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Votre pharmacien de quartier dérange

Par son efficacité et son accessibilité, il entrave l'essor fulgurant d'industries qui comptent bien vous obliger à les enrichir.
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Peut-on penser que la mise à mal du pharmacien de quartier au profit de méga usines à distribuer des pilules ou de pharmacies postales parachèverait la destruction de la première ligne?
sturti via Getty Images
Peut-on penser que la mise à mal du pharmacien de quartier au profit de méga usines à distribuer des pilules ou de pharmacies postales parachèverait la destruction de la première ligne?

Les décideurs se vanteront de lui avoir imposé des factures détaillées pour votre soi-disant bien, pour que vos «assureurs puissent vous diriger vers les pharmacies les moins chères». Car c'est bien connu, les corporations milliardaires travaillent pour le bien de la population! Étrangement, ce beau concept ne semble pas en voie de se retrouver dans aucune autre industrie. Pas les compagnies pharmaceutiques qui ont pourtant fabriqué ledit médicament ni même l'assureur privé qui vous est pourtant imposé par la loi et qui est choisi par votre employeur et donc pour lequel vous ne pouvez même pas faire jouer la concurrence!

Vous êtes-vous demandé pourquoi? Vous payez bien la somme de ces intervenants, non?

La transparence serait donc une vertu chez le petit pharmacien de quartier, mais un vice chez les corporations de milliardaires de l'assurance privée ou des compagnies pharmaceutiques?

Vers des niveaux de transparence à l'image des échelles de taxation?

Il y a quelques années, les pharmaciens ont commencé à exercer de nouveaux actes qui devaient aider à décongestionner les cliniques médicales. Seulement, au lieu que les consultations pharmaceutiques soient couvertes à 100% par l'assurance maladie universelle, il a été décidé de soumettre cela aux assurances privées et à l'assurance médicaments avec les franchises et coassurances que cela suppose. Sabotage en règle pour éviter de décongestionner les cliniques publiques? La question mérite d'être posée...

Pourquoi le pharmacien de quartier dérange-t-il tant? Ou plutôt qui dérange-t-il tant?

Le pharmacien de quartier est un triage permanent ultra performant et qui ne coûte rien au contribuable pour ce précieux service rendu à la société! Il conseille les patients sur les traitements en vente libre ou les options non pharmacologiques pour aller mieux, il oriente vers l'urgence ou vers le médecin de famille au besoin. Combien de personnes supplémentaires devraient aller consulter un médecin chaque jour si le pharmacien de quartier ne pouvait plus offrir ce service de triage? Quels seraient les coûts pour la société?

Peut-on penser que la mise à mal du pharmacien de quartier au profit de méga usines à distribuer des pilules ou de pharmacies postales parachèverait la destruction de la première ligne?

Peut-on raisonnablement penser que le réseau public déjà sursaturé et mis à mal dans les dernières années ne pourrait pas absorber cela? Peut-on penser que la mise à mal du pharmacien de quartier au profit de méga usines à distribuer des pilules ou de pharmacies postales parachèverait la destruction de la première ligne? Une destruction de la première ligne qui semble ardemment souhaitée par ceux qui ont clairement intérêt à nous faire adopter les cliniques privées et les assurances privées qui les accompagneront sûrement...

Oui, votre pharmacien de quartier dérange, car par son efficacité et son accessibilité, il entrave l'essor fulgurant d'industries qui comptent bien vous obliger à les enrichir.

Enfant, ma mère m'a appris à préférer le petit commerçant local aux corporations même si ces dernières pouvaient sembler moins chères à court terme. Elle me disait que le local était garant de qualité à long terme et qu'opter pour les grosses corporations, c'était risquer de voir les locaux fermer et se retrouver obligé de faire affaire avec les gros joueurs qui ne manqueront alors pas de monter leurs prix... Elle m'avait aussi expliqué que le petit entrepreneur local, le voisin au visage humain qui nous connait, payait toutes ses taxes ici et consommait local alors que le gros joueur en payait probablement très peu et donc que l'enrichir c'est s'appauvrir collectivement. Elle avait déjà tout compris. À l'image de la célèbre citation de Benjamin Franklin, je dirais qu'un peuple prêt à sacrifier la qualité pour de petites économies finit souvent par perdre les deux.

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