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Une révolution communiste? Vraiment?

À en croire certains, il existerait une menace de l'extrême-gauche au Québec. Je cherche encore les drapeaux et les mers d'oriflammes marxistes-léninistes, les chants généralisés de l'Internationale communiste. Z'en voyez à Chicoutimi? À Amos? À Repentigny? Je vois et j'entends des casseroles, mais on est là aussi loin de Lénine que des représentations mesquines qui caricaturent Jean Charest en prélat nazi.
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Si dans la vague de protestation que vit le Québec, on assiste de part et d'autre à de nombreux débordements, les commentaires que je lis de certains « réactionnaires » - je ne vois pas d'autre mot - québécois sont sidérants. Des plus hautes fonctions politiques aux éditorialistes de service, je dois certains jours me pincer pour être certain de lire ce que je lis. On nage en plein délire approximatif et l'information est salement malmenée dans cette crise sociale. Conflit étudiant : une révolution communiste? Vraiment?

Ce n'est certes pas le premier ministre du Québec, Jean Charest, qui donne l'exemple en se réjouissant du travail des policiers face à « la menace des groupes d'extrême gauche ». Il y a une menace de l'extrême gauche? Ah oui? C'est que je cherche encore les drapeaux et les mers d'oriflammes marxistes-léninistes, les chants généralisés de l'Internationale communiste. Z'en voyez à Chicoutimi? À Amos? À Repentigny? Je vois et j'entends des casseroles, et là, on est aussi loin de Lénine que des représentations mesquines qui caricaturent le premier ministre en prélat nazi. Conflit étudiant : une révolution communiste? Vraiment?

Si s'offusquer qu'on ait voulu nous enfiler les gaz de schiste sans étude sérieuse, s'indigner qu'on distribue généreusement 200 M$ à la Ligue nationale de hockey pour une équipe qui n'existe pas et dans une ville qui a déjà un aréna (ignorant la littérature économique et la pléthore d'études économiques universitaires qui recommandent le contraire), s'étonner qu'on soit prêt aller au « clash » social sur six mois pour d'autre part refiler cette facture aux étudiants, s'étonner que la cour de notre chef d'État soit présente aux réceptions intimes d'un grand magnat de la presse québécois, avec décoration et médaille nationale en prime, c'est une révolution communiste, alors là, chapeau les pseudo-« lucides ». Et je ne dis mot sur la corruption. Conflit étudiant : une révolution communiste? Vraiment?

Et il y a les vitrioliques, les malappris, les sous-fifres, comme le maire de Huntington, qui fait des appels à la violence et à la haine sur les médias sociaux, souhaitant que les étudiants se fassent bastonner. Que les « maudits communistes » aillent taper leur casserole ailleurs à défaut de se faire botter le derrière par monsieur le Maire en personne, dirait-il. Ou ce haut fonctionnaire de l'État québécois, doucement réprimandé par sa hiérarchie, pour avoir incité la population à casser le piquetage étudiant comme au « bon temps » des phalanges fascistes de l'avant seconde guerre mondiale. Ou tout simplement ces commentaires d'une bassesse animale s'échangeant sur les médias sociaux et réclamant que le député Amir Khadir et sa fille soient retournés illico dans « leur » pays, c'est à dire l'Iran. Conflit étudiant : une révolution communiste? Vraiment?

On ne peut passer sous silence cet éditorialiste d'un grand quotidien, André Pratte, qui affirmait lundi en grandes pompes dans La Presse que la foule présente au Grand Prix montrait que « le peuple a choisi la F1 »! Difficile à battre comme sophisme. D'une idiotie sans mesure. On n'est pas loin du Ferrari 1 - Bolchévisme 0.

Et, mardi matin, c'est l'Institut économique de Montréal, de par son président, qui fait sa petite montée de lait, avertissant la population que les symboles bolchéviques ne sont pas « cool ». Ha la bonne blague. Car faut dire que l'IÉDM, « think tank » et creuset de la droite « G. W. Bush » au Québec - pas la plus intelligente des droites -, devrait en principe publier sur ... des sujets économiques, pas des guides généraux et spécifiques sur le bien et le mal pour citoyens moutons. On va laisser le sujet à Nietzsche, s'il vous plaît... Quand on sait que cet institut a supporté aveuglement les politiques économiques de Bush aux USA et s'en est fait le publiciste de première ligne au Québec, peut-on vraiment le prendre au sérieux lorsque ses patrons sortent de leurs petits souliers? Cette « belle » politique économique tant vantée par l'IÉDM a comme résultat aujourd'hui qu'un « townhouse » de 1 500 pieds carrés, sur le bord d'un champ en Montérégie, vaut le triple d'une surface équivalente en Floride... C'est pour vous dire leur pertinence de visionnaires.

Si vous, lecteurs, désirez être informés plutôt que manipulés, voici la position étudiante expliquée sur YouTube par certains de leurs représentants. La vidéo « 8 mythes sur la hausse des frais de scolarité » est claire et bien argumentée. Elle démontre à mon avis qu'il y a un lien direct entre l'augmentation des frais de scolarité aux études post-secondaires et la baisse de la fréquentation, avec le train de conséquences négatives qui s'en suivent sur notre productivité, notre compétitivité et notre performance économique. Bien sûr, vous pouvez penser autrement après visionnement mais, au moins, ce sera VOTRE opinion, pas celle qui vous est peu subtilement distillée par les cardinaux de la peur.

Conflit étudiant : une révolution communiste? Vraiment?

Bonne blague.

Manifestation des 100 jours - 22 mai 2012

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