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Ce qu'on ne vous dira pas au sujet du salaire minimum

Les lois de l'économie s'appellent ainsi parce qu'elles sont (presque) immuables. Hausser arbitrairement un prix, que ce soit le salaire ou le lait, crée un surplus artificiel qui rend l'économie inefficace parce que les ressources ne sont pas utilisées de façon optimale.
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Après avoir infecté les États-Unis, le virus du salaire minimum à 15 $ de l'heure infecte présentement le Québec. Sur plusieurs tribunes, les défenseurs de la veuve et de l'orphelin affirment que cette mesure aidera grandement à soulager la pauvreté, que les coûts seront négligeables, que l'économie s'en portera mieux, etc. On a même créé une belle affiche de propagande à cet effet.

Malheureusement, n'en déplaise à ces ignorants de l'économie, l'argumentaire pour augmenter le salaire minimum ne tient pas la route.

De prime abord, il est faux de penser qu'une hausse du salaire minimum, si minime soit-elle, sera sans « dommages collatéraux. » Comme l'enseigne le cours de microéconomie 101, imposer un prix plancher (ici, un salaire minimum au-dessus de ce que le marché, c'est-à-dire les consommateurs, veulent) crée un surplus. Ledit surplus ici, ce sont les travailleurs non qualifiés qui ne sont plus assez productifs pour mériter d'être payés 15 $/h. Ils seront donc remplacés par des robots, comme on voit partout dans le monde, ou par des travailleurs plus productifs.

N'allez pas croire que c'est un vice caché: ce fut toujours le but explicite depuis son invention. Issu du mouvement eugéniste, le salaire minimum fut imposé afin de mettre les travailleurs « indésirables » (femmes, minorités ethniques) afin que les « bons travailleurs » (généralement les hommes blancs, anglophones et protestants) puissent travailler. Pour vous en convaincre, voyez quelques exemples historiques montrant la discrimination patente derrière le salaire minimum.

Certains présidents étaient tellement conscients du dessein destructeur du salaire minimum qu'ils l'ont suspendu en temps de crise - notamment durant l'hyperinflation des années 70 et après le passage de Katrina en Louisiane.

Toujours aux États-Unis, les ravages du salaire minimum à 15 $ se font déjà sentir. Oui, le niveau de l'emploi à Seattle s'est maintenu (et a même augmenté), mais c'est à cause d'emplois bien rémunérés dans l'aéronautique (Boeing) et l'informatique (Microsoft). Dans la restauration, la tendance à Seattle est à la baisse alors que le reste de l'État de Washington est à la hausse. La même chose s'est produite pour la ville de Washington; elle a perdu beaucoup d'emplois non qualifiés suite à une hausse du salaire minimum alors que ses banlieues ont vu une hausse.

On voit donc que les prédictions du Congressional Budget Office étaient justes. Il prédisait une destruction massive d'emplois si le salaire minimum fédéral était augmenté ne serait-ce qu'à 9 $ de l'heure. La tendance respecte aussi ce qui se voit en Europe, où le chômage pour les jeunes travailleurs est plus élevé quand ils doivent faire face à un salaire minimum.

Comment vraiment aider les pauvres

Si nos bien-pensants veulent vraiment aider les plus pauvres, ils devraient donc utiliser de logique plutôt que de sentiments qui les font bien se sentir à l'intérieur.

Pour commencer, le salaire minimum n'a pas sa raison d'être. Pour éviter du chômage inutile ou une baisse artificielle de la population active, laissons les travailleurs se faire payer selon leurs compétences et les tâches qu'ils ont à accomplir.

« Mais les patrons vont exploiter les travailleurs », me diront les ignorants habituels. Il y aura sans doute de l'exploitation, mais elle sera minime puisque la compétition entre employeurs sera très forte. Ils voudront attirer les travailleurs chez eux et n'auront donc pas le choix d'offrir un salaire plus élevé s'ils veulent embaucher. C'est ce que les restaurants rapides ont dû faire au Dakota du Nord, lors du boom des gaz de schiste dans l'État, afin d'avoir des employés.

Ainsi, un caissier de dépanneur, dont l'ensemble des tâches s'apprend au plus en une semaine, aura toujours un salaire inférieur à un chirurgien cardiaque, dont la formation (nonobstant la cartellisation de sa profession) dure plusieurs années et est nettement plus stressante.

Bref, les lois de l'économie s'appellent ainsi parce qu'elles sont (presque) immuables. Hausser arbitrairement un prix, que ce soit le salaire ou le lait, crée un surplus artificiel qui rend l'économie inefficace parce que les ressources ne sont pas utilisées de façon optimale.

Qu'est-ce qui est mieux : gagner 8 $/h et avoir une certaine dignité ou zéro et vivre aux crochets de la société? Bien sûr, on pourrait parler des désincitatifs au travail causés par l'aide sociale - près de 40 % des gens aptes au travail pris dans ce cercle vicieux y sont depuis au moins 10 ans. Mais ça, c'est un tout autre sujet...

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