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Non au Québec bashing

On peut très bien lutter contre la Charte présentée par le gouvernement Marois tout en ne tombant pas dans une attitude anti-québécoise.
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J'ai fait clairement connaître, notamment ici et ici, mon opposition à la «Charte des valeurs québécoises».

Partisan de la laïcité, de la séparation de la religion de l'État, de l'égalité de la femme et de l'homme, je trouve le document présenté par Bernard Drainville mauvais.

Je répète : un État religieusement neutre ne veut pas dire que ses citoyens - ou ses fonctionnaires - n'aient aucune religion ou ne puissent porter des signes religieux laissant le visage découvert. De plus, on peut être un parfait bigot et ne porter aucun symbole religieux.

Dire défendre la neutralité de l'État et, dans le même souffle, appuyer la présence d'un crucifix au-dessus du fauteuil du président de l'Assemblée nationale est contradictoire et illustre un «deux poids, deux mesures» qui doit être rejeté. On ne peut pas dire que ce qui est catholique est patrimonial et que toute manifestation d'une autre religion est un empiètement inacceptable du religieux.

On ne peut vouloir défendre l'égalité des femmes tout en prônant une politique qui risque d'exclure celles qui sont souvent les plus vulnérables de leurs emplois. Forcer une femme à choisir entre sa liberté de religion et son emploi n'est pas une avancée des femmes, c'est un recul et une régression.

En d'autres mots, le projet Drainville va trop loin.

De plus, je dois avouer être tombé de ma chaise en lisant que la première ministre Marois extollait les vertus du modèle français d'intégration.

En fait, je le considère plutôt comme un contre-modèle : zones de non-droit, exclusion et chômage inacceptables parmi ses principales minorités, un parti d'extrême-droite dont les idées sont appuyées par 34% (un tiers!) de la population, une rigidité idéologique, tous ces faits ne sont pas des éléments que j'aimerais voir au Québec. Le fait que le monde politique français craigne réellement une percée prochaine du Front national devrait nous faire réfléchir.

Le Québec n'est pas raciste

Mais ce que j'ai vu comme Québec bashing dépasse l'entendement.

Oui, il y a du racisme et des racistes au Québec. Oui, il y a de l'antisémitisme et des antisémites au Québec. Mais le Québec n'est ni une société raciste ni une société antisémite.

On semble vouloir faire abstraction que le Québec ait été la première juridiction de l'Empire britannique à avoir octroyé les pleins droits civils et politiques aux Juifs en 1832 - 26 ans avant la Grande-Bretagne elle-même! (C'était sous le leadership de Louis-Joseph Papineau et des Patriotes).

On semble oublier qu'alors que les universités anglophones avaient des politiques limitant le nombre d'étudiants juifs (quotas), les universités francophones ouvraient leurs portes aux membres de cette communauté.

La seule grande émeute antisémite de l'histoire du Canada a eu lieu à Toronto en 1933 à Christie Pits, pas à Montréal. Cet événement a d'ailleurs été souligné par la communauté juive de Toronto il y a de cela quelques semaines.

Le Québec accueille des dizaines de milliers d'immigrants chaque année et cela se déroule dans l'ensemble très bien.

En d'autres mots, on peut très bien lutter contre la Charte présentée par le gouvernement Marois tout en ne tombant pas dans une attitude anti-québécoise.

On peut très bien dénoncer les effets pervers - directs et indirects - de la Charte, dénoncer l'attaque contre les droits et libertés de milliers de Québécois qu'elle représente, sans tenir des propos québécophobes.

La Charte des valeurs québécoises telle que dévoilée n'obtiendra pas les effets espérés, fera grandir le sentiment d'exclusion de milliers de Québécois (pratiquants ou pas d'ailleurs) et donne une très mauvaise image du Québec à l'international. Ceci étant dit, cela n'autorise personne à lancer le genre d'anathèmes que nous avons lus et entendus à l'endroit du Québec ces derniers jours.

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