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Romance au jour de l'An

L'année passée a été rocambolesque à tous les niveaux si bien que sur un coup de tête, le 28 décembre à 23h45, je suis montée seule à bord d'un autobus voyageur en direction de New York.
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Tiré d'une histoire vraie (la mienne).

L'année passée a été rocambolesque à tous les niveaux si bien que sur un coup de tête, le 28 décembre à 23h45, je suis montée seule à bord d'un autobus voyageur en direction de New York. La vie m'ayant giflée à plusieurs reprises avec le poisson cru de ses grandes leçons, je ressentais le besoin de terminer 2014 avec du «ataboy» et démontrer à 2015 de quoi j'étais capable. Mon billet de retour était daté du 1er janvier à minuit, je me sentais comme Cendrillon dans sa grosse pomme.

J'ai débarqué à Times Square au petit matin le 29 du douze, aussi émue de réaliser un projet de longue date qu'émerveillée par l'immensité de ce que j'avais enfin la chance de voir pour la première fois de ma vie.

J'ai gambadé toute la journée comme une gazelle dans chacune des rues dont les moindres recoins me faisaient envie depuis une décennie, j'ai léché les vitrines des boutiques mythiques, j'ai mangé du saumon fumé attablée dans un petit bistro en tête à tête avec mon assiette et j'ai fait des selfies comme s'il n'y avait pas de lendemain.

Alors que je publiais ma 74e photo sur Instagram, je reçois un texto: «T'es à New York? J'arrive le 31 très tôt! T'as envie qu'on se voit?» C'était Voldemort.

J'ai connu Voldemort durant la période de ma vie qu'il a été convenu d'appeler, «l'apocalypse», c'est-à-dire, juste avant mon divorce. Je venais de dénicher un nouveau boulot et il était ce collègue bad boy terrorisant au regard perçant de tueur en série aussi sexy que mal engueulé, ce qui lui a valu ce surnom. Il tournait autour de moi comme un vautour le fait avec une charogne et faut dire qu'à cette époque, on pouvait facilement me confondre avec un animal mort.

Il a été présent durant les deux années qui ont été nécessaires à ma remise sur pied post-apocalyptique. Après quelques tentatives de rapprochements lamentablement ratées, nous avions rangé notre désir mutuel derrière une amitié complice, sans jamais profiter des bénéfices que le terme peut parfois suggérer.

Je lui ai donc répondu avec ravissement «Oui! Allons bruncher le 31», en calculant les mois qui nous séparaient de notre dernière rencontre. Je passe vite les 48 heures qui ont suivi l'échange de textos, mais en résumé, j'ai fait le tour de la ville et tant qu'à vivre du «y'était-tu temps», j'ai acheté de toute urgence un rasoir.

Nous nous étions donné rendez-vous tout près de mon hôtel pour un déjeuner en règle dans un dinner miteux de la 47e. Nous avions cette habitude de nous voir dans des lieux crasseux à Montréal. Nous vivions la vie de bad ass le temps d'un repas et nous y apprécions mutuellement le feeling, comme deux porcs qui se roulent dans la bouette.

En m'approchant du point de rencontre, quelle ne fut pas ma surprise d'apercevoir mon Sid Viscious, bras dessus bras dessous, avec un petit bout de femme d'un certain âge, blondinette, arborant un béret et un air adorablement naïf. Le Voldemort portait ses lunettes et ses habits de bon garçon: il avait amené sa mère célébrer ses 60 ans à New York.

Le rasoir mauve de honte terré dans le fond de mon sac, j'étais profondément attendrie. Je le découvrais sous un nouveau jour et cinq minutes avaient suffi pour que je charme la mère avec mes grands sourires comme je l'avais fait pour son fils.

Plusieurs tranches de bacons derrière la cravate, le temps des adieux se pointait le bout du nez, mais c'est avec la candeur d'une enfant que la maman de Voldemort a déclaré qu'elle avait envie de passer sa journée avec sa nouvelle amie «lumineuse», flairant sans subtilité le potentiel de se faire une bru. Nous ne pouvions rien refuser à la fêtée et avons poursuivi la visite ensemble, tous deux secrètement réjouis de ce retournement de situation.

Le soleil s'est mis à descendre et les festivités du Nouvel An se devaient d'être entamées. Nous sommes donc entrés dans le premier petit pub irlandais que nous avons croisé comme dans une oasis. Après un verre ou deux, Voldemort a mis sa main tatouée sur ma cuisse et m'a demandé de jeter mon billet de retour. Je devais rester, aller à Boston avec lui le lendemain, après quoi il me ramènerait à Montréal en voiture. Mais avant, il m'embrasserait à minuit en me souhaitant la plus belle des années.

Ça fait que j'ai sacré le billet aux vidanges, t'sais, une folle d'une poche.

31 décembre 23h53, je sors d'un liquor store en brandissant haut dans les airs une bouteille de Veuve Cliquot. Nous avons traversé la rue qui nous séparait de Central Park et couru jusqu'à la foule sous une pluie de feux d'artifice. Dans le grand sourire qui ne s'était pas estompé depuis le déjeuner, j'ai pris une gorgée de champagne au goulot, lui aussi, puis il m'a regardé le fond des yeux avant de glisser dans ma bouche ses délicieux vœux pour l'année qui débutait de façon si douce.

Les jours qui ont suivi se sont bousculés jusqu'à mon appartement, où il m'a laissée avant de reconduire sa maman. Je n'ai plus jamais parlé à Voldemort, mais j'ai passé une merveilleuse année 2015.

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