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Le Canada, un défenseur des droits fondamentaux des femmes?

Le ministre du Développement international, Christian Paradis, et la ministre de la Condition féminine, Kellie Leitchs, ont confirmé que le gouvernement ne financera pas de services d'avortement sécuritaires dans ses initiatives à l'étranger, notamment dans le cadre de la contribution du Canada à l'Initiative de Muskoka pour la santé des mères et des enfants.
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Au cours des trois dernières semaines, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a déclaré à plusieurs reprises que le Canada s'engageait à s'attaquer au problème des mariages précoces et forcés.

Ces annonces surviennent à peine quelques jours avant la publication du Rapport 2013 sur l'état de la population mondiale du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), dont le thème de cette année est Faire face aux défis de la grossesse chez l'adolescente. Le rapport établit des liens importants entre la question de la grossesse chez les adolescentes et les besoins, en matière de santé sexuelle et reproductive, des jeunes femmes et des jeunes filles qui sont dans des mariages précoces et forcés.

Les besoins en matière de santé sexuelle et reproductive des millions de filles qui sont forcées à se marier chaque année sont évidents. En effet, on estime que 90 % des adolescentes qui donnent naissance à un enfant sont mariées. Les filles mariées sont plus susceptibles de subir de la violence sexuelle, d'être confrontées à des grossesses non désirées et de subir des avortements non sécuritaires. Dans les pays à faibles et à moyens revenus, les complications liées à la grossesse et à l'accouchement sont la principale cause de décès chez les filles de 15 à 19 ans.

Plus de quatre millions d'avortements non sécuritaires sont pratiqués chez des adolescentes des pays en développement chaque année et les adolescentes représentent 70 % des hospitalisations pour cause de complications liées à des avortements non sécuritaires. Le manque d'efforts pour prévenir ces décès et ces complications constitue une violation des droits de la personne, aux termes de la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations Unies, qui garantit «le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne».

Ces décès peuvent être évités. Malheureusement, le gouvernement canadien n'a pas l'intention de sauver la vie de ces femmes en leur donnant accès à des services d'avortement sécuritaires.

Le ministre du Développement international, Christian Paradis, et la ministre de la Condition féminine, Kellie Leitchs, ont confirmé que le gouvernement ne financera pas de services d'avortement sécuritaires dans ses initiatives à l'étranger, notamment dans le cadre de la contribution du Canada à l'Initiative de Muskoka pour la santé des mères et des enfants. Ils refusent en outre de financer des organismes qui dirigeraient les femmes et les filles vers des services d'avortement sécuritaires. Le refus du Canada de financer des services d'avortement, même dans le cas de l'utilisation du viol comme arme de guerre et pour les jeunes femmes et les jeunes filles qui sont dans des mariages précoces et forcés, est tout à fait inacceptable.

Restreindre l'accès des femmes à l'avortement en refusant de financer ces services, même dans les pays où l'avortement est légal, va à l'encontre des lignes directrices de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En réponse à l'Initiative de Muksoka, des experts de l'OMS ont conclu qu'un accès facile à la contraception et à des services d'avortement sécuritaires permet de réduire considérablement les taux élevés de mortalité et de morbidité maternelles. L'accès à des avortements sécuritaires peut permettre d'éviter les coûts actuellement associés à des avortements non sécuritaires pour les systèmes de santé, la société, les familles et les personnes. L'OMS indique clairement que dans les pays où il y a peu de restrictions quant à la disponibilité des services d'avortement sécuritaires, les décès et les maladies sont considérablement moins nombreux.

La position du Canada a suscité beaucoup d'opposition de la part de nombreux parlementaires et a été critiquée par des organismes de la société civile canadienne qui fondent leur travail sur le système international des droits de la personne, qui a clairement reconnu que les services d'avortement sécuritaires faisaient partie d'un ensemble complet de services de santé sexuelle et reproductive et qu'ils étaient essentiels pour assurer le respect du droit des individus à la santé.

En tant que députés canadiens, nous avons la responsabilité d'examiner les répercussions des initiatives canadiennes de développement, en nous concentrant plus spécifiquement sur la santé reproductive des femmes et des filles. Le Canada est tenu de respecter la Loi sur la responsabilité en matière d'aide au développement officielle (LRADO), qui oblige l'aide canadienne à contribuer à la réduction de la pauvreté, à tenir compte du point de vue des pauvres, et à être compatible avec les normes internationales en matière de droits de la personne.

Nous sommes convaincues que le rapport du FNUAP contiendra des recommandations valables et nous exhortons le gouvernement à respecter les droits des jeunes femmes et des jeunes filles qui sont dans des mariages précoces et forcés pour qu'elles obtiennent des soins de santé de qualité, en garantissant l'accès à un ensemble complet de services de santé sexuelle et reproductive. Nous avons l'obligation d'aider ces jeunes filles et ces jeunes femmes; nous devons agir correctement à leur endroit.

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