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L'art de se bercer de belles promesses

Le recours accru au privé et les multiples hausses de tarifs qui excèdent l'inflation conduisent la classe moyenne à une noyade assurée.
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Le gouvernement issu des urnes le 7 avril 2014 avait pris l'engagement de préserver les services à la population dans son effort de retour à l'équilibre budgétaire. Pourtant, le couperet vient de tomber sur environ 250 postes de professionnels de l'éducation en raison des compressions de ce gouvernement. Des services directs aux élèves seront donc touchés, malgré de belles promesses qui allaient dans le sens opposé.

Le gouvernement aura beau répéter qu'il vise malgré contexte budgétaire difficile à mieux organiser les choses à l'intérieur des réseaux pour rendre les services à la population, les Québécois ne doivent pas être dupes et tomber dans le panneau du joueur de flûte.

Peut-être vous rappelez-vous cette vieille légende allemande: à l'époque médiévale, une ville était envahie par les rats et les habitants mouraient de faim. Le maire promit au joueur de flûte une prime pour les débarrasser des rats qui infestaient la ville. L'homme prit sa flûte et, par sa musique, attira les rats qui le suivirent jusqu'à une rivière où ils se noyèrent.

Cette légende du joueur de flûte me fait drôlement penser aux belles promesses de ce gouvernement: pas de coupe de services à la population, pas de hausse du fardeau fiscal, pas de hausse de tarifs ou, du moins, pas de hausse supérieure à l'inflation. Le premier ministre a même affirmé que le manque à gagner pour atteindre l'équilibre budgétaire ne serait pas pigé dans la poche des contribuables.

Pourtant, le joueur de flûte vient de nous jouer un vilain tour en nous attirant vers la rivière. Avec cette abolition de postes de conseillers pédagogiques, de psychologues, de psychoéducateurs et d'orthophonistes, que vont faire les parents dont les enfants nécessitent ce type de service? Ils n'auront d'autres choix que de piger dans leur poche pour s'offrir le service dans le secteur privé. Le recours accru au privé et les multiples hausses de tarifs qui excèdent l'inflation conduisent la classe moyenne à une noyade assurée dans la rivière.

En novembre 2014, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) avait dénoncé la décision du gouvernement d'imposer des compressions additionnelles de 19 millions de dollars aux 48 cégeps du Québec. Encore une fois, il s'agissait d'un geste qui compromettait les services offerts aux étudiants, selon ce que nous rapportaient nos quelque 750 membres professionnels actifs dans le milieu de l'éducation.

Le gouvernement semble donc nous répéter que l'apport des professionnels de l'éducation pour le Québec est marginal. Or, la progression fulgurante des problèmes d'adaptation des élèves nourris au Ritalin pendant des années met en évidence que les besoins sont criants.

Pourtant, dans son discours d'ouverture du 14 mai 2014 à l'Assemblée nationale, le premier ministre déclarait que «l'éducation, c'est notre avenir, notre projet de société. L'instruction publique a signifié l'accession du Québec à la modernité. L'éducation demeure aujourd'hui le premier élément de succès des sociétés à l'ère de la mondialisation.»

Même si le joueur de flûte tente de nous endormir et de nous hypnotiser, au nom du retour à un équilibre budgétaire qui masque un surplus, nos professionnels de l'éducation ne sont pas dupes.

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