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L'unité étudiante qui avait caractérisé le conflit du printemps 2012 est maintenant chose du passé. La FEUQ doit impérativement se questionner et réfléchir sur ses façons de faire et entamer son.
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Samedi dernier, on apprenait que la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAÉCUM) votait à l'unanimité pour une désaffiliation de la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec). Ce résultat peut paraître surprenant, sachant que la FAÉCUM figurait parmi les membres fondateurs de la Fédération en 1989. La FAÉCUM, qui compte 40 000 étudiants, représentait une force considérable et incontournable au sein des instances de la FEUQ.

L'unité étudiante qui avait caractérisé le conflit du printemps 2012 est maintenant chose du passé. La FEUQ doit impérativement se questionner et réfléchir sur ses façons de faire et entamer son post-mortem. Outre la décision tenue la fin de semaine dernière à la FAÉCUM, il y a eu cinq référendums de désaffiliation seulement dans les deux dernières années, dont quatre (AGECALE, AGECAR, MAGE-UQAC et ADEESE) qui se sont soldés par une volonté expresse de sortir de la FEUQ. Cette dernière, préférant ne pas accorder de légitimité à ces résultats, croyait pouvoir ainsi éviter le débat sur une remise en question de sa gouverne plutôt que d'y voir là les failles d'une autorité érodée et d'une incapacité à bien représenter l'ensemble de ses associations membres. Ce faisant, la FEUQ commettait ici une grossière erreur, celle de ne pas suffisamment prendre acte du contexte post-crise et de ses conséquences. Sa sœur jumelle, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), n'a pas été épargnée et a également connu son lot de difficultés suite aux événements de 2012.

Une certitude s'impose : la crise étudiante, suite aux événements corrosifs du printemps érable, aura fortement ébranlé les perceptions et les mentalités de tout un chacun. Si certaines associations étudiantes ont réussi à renouer avec une fonctionnalité relativement stable dans l'immédiat, d'autres ont plutôt dû composer avec certains éléments plus « radicaux » et difficiles à contenir, perturbant ainsi le pragmatisme d'action des associations étudiantes allant jusqu'à en rendre certaines dysfonctionnelles. Le mouvement étudiant s'en trouva donc largement écartelé et morcelé en une multitude d'intérêts et de positions souvent difficilement conciliables et parfois même irréalistes. Les revendications s'étant multipliées à la vitesse grand V, la Fédération se voyait ainsi dépassée par cet enchaînement effréné à mesure que les exigences de ses membres devenaient disproportionnées par rapport aux ressources et aux capacités qu'elle disposait.

La FEUQ a toujours prétendu avoir cette capacité nécessaire de pragmatisme dans ses idées et ses moyens d'action. D'aucuns ne remettraient en question cette affirmation. Cependant, la critique que lui opposent souvent ses dissidents se trouve ailleurs. On relève souvent sa difficulté à exercer une influence franche auprès des décideurs gouvernementaux, à mener à terme les dossiers étudiants apportés en congrès par ses membres ou son manque de transparence. Dans un rapport présenté à ses membres, la FAÉCUM affirme que « la FEUQ échoue à démontrer la pertinence de sa représentation nationale » et que depuis les dernières années, elle est « la seule promotrice de sa crédibilité et peine à rassembler autour d'elle les forces vives du mouvement étudiant. » Le constat est douloureux, mais à prendre au sérieux. Également, on critiquera soit un penchant trop « montréaliste », soit un penchant plus « régionaliste» de la Fédération. Il est vrai qu'un certain clivage existait à l'intérieur de la FEUQ entre les associations régionales et montréalaises. Les enjeux régionaux, dans bien des cas, pouvaient différer de ceux rattachés au contexte métropolitain.

Mais les associations étudiantes démissionnaires sont également à blâmer. Il est assez étonnant de les voir se déchirer sur le manque d'efficacité de la FEUQ alors qu'elles participent elles-mêmes à son affaiblissement graduel de par ces vagues successives de désaffiliation. La crédibilité de la FEUQ en sort ainsi fortement affaiblie et, par extension, celle du mouvement étudiant tout autant. À court terme, l'éclatement du mouvement étudiant vient ainsi contrebalancer le rapport de force à l'avantage du gouvernement, chose qu'on tente pourtant de corriger. Contre-productif direz-vous? La volonté de la FAÉCUM, aussi ferme soit-elle, de reconstruire une instance nationale sur de nouvelles bases n'est pas un gage de réussite. De plus, il est légitime de se questionner sur ses réelles motivations. Force-t-elle la reconstruction d'une nouvelle organisation étudiante panquébécoise afin que celle-ci soit modelée à son image et conforme à son idéalisme?

De sérieuses questions doivent être posées et une discussion étendue doit se faire avant de se précipiter dans des gestes risquant de provoquer une fragmentation permanente du paysage politico-étudiant. Les rumeurs courent que des discussions seraient justement entamées entre les associations étudiantes des régions dans l'ultime objectif de créer une « alliance régionale ». Il serait tout aussi intéressant de voir une convergence des associations étudiantes des deux grands centres urbains (FAÉCUM, AéESG, CSU, PGSS, Polytechnique, HEC et AÉÉNAP pour Montréal et la CADEUL pour Québec). Appliquant la même logique que les régions, cette union des milieux urbains pourrait mettre sur pied ses propres instances avec ses propres mécanismes de fonctionnement. Puis, proposer à l'alliance des associations régionales la tenue d'un Sommet de concertation (les deux alliances pourraient se réunir deux fois par année) dans lequel pourraient être débattus les enjeux dépassant les simples singularités locales et où seraient fixées les grandes priorités nationales communes. Un comité permanent d'une dizaine de personnes, partagé équitablement entre les deux unions (régionale et urbaine), se verrait confier la responsabilité de coordonner les dossiers nationaux afin que les étudiants parlent d'une seule voix auprès des représentants du gouvernement. Les coordonnateurs de chacune des unions seraient élus par leurs pairs et une instance de contrôle et de reddition de compte pourrait également être mise en place.

Un nouvel aménagement géopolitique des assises étudiantes est ainsi possible, tel que je le propose. Il s'agit d'une piste que l'on pourrait étoffer davantage, mais qui pourrait bien cheminer au sein des instances étudiantes. À mon sens, elle a le mérite d'assurer une meilleure répartition des spécificités, chaque union disposant d'une autonomie d'action à l'interne. L'idée est de trouver une solution qui, sans trop s'alourdir dans les structures, viendrait garantir un juste équilibre entre les différences d'intérêts de chaque part tout en assurant une force de légitimité auprès du pouvoir gouvernemental.

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