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Comment légiférer sur les fausses nouvelles?

En créant davantage de vraies nouvelles et en évitant de dissimuler la vérité, les gouvernements n'auraient plus à se soucier de combattre les calomnies dont ils sont quotidiennement les sujets.
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Le phénomène des «fausses nouvelles», qui a pris beaucoup d'ampleur depuis l'élection américaine de 2016, où Donald Trump est devenu le 45 locataire de la Maison-Blanche, n'est pas une nouveauté en soi. De l'antiquité en passant par l'époque médiévale jusqu'à nos jours, la désinformation et la propagande ont souvent nourri les arrivistes de tout acabit qui ont souhaité atteindre les plus hauts sommets politiques ou autres.

Les fausses nouvelles ne datent pas d'hier

La députée fédérale, Hedy Fry, qui a été franche par le passé sur sa préoccupation quant à la véracité de l'information trouvée en ligne, a remis à l'ordre du jour, au début de 2016, ces préoccupations lors d'une réunion du comité du patrimoine, en disant: «Qui va réglementer en termes d'exactitude, les plateformes numériques? N'importe qui peut soumettre quelque chose au monde et personne ne sait si c'est exact.»

Dans plusieurs pays d'Europe ainsi qu'en Amérique du Nord, de nombreux politiciens convoitent l'idée de légiférer sur les fausses nouvelles. Fondamentalement, une telle initiative de la part des gouvernements démontre un réel désir de s'attaquer à une problématique qui peut parfois dégénérer.

L'exemple du «Pizzagate Conspiracy Theory» l'illustre bien. En décembre 2016, aux États-Unis, un homme armé s'est pointé dans un restaurant et y a fait feu après avoir pris connaissance d'une «fausse nouvelle» indiquant que l'endroit accueillait un cercle de pédophiles dirigé par des leaders du Parti démocrate.

En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a suggéré de faire de la publication de fausses nouvelles une infraction pénale, un appel qui a été rapidement repris par un chef antitrust italien, exigeant des amendes et la censure de ceux qui les diffusent. Sans oublier le président français Emmanuel Macron qui avait proclamé lors de sa campagne présidentielle vouloir bannir ce type d'informations de l'Internet.

Même au XVIIe siècle, le roi d'Angleterre Charles II craignait la popularité des «coffee houses» et les croyait à la source du mécontentement à l'égard de la royauté. Celui-ci a réagi: «En 1672, Charles II a publié une proclamation «pour empêcher la diffusion de fausses nouvelles» qui aidait «à nourrir une jalousie universelle et l'insatisfaction dans l'esprit de tous les sujets de Sa Majesté.» Près de 350 ans plus tard, nous en sommes sensiblement au même point: «Comment les médias sociaux peuvent empêcher la prolifération de fausses nouvelles?»

La corrélation entre le passé et le présent est bien représentée ici dans cet article du journal britannique The Guardian: «Les mensonges déguisés en nouvelles sont aussi vieux que les nouvelles elles-mêmes. Ce qui est nouveau aujourd'hui, ce ne sont pas les fausses nouvelles, mais les fournisseurs de telles nouvelles. Dans le passé, seuls les gouvernements et les figures puissantes pouvaient manipuler l'opinion publique. Aujourd'hui, tout le monde a accès à Internet. Tout comme les institutions d'élite ont perdu leur emprise sur l'électorat, leur capacité à agir comme gardiens des nouvelles, à définir ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, a également été érodée.»

Les élites ont été dépassées

Les élites qui, jusqu'à tout récemment dans l'histoire, imposaient sur la population leurs mensonges et leurs tromperies, ne sont plus désormais les seules tributaires de la vérité. Aujourd'hui, elles se retrouvent victimes de la désinformation qui émane de la population, car elles ne contrôlent plus le message.

Pour quiconque se trouve en position d'autorité morale ou politique, ce genre de situation ne peut être de bon augure.

Par conséquent, toutes formes de législation en ce qui a trait aux fausses nouvelles se doivent d'être prises en considération avec énormément de prudence.

Considérons cette idée: «Voulons-nous vraiment nous débarrasser des fausses nouvelles d'aujourd'hui, en revenant aux jours où les seules fausses nouvelles étaient des fausses nouvelles officielles?» D'autant plus que: «l'idée que les gouvernements explorent des lois qui, vraisemblablement, les chargeraient de déterminer ce qui est "exact" devrait sonner l'alarme. Les dangers inhérents au fait de donner aux législateurs le pouvoir de décider ce qui constitue la "vérité" minent à la fois la liberté d'expression et la liberté de la presse.»

Quelques pistes de solution

Les gouvernements souhaitent être plus transparents et veulent contribuer à une démocratie plus saine, afin d'éviter des dérives communicationnelles. Les solutions se trouvent tout autour d'eux, dans chaque institution parlementaire: avoir des politiciens redevables à la population, fournir des redditions de comptes, éviter de fourvoyer les citoyens lorsqu'un ministre a des intérêts dans des paradis fiscaux, d'être transparent lors de nominations au sein de la haute fonction publique, etc.

Tous ces éléments contribueront certainement à la revalorisation des institutions démocratiques ainsi qu'à des gouvernements plus responsables. En créant davantage de vraies nouvelles et en évitant de dissimuler la vérité, les gouvernements n'auraient plus à se soucier de combattre les calomnies dont ils sont quotidiennement les sujets.

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