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Je vis dans un bidonville en Inde et je surfe sur mon téléphone intelligent

Akhilesh et Upasana vivent en Inde. Ils ressemblent à nos enfants. Mais comme 5 millions d'habitants en 2013, le bidonville de Mumbai est leur quotidien. Leur avenir est noir, en reflet à la couleur du sol. Et pourtant, téléphone intelligent et Facebook leur sont familiers.
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Akhilesh et Upasana vivent en Inde. Ils ressemblent à nos enfants. Mais comme 5 millions d'habitants en 2013, le bidonville de Mumbai est leur quotidien (UNCHS). Ils en sont l'espoir. Leur avenir est noir, en reflet à la couleur du sol. Et pourtant, téléphone intelligent et Facebook leur sont familiers. La technologie comme source d'ouverture, eux y croient.

«Facebook m'a fait découvrir l'Amérique»

Uspasana a 19 ans et le regard qui interpelle. Elle vit avec six personnes, dans une pièce de 10 m². L'étagère familiale est sans prétention, seule la présence d'un parfum féminise ce lieu sombre. Mais la fierté de cette jeune femme se trouve ailleurs: son téléphone intelligent. L'effort se lit dans ses yeux verts, au moment d'affirmer «six mois de sacrifices, pour acheter ce privilège». Sa mère corrobore, dans un anglais incertain: «J'offre à mes enfants, deux fenêtres sur le monde: la télé, et le téléphone intelligent». Outre les photos d'amies exhibées fièrement à l'écran, améliorer son anglais par ce moyen reste sa priorité, «pour pouvoir trouver mon futur métier et me marier», affirme-t-elle.

Crédit photo: Sébastien Chatelier

Curiosité qui se retrouve chez Akhilesh. À 10 ans, il vit suspendu, entre terre et mer de détritus. De son téléphone intelligent, il parle avec le regard pétillant du jeune amoureux. C'est en 2011 qu'il «rencontre un américain super, dans les rues de Mumbai» selon ses propos. Les voici en contact Facebook, rapidement suivi de messages fréquents. Textes, images et vidéos forgent ces correspondances, entre deux mondes opposés.

Au-delà d'une belle histoire humaine, c'est surtout la représentation d'un échange culturel, autrefois impensable. Akhilesh résume à sa manière: «Facebook m'a fait découvrir l'Amérique !». La signification en est longue.

«Le téléphone intelligent contribue à mon futur»

Le contraste est saisissant. Des dizaines de millions de téléphones intelligents sont possédés dans les bidonvilles du monde, là où les besoins primaires ne sont pas remplis. De quoi renverser la pyramide de Maslow. À écouter ces jeunes, il apparaît que le téléphone intelligent est devenu l'un des besoins primaires. «Pour faire riche?», non, juste pour se donner une chance. Car le téléphone intelligent est à leurs yeux, un outil de développement. «Au même titre que l'éducation», soutient Upasana. Une partie de leur avenir se construirait-il par cet écran? Si un usage intelligent en est fait, à l'image de ces deux jeunes Indiens, alors oui, c'est une ouverture sur le monde, d'une rare puissance.

Crédit photo: Sébastien Chatelier

«Des taxiphones proches m'aident, en m'offrant l'éléctricité»

En 2008, un milliard d'hommes et femmes vivaient dans les bidonvilles du monde, selon Amnesty International. Subsistants de menus travaux, parfois du vol, leur revenu moyen avoisine les 1$ par jour (source: WorldBank). L'éducation est une chance, que tous n'ont pas. Bien souvent, la famille choisit d'envoyer un seul enfant à l'école. «Les autres se dévouent pour lui», dit la mère d'Akhilesh. La connaissance peut venir des téléphones intelligents, encore faut-il avoir internet et l'électricité. Cette dernière est absente de la quasi totalité des bidonvilles. Connexion quasi inexistante; trop chère. Alors, la débrouillardise se déploie. «Des taxiphones à proximité m'aident, en offrant l'électricité. Ils savent que j'étudie grâce à mon téléphone intelligent. Ils me soutiennent. Pour internet, c'est difficile. Mais heureusement, le McDonald's du centre-ville me permet d'y accéder. C'est loin, je ne peux y aller qu'une fois par semaine, à pied. Alors, tous les deux jours, des commerçants me laissent un accès gratuit», proclame joyeusement Upasana.

L'Inde n'est pas seule. Les mêmes scènes se répètent. Mohamed, 8 ans, m'interrogeait au milieu des poubelles de Marrakech: «On devient amis sur Facebook, que tu me dises c'est quoi la France?». Le téléphone intelligent a changé le monde. Au tour des exclus de s'en emparer.

NB: Cet article et les photographies qui l'accompagnent ne sont pas issus de visites organisées. Ils résultent d'une démarche personnelle, à la rencontre des habitants de plusieurs bidonvilles. Seul, sans accompagnement.

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