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Ces compagnies qui traitent leur PDG comme un roi et leurs employés comme des esclaves

Ces 30 dernières années, toutes les grandes compagnies ont été dans la direction d'une baisse de salaire de leurs employés tout en augmentant celui de leurs PDG et autres cadres à la direction. Il est temps que des démarches soient entreprises dans l'autre sens.
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Jusqu'aux années 1980, les présidents d'entreprises étaient payés, en moyenne, 30 fois plus qu'un employé de premier échelon. Depuis, le salaire des PDG est monté en flèche, jusqu'à atteindre 280 fois le salaire d'un employé; et dans les grandes entreprises, ce chiffre peut atteindre les 354 fois.

Dans le même temps, sur cette même période de trente ans, l'employé américain moyen n'a connu aucune augmentation de salaire, ajustée à l'inflation. Même si le salaire des employés hommes est encore aujourd'hui bien supérieur à celui des femmes, le salaire de l'employé homme typique âgé de 25 à 44 ans a connu une apogée en 1973 et n'a jamais cessé de chuter. Depuis 2000, le salaire d'un employé homme moyen toutes tranches d'âge comprises a chuté de 10%, après inflation.

Cette divergence grandissante entre le salaire d'un PDG et celui de l'employé moyen n'est pas seulement injuste. Elle est aussi néfaste pour l'économie. Elle signifie que de nos jours les travailleurs sont moins nombreux à avoir le pouvoir d'achat suffisant pour s'offrir ce que l'économie est capable de produire -- ce qui contribue au retour de crise le plus lent de tous les temps. En parallèle, les PDG et autres cadres utilisent leurs fortunes pour alimenter les bulles spéculatives, qui mènent irrémédiablement à la faillite.

Ceux qui pensent que les PDG méritent ce genre de salaire astronomique n'ont pas prêté attention aux événements. La totalité des marchés boursiers a atteint des sommets records. La plupart des PDG auront à fait à peine plus que surfer sur la vague.

Il n'existe pas de solution facile pour inverser cette tendance, mais cette semaine je plaiderai en faveur d'un projet de loi introduit dans la législature californienne qui a au moins le mérite d'apporter les bonnes motivations. Les autres états feraient bien de s'y intéresser de plus près.

La législation proposée, appelée SB 1372, prévoit des impôts collectifs en fonction du ratio du salaire du PDG par rapport à celui du travailleur moyen de sa compagnie. Les entreprises avec des ratios de salaires faibles obtiendraient une réduction d'impôts. Celles avec des ratios forts subiraient une augmentation d'impôts.

Par exemple, si le PDG gagne 100 fois le salaire du travailleur moyen dans l'entreprise, le taux d'imposition de l'entreprise passe de l'actuel 8,8% à 8%. Si le PDG gagne 25 fois le salaire du travailleur moyen, le taux d'imposition chute à 7%.

D'un autre côté, les entreprises avec de grandes disparités encourent des augmentations d'impôts. Si le PDG gagne 200 fois le salaire d'un employé normal, le taux d'imposition monte à 9,5%; 400 fois, à 13%.

La Chambre de commerce de Californie a qualifié ce projet de loi de "tueur d'emploi"," mais c'est en réalité l'inverse. Les PDG ne créent pas d'emploi. Leurs clients créent des emplois en achetant les produits que vend leur compagnie -- donnant à ces compagnies une raison de s'étendre et de créer de l'emploi.

Ainsi, inciter les compagnies à mettre moins d'argent dans les mains de leurs PDG et plus dans celles de l'employé moyen permet de créer plus de pouvoir d'achat parmi les acheteurs, et ainsi plus d'emplois.

L'autre argument contre le projet de loi, c'est qu'il serait trop compliqué. Faux, encore une fois. La loi Dodd-Frank exige déjà des compagnies qu'elles publient les ratios des salaires des PDG par rapport à ceux des employés moyens (la Commission de sécurité et d'échange étudie en ce moment une proposition pour mettre cela en place). Donc le projet de loi californien ne demande rien de plus aux compagnies que ce qu'elles devraient faire en vertu de la loi fédérale. Et les tranches d'imposition dans le projet de loi sont assez larges pour rendre le calcul facile.

Et quid d'un possible détournement de la loi par les PDG? Ne peuvent-ils pas simplement éliminer les postes les moins bien payés et les faire sous-traiter par une autre entreprise - évitant ainsi les grandes disparités tout en gardant leur compensation dans la stratosphère?

Non. Le projet de loi prévoit un contrôle de ce genre de pratiques. Les compagnies qui commencent à sous-traiter leurs postes les moins bien payés devront s'acquitter d'un impôt plus élevé.

Ces trente dernières années, toutes les grandes compagnies ont été dans la direction d'une baisse de salaire de leurs employés tout en augmentant celui de leurs PDG et autres cadres à la direction. Il est temps que des démarches soient entreprises dans l'autre sens.

Le projet de loi n'est pas parfait, mais c'est déjà un début. Le fait que le plus grand état d'Amérique pense sérieusement à l'adopter en dit long sur ce que sont devenues les hautes sphères du monde des affaires américain, et pourquoi il est temps de changer sérieusement les choses.

Le film de Robert B. Reich, "Inequality for All" est disponible en DVD et blu-ray, ainsi que sur Netflix Instant Watch. La bande-annonce est ici:

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