le niveau minimal de connaissances requis pour faire un choix politique éclairé, il ressort que le lien étroit entre la connaissance et la participation politiques s'applique à la fois sur le plan global et individuel.» (mes soulignés)

Alors, maintenant que Pauline Marois se prépare à plonger la province en élections générales, dans l'espoir de rafler une majorité et d'ainsi mettre en branle le processus vers un troisième référendum dans l'histoire moderne du Québec - c'est une possibilité que nous ne pouvons exclure -, la question de l'illettrisme politique reprend toute son importance. Comme dans tout autre aspect de la vie, il est impossible de faire un choix éclairé en l'absence de connaissance. La politique n'échappe pas à cette réalité implacable, bien au contraire...

Ce n'est pas pour rien que les politiciens en campagne électorale - encore aujourd'hui - tendent souvent à faire valoir l'image bien plus que les idées. Plus souvent qu'autrement, les politiciens qui accordent la priorité à des idées impopulaires, mais nécessaires finissent bons derniers. Pourquoi? Parce que le peuple ne veut souvent pas entendre la réalité, il préfère qu'on lui fasse miroiter un rêve, une utopie, quelque chose que le politique sait fort bien qu'il ne pourra livrer ou qui est carrément impossible à livrer. Encore bon nombre de Québécois mordent à l'hameçon des promesses électorales. C'est triste, mais «ça marche de même» encore aujourd'hui!

Et c'est là où le débat prend tout son sens et toute son importance, surtout pour ceux qui ne suivent pas de très près ce qui se passe sur la scène politique entre deux élections. Lors d'un débat, les citoyens peuvent au moins se faire une idée (en direct et sans scénarisation) de quel bois se chauffent celles et ceux qui aspirent à gouverner et sollicitent leur confiance... et leur vote.

Or, La Presse canadienne nous apprend que le PQ ne veut qu'un seul débat durant la campagne électorale à venir. De plus, selon La Presse, le PQ écarte la possibilité de face-à-face à TVA, comme ce fut le cas pendant les dernières élections générales, en 2012.

Le directeur général du Parti Québécois, Sylvain Tanguay, soutient que la multiplication des débats ne sert pas les électeurs. «Pour nous, ce qui est un problème, c'est de mettre la campagne électorale entre parenthèses pendant quatre jours de débats et de face-à-face.» Quoi?! Je n'ai rien d'un «solidaire», mais je partage entièrement l'opinion de Françoise David à ce sujet. Plus il y a de débats pendant une campagne électorale, plus les électeurs ont accès aux chefs des principaux partis qui débattent de toutes sortes de questions. Avoir des débats durant plusieurs soirs, ce n'est pas une «parenthèse» étant donné qu'on rejoint des millions de personnes par la télévision qui, normalement, ne suivent pas la politique.

L'autre argument invoqué par M. Tanguay est encore plus loufoque. Il affirme que les débats diffusés par un groupe [de télévision] pourraient être en concurrence avec des émissions de grande écoute d'un autre télédiffuseur, comme La Voix ou Tout le monde en parle.

Quoi? La décision de débattre ou de ne pas débattre est maintenant dictée par la popularité d'une émission de variétés? Nous vivons bel et bien dans l'ère Star Académie, il faut croire... Mais de quoi donc a peur celle qui a maintenant un bilan à défendre et qui serait poussée dans le dos par plusieurs de ses ministres et militants pour replonger le Québec en mode référendaire advenant une majorité?

C'est très rare que je sois d'accord avec le député fédéral libéral et ancien chef du PLC, Stéphane Dion, mais il est vrai que Pauline Marois et ses sbires doivent révéler les intentions du PQ sur un futur référendum avant la prochaine élection. Et Pauline Marois doit accepter qu'en tant que première ministre sortante, elle a un bilan à défendre et que les électeurs dont elle sollicite la confiance méritent - et ont besoin - de la voir s'affronter en direct aux autres aspirants au titre de premier ministre à plus d'une reprise. Tous les Québécois doivent pouvoir voter en toute connaissance de cause en avril prochain, car les enjeux collectifs sont majeurs. Star Académie, c'est peut-être bien divertissant pour certains, mais la réalité doit avoir préséance sur la téléréalité lorsque vient le moment de cocher un bulletin de vote...

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