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Promise: La beauté du diable

La bande dessinée de genre commence à prendre du galon au Québec. Après le règne de l'humour et celui de la bande dessinée d'auteurs, une nouvelle bande dessinée, qui s'attaque au fantastique, à l'horreur, à la science-fiction et même à l'humour noir - des domaines jusque-là réservés aux productions européennes, japonaises et américaines - s'affirme.
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La bande dessinée de genre commence à prendre du galon au Québec. Après le règne de l'humour et celui de la bande dessinée d'auteurs, une nouvelle bande dessinée, qui s'attaque au fantastique, à l'horreur, à la science-fiction et même à l'humour noir - des domaines jusque-là réservés aux productions européennes, japonaises et américaines - s'affirme. Et tout comme dans les autres déclinaisons du 9e art, nos créateurs démontrent leur intelligence, leur talent et leur originalité. Définitivement la bédé « maide in Kébec » n'a plus rien à envier au reste du monde.

Promise : La beauté du diable

Idaho 1864. Alors que la guerre de Sécession fait rage, le petit village de Promise, perdu aux pieds des Rocheuses, fait face à une menace encore plus grave que le conflit fratricide. La minuscule bourgade est sous l'emprise d'un sombre homme d'Église qui manipule à sa guise les habitants. Et si ce pasteur inquiétant ne prônait pas l'enseignement du Christ, mais plutôt celui de Satan ? Une proposition classique, mais qui titille tout amateur de fantastique et d'horreur qui se respecte.

Le premier tome m'avait beaucoup impressionné, Dans cette chronique j'avais recommandé la lecture de ce Promise à l'atmosphère angoissante et inquiétante. J'avais donc hâte de lire le deuxième tome. Et quel tome! Avec un plaisir évident, Thierry Lamy continue à jouer avec ce climat chargé d'inquiétudes et de peur qu'il a développé avec succès dans le précédent opus, un climat exacerbé par l'utilisation judicieuse des ombres et des lumières, des contrastes et du graphisme au parfum « timburtonnesque » de Mikaël.

Si le premier tome avait résolument des airs de La nuit du chasseur, cet Homme-Souffrance lui, est à la fois différent et respectueux de son prédécesseur, plus proche de l'angoissante première saison de la série Carnival. que du film de Charles Laughton. Appuyé par le dessin évocateur de Mikaël et évitant l'humour qui désamorce les tensions, Lamy met en place les éléments nécessaires pour maintenir notre intérêt et nous garder constamment sur le qui-vive nécessaire à toute bonne histoire d'horreur.

Si le passé est garant de l'avenir, le troisième et dernier tome devrait nous surprendre encore une fois et conclure en beauté cette histoire fabuleuse. Mais quand on parle de beauté entendons-nous bien, la beauté pour le diable n'est peut-être par la vôtre.

23h72 : La beauté de la mort

Woody Allen l'a dit «l'éternité c'est long, surtout vers la fin», alors il est possible qu'un mort excédé du repos éternel décide de revenir à la vie et de continuer à vaquer à ses petites occupations quotidiennes, métro, boulot et dodo. C'est exactement ce qui arrive à Jean-Christophe qui 9 mois après son décès revient à la vie, enfin si on peut dire ça d'un mort vivant, et renoue avec son quotidien. Mais voilà sa blonde a rencontré quelqu'un d'autre et ne veut pas l'accueillir. En désespoir de cause Jean-Christophe va loger chez un ami, Stef et sa copine Marie, par le plus grand des malheurs une de ses ex, qui trouve la présence du mort plutôt gênante. Hélas le destin aimant jouer un de ses sales tours dont il a le secret, Jean Christophe paiera chèrement sa décision de revenir à la vie et d'aller vivre chez son ami

Premier album publié de Blonk, 23h72 est une merveilleuse bédé où l'humour absurde et l'humour noir se rencontrent, se jaugent, se séduisent et s'unissent dans une face aussi comique que tragique. Avec son dessin d'une efficace simplicité désarmante, ses couleurs vives et chaudes qui dédramatisent constamment la gravité de la galéjade et ses répliques hilarantes, Blonk séduit autant qu'il surprend. Une sottie qui en douceur, sans changements brusques se métamorphose en un cruel drame amoureux à la conclusion insoupçonnée et surprenante. Et même si Blonk sème ici et la, au gré du rythme des cases, des indices qui laissent présager la tristesse derrière l'humour, il sait nous surprendre avec un dernier acte qui transforme cette escobarderie bon enfant en une terrible tragi-comédie.

Bédéiste relativement peu connu dans l'univers bédé, Blonk démontre une maîtrise de son univers et une maturité graphique, scénaristique et humoristique. 23h72 est une excursion à travers son monde un peu fou, très absurde et totalement hilarant où un mort peut se promener, discuter avec un prêtre, aller prendre un verre dans un bar branché, faire l'amour et même travailler dans un bureau de graphistes sans que personne ne se pose de questions sur sa présence.

Et tout comme Stef, Marie, Isa et toute la galerie de personnages amusants qui apparaissent dans les cases du bédéiste, nous finissons nous aussi par croire à la banalité de la présence des morts dans notre vie quotidienne. Assistons-nous au grand retour de la mort dans notre quotidienneté ? Pour Stef et ses amis, il semble bien que oui.

Alors regardez bien autour de vous, vous côtoyez peut-être déjà des Jean-Christophe, vous êtes peut-être même un d'entre eux..

Thierry Lamy, Mikaël, Promise tome 2 L'homme-Souffrance, Glénat Québec

Blonk, 23h72, Pow Pow

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