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L'antisémitisme: une réalité qui dérange

Les synagogues, les magasins cachère, les écoles y sont devenues des cibles d'attentats. Les Juifs - ceux qui fréquentent ces endroits - sont clairement visés. De jeunes Juifs sont tabassés parce qu'ils portent une kippa. Ne sont pas visés les immigrants; il n'y a aucune vague de violences contre les arabo-musulmans, les bouddhistes ne sont pas dans la mire. On vise les Juifs. Parce qu'ils sont juifs.
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AFP

Combien de fois me suis-je fait dire que la menace de l'antisémitisme, sujet que j'aborde à l'occasion dans mes textes et conférences, est exagérée?

Combien de courriels, de tweets ai-je reçus pour me dire que l'antisémitisme n'existait pas?

Ce qui se passe en France - la douce France - actuellement devrait nous faire réfléchir.

La cible : les Juifs

Les synagogues, les magasins cachère, les écoles y sont devenues des cibles d'attentats. Les Juifs - ceux qui fréquentent ces endroits - sont clairement visés. De jeunes Juifs sont tabassés parce qu'ils portent une kippa. Ne sont pas visés les immigrants; il n'y a aucune vague de violences contre les arabo-musulmans, les bouddhistes ne sont pas dans la mire. On vise les Juifs. Parce qu'ils sont juifs.

Le Monde, le journal de référence, y est allé d'un euphémisme, en affirmant qu'il existe en France des groupes déterminés à la violence contre les Juifs.

Récemment, la police française a démantelé une cellule islamiste qui s'apprêtait à attaquer la communauté juive. Dans son raid, elle a trouvé 27 000 euros comptant, une liste d'organisations juives, des armes, des manuels islamistes et des documents extrêmement antisémites.

Dans ce raid, la police française a tué le leader du groupe, un Français de 33 ans converti à l'islam, Jérémie Louis-Sidney, et a arrêté 12 autres membres de la cellule. Des sources policières indiquent qu'il existe plusieurs groupes similaires dans tout le pays.

Le problème est si important que c'est maintenant aux plus hauts niveaux de la République qu'on s'occupe de ce phénomène inquiétant : le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le Président de la République François Hollande se sont investis du dossier.

Antisémitisme : islamisme + sources européennes

Cet antisémitisme tire sa source dans un cocktail d'islam radical et d'antisémitisme classique européen.

Au nom de l'islam, l'idéologie antisémite est mise au goût du jour par des salafistes islamistes. Un peu de Drumont, un peu de nazisme, un soupçon de Coran déformé, quelques gouttes de djihadisme et voilà la recette.

Le bouc émissaire : Israël évidemment

La montée en épingle de chaque incident impliquant l'État d'Israël, la place donnée dans les médias par ce conflit - certes important mais non central géopolitiquement - ne fait qu'attiser cette haine.

Faire jouer en boucle les incidents entre Juifs et Arabes en laissant de côté les massacres en Syrie, la répression en Iran, la cueillette - par des groupes égyptiens - des organes des réfugiés érythréens cherchant à traverser le Sinaï pour se rendre en Israël, le contrôle de plus en plus islamiste de la bande de Gaza par le Hamas, la répression des chrétiens à travers le monde arabo-musulman, renforce le discours salafiste qui fait d'Israël le responsable de tous les malheurs subis par les musulmans. Les autres violences dont je donne une liste non exhaustive sont reléguées à une place secondaire dans le discours public.

L'élite politico-médiatique de la France commence seulement à se rendre compte de ce qu'elle a créé : l'utilisation par ces islamistes de leur discours, images et textes sur le Proche-Orient pour la radicalisation antisémite d'une partie des musulmans de France. Pourtant, cela fait des années que la communauté juive sonnait l'alarme. Sans que personne ne l'écoute.

Internet : un amplificateur

Évidemment, les groupes antisémites se servent d'internet pour propager leurs messages. Et ainsi touchent un public qui dépasse de beaucoup leur propre base.

Récemment, sur Twitter, le #unbonjuif est arrivé parmi les trois hashtags les plus diffusés et donc mis en Une par Twitter, donnant lieu à un nombre record de tweets à caractère antisémite.Des blagues douteuses telles que « un bon Juif est un Juif mort », un « bon Juif est un dur à cuire » ou des tweets avec des photos de camps d'extermination et des capsules moqueuses se sont multipliées.

Tandis que des Juifs sont tabassés, que des lieux juifs sont pris pour cibles, que des groupes terroristes islamistes s'organisent pour frapper des Juifs parce qu'ils sont juifs, un tel concours de blagues antisémites sur Twitter ne peut qu'approfondir la peur, la crainte, voire la terreur dans lesquelles la communauté juive de France vit.

En France d'abord, puis au Québec?

On connait l'influence des intellectuels français sur nos propres penseurs.

Nous avons aussi chez nous des groupes islamistes et des groupes très à gauche qui y sont alliés.

Bien que n'étant pas une société antisémite, il y a chez nous au Québec - comme partout malheureusement - de l'antisémitisme.

Verra-t-on ici aussi ce qui se passe en France? Laissera-t-on une communauté implantée ici depuis plus de 250 ans devenir la cible d'abord d'attaques verbales, puis d'attaques physiques? Continuerons-nous de véhiculer une vision binaire du conflit israélo-arabe (Israël=méchant, Palestiniens=victimes innocentes), sans nuance, qui ne peut qu'attiser les conflits ici même? Il y a déjà des exemples de cela : Omar Bulphred, Azim Abagimov et Sleiman Elmerhebi sont des individus radicalisés qui ont ciblé la communauté juive montréalaise dans le passé récent.

J'aime la France. Je ne voudrais cependant pas que ce qui s'y passe soit répété au Québec.

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