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Et si je n'ai pas envie d'être mère au foyer?

Je pense vraiment que ça serait pas mal de laisser nos a priori de côté. Et d'éviter, la prochaine fois qu'on tombe sur une mère entourée d'une ribambelle de gamins, de se dire qu'elle a forcément arrêté de travailler.
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«Ah. J'imagine que vous êtes mère au foyer.»

J'étais chez le médecin pour mon examen annuel, et l'infirmière rentrait mes données dans son fichier. Je venais de lui dire que j'avais cinq enfants quand elle m'a sorti ça.

J'ai répondu que non, et qu'à vrai dire, j'avais un poste à plein temps. Presque en m'excusant, comme si c'était honteux de travailler quand on a cinq enfants. Je me suis empressée d'ajouter que j'avais des horaires très souples - l'après-midi et tard le soir - pour m'occuper de mes garçons le matin et le soir, et de travailler quand leur père s'en chargeait ou qu'ils dormaient.

«Eh ben dites-donc», a répondu la dame. Et elle s'est retournée sans un mot de plus pour taper ce que je venais de lui dire.

Ce n'est pas la première fois que je fais les frais de ce type d'a priori, ou que je me confonds en excuses. Ce sont souvent les femmes qui font ce genre de remarques : «Bien entendu, vous restez à la maison pour vous en occuper? », «Vous avez probablement arrêté de travailler, non?», «J'aimerais tellement faire comme vous et me consacrer à eux jusqu'à ce qu'ils soient grands!» Ca me surprend un peu, parce que s'il y a quelque chose que j'ai appris depuis ma première grossesse il y a sept ans, c'est que nous sommes toutes différentes.

En clair, la manière dont je m'organise avec cinq enfants ne correspond pas forcément à la leur. Il y a des mères d'enfant unique qui choisissent d'arrêter de travailler, et des femmes avec cinq enfants qui continuent à travailler.

J'ai un bureau, j'écris des articles, je prends des photos et je sors un petit journal. Tout ça me plaît beaucoup. Avoir des enfants n'a rien changé à l'affaire.

Même si je ne travaillais pas à plein temps, je choisirais de bosser. Parce que mes activités professionnelles, en tant que rédactrice, font de moi une meilleure mère. Parce que j'analyse mes erreurs et je trouve des solutions sans avoir à répondre aux sollicitations constantes de mes enfants. À chacun son truc.

J'ai des amies qui sont mères au foyer, et je les adore. J'en ai d'autres qui bossent huit heures par jour, et je les aime tout autant.

Il n'y a pas une façon de faire.

On n'arrête pas de parler de ce qui est important pour les enfants alors que, parfois, il vaut mieux se préoccuper de soi pour être une bonne mère. Certaines sont mieux dans leur peau quand elles n'abandonnent pas leur carrière. D'autres préfèrent éviter le stress d'un travail qui les oblige à quitter leurs enfants chaque matin.

On peut aussi discuter des heures pour savoir pour qui c'est plus compliqué, mais toutes les mères ont le boulot le plus compliqué du monde. Même quand elles sont au bureau, à des kilomètres de leurs enfants, elles pensent à eux et elles s'inquiètent pour eux. Ils leur manquent! Elles continuent à les aimer, avec autant de passion qu'une mère au foyer.

Et quand elles sont à la maison, et qu'elles doivent s'occuper d'eux en temps réel, de tout faire pour ne pas devenir dingue à cause de tous ces hurlements, et qu'elles s'enferment quelques instants dans la salle de bains, histoire de souffler un peu, elles pensent quand même à eux, à s'inquiéter pour eux, et à les aimer, tout autant que les mères qui travaillent.

Ce n'est pas parce qu'on choisit d'avoir cinq enfants qu'on doit obligatoirement devenir mère au foyer, ou sacrifier sa carrière, ou faire une croix sur ses rêves. Ça va peut-être devenir un peu différent, et on devra bosser certains soirs jusqu'à pas d'heure pour rattraper le temps perdu, ou s'arranger avec le papa pour éviter d'avoir à payer une nounou, ou aller au bureau deux fois par semaine et bosser de chez soi le reste du temps.

Je ne travaille pas pour prendre du galon, ni pour gagner beaucoup d'argent, ni même pour montrer à mes garçons qu'on peut être mère de cinq enfants et rédactrice en chef. Je travaille parce que ça me plaît et parce que j'ai besoin d'écrire et de créer pour être moi-même.

Je sais que cette dame n'a pas dit ça pour me mettre mal à l'aise ou me faire culpabiliser. De toute façon, ça n'aurait pas marché.

Mais je pense vraiment que ça serait pas mal de laisser nos a priori de côté. Et d'éviter, la prochaine fois qu'on tombe sur une mère entourée d'une ribambelle de gamins, de se dire qu'elle a forcément arrêté de travailler, et que c'est pour ça qu'elle a continué à faire des enfants.

Peut-être qu'on pourrait se contenter de regarder ces enfants avec bienveillance et de leur caresser la tête en souriant.

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Les difficultés d'être parent en photos

Ce blogue initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l'anglais.

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