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À l'aube de la belle saison, Sophie Bédard vient enfin et malheureusement de publier le 4e et dernier tome de son, une des séries les plus drôles des dernières années.
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Alors que la fête montréalaise de la bande dessinée vient à peine de se terminer, que cette belle vitrine vient d'en convaincre plus d'un sur la richesse et la qualité de nos productions et que de plus en plus de lecteurs se laissent séduire par nos bédés, revenons un peu sur trois des plus intéressantes publications des derniers mois.

Un amour d'adolescence.

À l'aube de la belle saison, Sophie Bédard vient enfin et malheureusement de publier le 4e et dernier tome de son Glorieux Printemps, une des séries les plus drôles des dernières années.

«Enfin» parce que j'attendais avec impatience chaque nouvel opus de cette délicieuse série et «malheureusement» parce que ce 4e tome signifie la fin des péripéties de ces personnages qui faisaient presque partie de ma famille.

Glorieux Printemps raconte le quotidien de quatre personnages attachants qui étudient dans une polyvalente de la banlieue. Dans cet ultime album Mathieu, Antoine, Micheline et Émilie vivent les derniers moments de leur secondaire V et de l'adolescence et se préparent au fameux bal des finissants, rituel obligatoire qui marque le passage à la vie adulte.

Regard enjoué sur ces années bénies - un peu à la façon de la série américaine The Wonder Years, Glorieux Printemps nous présente une adolescence banale, criante de vérité, proche de la nôtre, du moins de la mienne, avec les mêmes difficultés, le même manque d'assurance, le même besoin d'affirmation, les mêmes peurs et les mêmes espoirs. L'auteure concocte un portrait tendre de cette période, sans complaisance, sans fausse nostalgie où il n'est pas question d'adolescents perturbés à la Tout est parfait, à la Skins, sans adolescents stéréotypés à la Watatatow,. Non rien que des adolescents tranquilles en quête d'amour et d'assurance, crâneurs devant l'incertitude de l'avenir.

Avec humour, intelligence et dynamisme, Sophie Bédard nous guide à travers la quotidienneté de cette bande de copains attachants, qui sont devenus au fil des parutions nos copains. Une complicité qui est sans aucun doute la plus belle réussite de la jeune bédéiste.

À quoi rêve les filles.

«Assortir sa robe à ses souliers, garder son sang-froid pendant la période des soldes, changer sa coupe de cheveux sans faire de crise existentielle... C'est pas facile d'être une fille». C'est ainsi que Mécanique Générale décrit l'amusante bande dessinée de Bach C'est pas facile d'être une fille, qui s'impose comme une des bédés les plus hilarantes de l'année.

Si on connaissait déjà la «Chick lit» et la «Chick flick» on a maintenant droit à la «Chick strip» - dans toute la noblesse du terme - avec la première parution de cette graphiste. C'est pas facile d'être une fille raconte avec humour,dérision et sans méchancheté le quotidien d'Estelle, une jeune adulte comme il en existe tant. Si Sophie Bedard savait dans Glorieux Printemps raconter avec tendresse la réalité de l'adolescence, il en est de même pour Bach qui manie l'humour d'une main de maitre. Toutes les situations du quotidien deviennent prétextes à d'irrésistibles petits moments drôles. Avec intelligence elle construit patiemment sa trame humoristique sans jamais nous donner l'impression que ces petites histoires ne sont que des prétextes à des gags.

Fine observatrice du quotidien, la bédéiste au graphisme dynamique et aéré - aux allures vaguement «Jimmy Beaulieuesque» - met en scène des personnages qui derrière une fausse superficialité cachent des angoisses, des peurs et un regard très critique mais hilarant sur la société et leur génération comme l'avaient fait avant elle Ziviane et Iris avec l'Hostie de Chat ou Francois Létourneau et Jean-François Rivard et leurs Invincibles.

Une belle bande dessinée très amusante qui nous laisse présager un futur prometteur pour cette jeune auteure.

Errer de taverne en taverne pour se donner l'impression de bouger.

Bédéiste de l'observation humoristique, connu pour son travail dans certains hebdomadaires anglophones montréalais, Richard Suicide a publié il y a quelques semaines Chroniques du Centre-Sud, une fabuleuse randonnée dessinée dans cet anti Mile-End du bas de la ville.

Un peu comme le Léon le caméléon de Plume Latraverse, Richard Suicide et son scénariste imaginaire William Parano fréquentent les moindres recoins du « faubourg à m'lasse », qui a depuis longtemps remplacé ladite mélasse par le houblon, les substances hallucinogènes et la nourriture de qualité douteuse. Le résultat est un humour impertinent et désopilant, des personnages aux comportements étranges, des épaves légèrement craignos qui dérivent dans les rues de cet ancien quartier ouvrier et qui ressemblent étrangement à ce que j'y ai côtoyé quand j'y habitais.

Avec son dessin, hybridation entre Robert Crumb et Gilbert Shelton - certains personnages ont des airs des Fabuleux Freaks Brothers - et son fabuleux sens de l'observation, Suicide nous présente, avec cette solide chronique urbaine, un portrait critique, mais tendre sur une faune que plusieurs aimeraient bien voir disparaitre, mais qui représente aussi une facette de Montréal, celle des laissés pour compte. Parce que Montréal c'est aussi ça. Une belle œuvre.

Sophie Bédard, Glorieux Printemps, tome 4, Pow Pow.

Bach, C'est pas facile d'être une fille, Mécanique Générale.

Richard Suicide, William Parano Chroniques du Centre-Sud, Pow Pow.

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