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Stephen Harper sur son nuage israélien

L'incohérence conservatrice sur le conflit israélo-palestinien est palpable. S'agit-il tout simplement d'une incompréhension de la part du premier ministre Harper ou du cynisme à outrance envers le peuple palestinien? On peut bien vouloir reconnaître l'État d'Israël, mais ignorer ses politiques de néo-colonialisme décriées par les Nations unies me semble irresponsable et indigne d'un chef d'État.
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Stephen Harper était en visite en Israël cette semaine afin de fortifier et de sceller ses relations avec l'État hébreu. C'est dans une atmosphère bon enfant que le premier ministre canadien a été accueilli en héros par son homologue israélien, Benyamin Nétanyahou. Qui plus est, c'est la première fois qu'un chef d'État se voit offrir la symbolique «clé» du parlement israélien (la Knesset), et ce, afin de démontrer l'appui incontestable d'Israël envers le gouvernement canadien.

Bien qu'on puisse se réjouir, d'une certaine manière, de ce rapprochement bilatéral entre le Canada et Israël, ce pacte symbolique entre ces deux États ne s'est pas fait sans heurts. Tout d'abord, le discours de Harper devant le parlement israélien fut parsemé d'embûches: deux députés de l'opposition l'ont hué pour ensuite quitter l'enceinte du parlement. Visiblement, ceux-ci furent choqués de la position très peu nuancée du chef d'État canadien concernant les colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Selon Harper, critiquer les politiques de l'État d'Israël relèverait du «nouveau visage de l'antisémitisme». Depuis la création de l'État hébreu en 1948, le Canada s'est toujours montré favorable et enclin à collaborer avec Israël. Néanmoins, bien qu'il y ait une certaine tradition au niveau des rapports entre les deux États, cet appui indéfectible du gouvernement Harper est néfaste au niveau du droit international. En effet, la position canadienne actuelle ne défend pas les colonies de peuplement, mais les dénonce fermement: l'occupation des territoires palestiniens par Israël sont considérés comme une violation de la quatrième Convention de Genève selon le ministère des Affaires étrangères. De surcroît, le Canada défend le droit du peuple palestinien à son autodétermination et, pourtant, le gouvernement canadien s'est opposé à ce que l'État palestinien devienne un État observateur à l'ONU en novembre 2012.

L'incohérence canadienne / conservatrice sur le conflit israélo-palestinien est donc palpable. S'agit-il tout simplement d'une incompréhension de la part du premier ministre Harper ou du cynisme à outrance envers le peuple palestinien? On peut bien vouloir reconnaître l'État d'Israël, mais ignorer ses politiques de néo-colonialisme décriées par les Nations unies me semble irresponsable et indigne d'un chef d'État. Si la position canadienne sur l'autodétermination du peuple palestinien est bien effective, les colonies de peuplement devraient être vivement vilipendées par le gouvernement canadien. Si Harper ignore l'étendue des politiques de l'État hébreu, il devrait consulter cette carte du Monde diplomatique pour constater l'occupation démesurée et illégale en Cisjordanie.

Par conséquent, c'est lorsque ce genre de situations survient que je soutiens davantage l'indépendance du Québec. En matière de relations internationales, le Canada fait piètre figure, on ne peut que le constater : action environnementale déficiente, perte du siège au Conseil de sécurité de l'ONU, appui indéfectible et peu nuancé envers Israël, etc. Le Québec a énormément à offrir à la communauté internationale, et ce, dans l'optique où un premier État francophone en Amérique pourrait affirmer haut et fort qu'il cogite autrement que son homologue canadien. Comme dirait Bernard Landry, la place du Québec n'est pas au Conseil de la fédération canadienne, mais bien aux Nations unies à New York : «Un pays qui peut être libre a le devoir de l'être. Ce sera bien pour nous, mieux pour l'humanité. Ce n'est plus seulement du nationalisme, c'est du civisme mondial et national.»

Le civisme, c'est de reconnaître les aspirations nationales du Québec, de la Palestine et, de surcroît, de l'Écosse et de la Catalogne, et ce, afin de favoriser le droit de ces nations de prendre la parole sur la scène internationale.

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