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Patricia MacDonald: la grand-mère qui écrivait au meurtre

Qui pourrait croire que derrière le regard angélique de cette charmante grand-mère, qui doit faire d'excellents biscuits, se cache une des pires meurtrières des 30 dernières années. Impossible direz-vous! Pourtant depuis 1981, Patricia MacDonald assassine, kidnappe et violente sans retenue, et pour notre plus grand plaisir.
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LYON, FRANCE - MARCH 31. American writer Patricia MacDonald poses during a portrait session held on March 31, 2012 in Lyon, France. ( Photo by Ulf Andersen/Getty Images)
Ulf Andersen via Getty Images
LYON, FRANCE - MARCH 31. American writer Patricia MacDonald poses during a portrait session held on March 31, 2012 in Lyon, France. ( Photo by Ulf Andersen/Getty Images)

Qui pourrait croire que derrière le regard angélique de cette charmante grand-mère, qui doit faire d'excellents biscuits, se cache une des pires meurtrières des 30 dernières années. Impossible direz-vous! Pourtant depuis 1981, Patricia MacDonald assassine, kidnappe et violente sans retenue, et pour notre plus grand plaisir, les personnages qui habitent les pages de ses romans. À l'occasion de sa visite aux Printemps meurtriers de Knowlton nous avons rencontré la grande dame du roman policier. Conversation autour du polar, des détectives et de Donald Trump.

Rien ne la destinait pourtant à devenir cette populaire romancière. Diplômée en journalisme - elle a aussi un doctorat de l'Université de Boston - elle fait d'abord sa marque comme journaliste pigiste pour plusieurs publications américaines. Il faudra toutefois un de ses hasards, dont seul le facétieux destin a le secret, pour qu'elle se lance dans le polar. «J'écrivais pour un magazine spécialisé dans les feuilletons télévisés. C'était génial, j'ai adoré. Malheureusement il a dû fermer ses portes et je me suis retrouvé sans travail. Par chance une amie m'a demandé de l'aider sur un roman à clef qu'elle écrivait et qui tournait autour des feuilletons télévisés. »

L'expérience lui plaît tellement qu'elle décide de s'y consacrer à temps plein et comme le polar faisait presque partie de son ADN - son mari l'écrivain Art Bourgeau a été pendant près de 38 ans, propriétaire d'une importante librairie philadelphienne spécialisée dans le roman noir -le choix s'imposait de lui-même. « Mais attention mon mari ne lit jamais mes écrits, mais il peut à l'occasion me dépanner sur une situation » lance-t-elle avec son séduisant français mâtiné d'anglais.

Si le choix semblait évident, le pari, lui, pouvait s'avérer risqué. Être un journaliste amateur de roman policier n'est pas un gage de succès, l'histoire est pleine d'excellents journalistes devenus écrivains de mauvais polars. « Le genre a des règles très précises, que les lecteurs ne connaissent pas toujours et que je ne connaissais pas non plus au début. Mais ses intrigues psychologiques m'intéressaient. »

C'est d'ailleurs, selon elle, cette exploration psychologique qui expliquerait le succès de ses romans dans la francophonie, beaucoup plus important qu'aux États-Unis. « Le public francophone est plus sensible aux intrigues psychologiques que les Américains. »

À moins que ce ne soit l'absence d'un héros récurrent qui lui nuit chez nos voisins du sud. «Les Américains aiment bien les personnages qui reviennent d'une histoire à l'autre. Mais ça ne m'intéresse pas de n'avoir qu'un personnage que je trimbale livre après livre. Je considère ça comme un piège » précise celle qui aime beaucoup travailler sur des individus ordinaires confrontés à des situations extraordinaires.

« Les lecteurs me demandent de temps en temps ce qui arrive aux personnages une fois le roman terminé. Je ne vois pas l'intérêt de les faire revenir. Une fois le bouquin écrit, leur histoire est terminée et je ne pense pas à leur avenir. Ils ont vécu des circonstances exceptionnelles à un moment donné de leur vie et comme il est à peu près impossible qu'ils revivent d'autres situations semblables, je ne vois pas l'intérêt de réécrire sur eux. Je trouve ça ridicule de voir un héros vivre constamment des situations hors de l'ordinaire, c'est irréaliste» précise l'auteur qui reconnaît toutefois que certains de ses personnages, comme Sydney dans l'excellent Personne ne le croira, pourraient avoir une seconde vie. « Ça pourrait être intéressant de voir ce qui va arriver à Sydney dans quelques années... mais je n'ai pas envie de le faire. Toutefois j'espère que le reste de sa vie sera tranquille. »

Mais Patricia MacDonald a beau être experte ès psychologie humaine, en secrets familiaux et en motivations tordues, elle s'explique difficilement les succès électoraux de Donald Trump. « Je ne comprends pas mes compatriotes. Il se fait passer pour le défenseur des valeurs de la classe moyenne, or il n'a rien en commun avec elle, il s'en sert » exactement comme Greg Stillson, ce politicien populiste, dangereux et violent, du Dead Zone de Stephen King. « C'est amusant, j'ai une amie qui me disait exactement la même chose dernièrement» conclut-elle avec son irrésistible sourire.

Le prochain roman de Patricia Mac Donald, Message sans réponse sera disponible dès octobre prochain chez Albin Michel.

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