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Des forêts de la Gaspésie aux steppes de l'Asie mineure

La Gaspésie est un joyau québécois, on le savait déjà. Elle regorge de richesses naturelles et de paysages à couper le souffle. Mais ce dont personne ne soupçonnait c'était la présence d'un des meilleurs dessinateurs de la planète bédé : Francois Miville-Deschênes.
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La Gaspésie est un joyau québécois, on le savait déjà. Elle regorge de richesses naturelles et de paysages à couper le souffle. Mais ce dont personne ne soupçonnait c'était la présence d'un des meilleurs dessinateurs de la planète bédé : Francois Miville-Deschênes. À l'occasion de la sortie du deuxième album de Reconquêtes - une fabuleuse bédé qui met en scène les Scythes, les Sarmates, les Cimmériens et d'autres peuples mythiques qui titillent notre imaginaire- nous avons rejoint le Gaspésien le plus méconnu de l'univers bédé.

Si Millénaire, sa précédente série, nous amenait dans d'immenses, froides et inquiétantes forêts touffues, Reconquêtes, lui, nous fait découvrir les paysages arides et inhospitaliers de l'Asie Mineure. « J'aime beaucoup dessiner la nature et celle de l'Asie Mineure me plaisait bien.» D'autant plus que cet environnement plus désertique lui permettait de relever de nouveaux défis graphiques. « Reconquêtes se situe dans les steppes de l'Asie Mineure. La géographie m'imposait donc certaines contraintes » dont la luminosité moins importante dans sa série précédente. « Les paysages d'Asie Mineure sont très lumineux avec un soleil puissant, chaud et des ombres très découpées. Graphiquement il fallait que j'en tienne compte » explique-t-il. « Mais comme l'histoire se déroule sur 4 saisons, ça me permet de changer de palette de couleurs à chaque album. Le prochain album aura des couleurs beaucoup moins chaudes. »

Au-delà de ce plaisir de se frotter à de nouveaux environnements, c'est la possibilité d'oeuvrer sur une période aussi riche que l'Antiquité qui le séduisait. Une idée de génie puisque cette période n'est pas tellement couverte par le 9e art. « C'est peut-être ce qui explique la bonne réception de la série » rigole l'auteur. « Non pour être plus précis la période a quand même été bien couverte, mais généralement les auteurs se concentrent sur la partie grecque et égyptienne. » Sans doute parce que les historiens et les spécialistes ont abordé l'Histoire à travers le prisme de la vision grecque, base de notre culture. « Une chance, plusieurs archéologues ont fait des fouilles sur ces peuples et il y a des auteurs qui en ont aussi parlé comme Hérodote qui a fait des descriptions très intéressantes des Scythes et de leurs coutumes. J'ai donc pu trouver une documentation solide. Mais attention il ne faut pas oublier que ce n'est pas une bédé didactique ou historique. C'est avant tout une bédé d'aventures où on retrouve des éléments historiques véridiques. »

Qui dit bande dessinée d'aventures dans l'Antiquité pense à Alix ou à Conan, lui-même un Cimmérien. Un pas que Miville Deschêne a refusé de franchir. « Alix n'est pas du tout une influence. Je n'aime pas être comparé à Jacques Martin, Je trouve ses personnages figés et ses anatomies un peu bancales, mais je reconnais la qualité de ses architectures» s'empresse-t-il d'ajouter.

Idem pour Conan qu'il rejette aussi vertement. « Je ne voulais surtout pas en faire de l'« Heroic Fantasy ». Certes je voulais garder certains éléments du genre mais pas toutes ses caractéristiques. » Une décision qui explique pourquoi ses personnages ne sont pas ces montagnes de muscles hypertrophiés qu'on retrouve d'habitude dans les oeuvres du genre. « C'est un choix, je voulais éviter le piège de l'«Heroic Fantasy ». Si j'avais inclus des personnages invraisemblables historiquement ils auraient nui à la crédibilité de la série. Déjà que je laisse planer un soupçon de fantastique avec la présence des Atlantes... »

Ce qui n'a pas empêché certains observateurs de voir dans la présence d'éléphants sur les champs de bataille un hommage au Seigneurs des anneaux. « Tolkien n'a pas inventé l'éléphant comme arme. En Eurasie à cette époque les armées les utilisaient dans les guerres. Non, si j'ai mis des éléphants c'est que j'aime dessiner des animaux, il n'y a pas d'influence de Tolkien. »

Francois Miville-Deschênes défriche avec talent un terreau extrêmement fertile et riche en épopées qui pourrait l'alimenter pendant encore plusieurs années. « J'ai encore bien des sujets à exploiter si l'envie me prends de continuer. Mais pour l'instant je n'y pense pas. On verra ça lors de la publication du 4 et dernier tome de Reconquêtes » conclu le bédéiste avant de retourner travailler sur la 30e page du 3e opus de la série.

En attendant de lire le prochain projet du dessinateur, on peut toujours se plonger avec plaisir dans les deux premiers tomes de Reconquêtes ou replonger dans la série Millénaire qui nous l'a fait découvrir.

Une perspective très tentante

Belles récoltes québécoises à la dernière remise des Joe Shuster Awards, les prix les plus prestigieux de la bande dessinée canadienne. Ziviane, Julie Rocheleau et Minikim ont eu le plaisir de voir leur dernière production récompensée. Félicitations aux gagnants! Pour la liste des gagnants, c'est par ici.

Miville-Deschênes/Runberg, Reconquêtes, 2 tomes, Lombard

Miville-Deschênes/Richard D. Nolane, Millénaire, 5 tomes et une intégrale, Humanoïdes Associés

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