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Salaire minimum: travailler n'est pas un droit

Ce n'est pas au gouvernement de réglementer les conditions de travail. Les bonnes intentions ne sont pas suffisantes, surtout quand les résultats - chômage, pauvreté, haut cout de la vie - ne sont pas à la hauteur.
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La gauche est en émoi. Le Bureau des relations de travail des États-Unis (National Labor Relation Board, NLRB) vient de décider que les compagnies fonctionnant sur le principe des franchises (McDonald's, principalement) sont responsables des conditions de travail de ces dernières. Cela ouvre la porte à des poursuites judiciaires si les conditions de travail d'un franchisé sont jugées inappropriées.

Un tshirt populaire sur l'Internet affiche (traduction libre) : « Si j'avais cinq sous chaque fois qu'on blâmait le capitalisme au lieu du gouvernement, je serais un producteur obèse avec une casquette. » Cette décision du NLRB s'harmonise parfaitement avec cette décision.

En effet, que ce soit le salaire minimum, le « salaire de subsistance » (living wage) ou la réglementation en général, l'intervention du gouvernement crée plus de problème qu'elle n'en règle.

C'est particulièrement évident dans le premier cas. Les lois fédérales sur le salaire minimum (Davis-Bacon) ont été adoptées explicitement pour que les Noirs, supposés moins productifs et gagnant donc un plus bas salaire, soient mis au chômage. Politiciens et syndicalistes s'étaient unis, dans l'esprit du mouvement eugéniste, pour que les travailleurs « indésirables » ne puissent travailler afin de laisser la place aux travailleurs qui le méritaient vraiment.

En fait, les intentions de Davis-Bacon sont tellement évidentes que des présidents l'ont suspendu afin d'aider temporairement des régions qui avaient besoin d'une aide supplémentaire.

Ça va de soi : comme n'importe quelle autre marchandise, le travail est soumis à la loi de l'offre et de la demande. Si on place un seuil supérieur à ce que les employeurs sont prêts à payer, il y aura inévitablement un surplus de travailleurs, c'est-à-dire des chômeurs. Le Congressional Budget Office (CBO), organisme non partisan analysant les politiques budgétaires fédérales, a d'ailleurs prédit une hausse du chômage si le salaire minimum est augmenté.

En ce qui concerne le salaire de subsistance maintenant, le concept en tant que tel est creux. Le coût de la vie varie d'un État à l'autre. Il y a même des variations à l'intérieur d'un même État.

Certains me diront, avec justesse, que les choses sont plus chères qu'avant - demandez à vos grands-parents ce qu'ils pouvaient se procurer avec 20 $. Toutefois, cette aberration a presque entièrement à voir avec le gouvernement.

Le principal effet vient des banques centrales, qui augmentent artificiellement la masse monétaire en diminuant les taux d'intérêt. Cette taxe déguisée profite principalement aux gens aux meilleurs contacts politiques, qui peuvent en profiter pour dépenser ce nouvel argent fraichement imprimé. Les derniers à en profiter (s'ils le peuvent) sont les plus pauvres, qui doivent subir des prix plus élevés.

Un autre effet non négligeable vient des règlements de zonages, qui affectent directement le prix des loyers. En réservant des lopins de terre à un développement très spécifique, on diminue ainsi l'offre de terrain et augmente les prix. Si une ville comme Houston peut se satisfaire d'un zonage minime - on affirme qu'il n'y a pas eu de bulle immobilière dans la ville -, alors les autres villes le peuvent aussi.

Finalement, toutes ces agitations autour de ce souhait d'augmenter le salaire minimum (15 $/h semble un montant populaire aux États-Unis) semblent supposer qu'on a droit à un salaire. Or, ce n'est pas le cas. Un salaire se mérite et est généralement proportionnel à la tâche.

J'ai longuement travaillé dans le commerce de détail et ne gagnait que le salaire minimum (ou à peine au-dessus). Si j'avais vécu par moi-même et non chez mes parents, cela aurait été évidemment insuffisant.

Toutefois, combien « doit-on » vraiment payer un caissier ou un commis qui place de la marchandise, considérant que la formation ne dure même pas 24 heures? Si l'on considère la forte compétitivité du commerce de détail, avec une marge de profit moyenne de 3,2 %, augmenter autant les salaires est un suicide économique.

Comparons maintenant les tâches d'un caissier avec celles d'un chirurgien cardiaque. Non seulement doit-il étudier pour plus de 10 ans et franchir de nombreuses étapes avant de véritablement travailler, mais l'emploi est des plus stressant. La moindre petite erreur peut couter la vie du patient, et peut engendrer des poursuites judiciaires onéreuses...

En d'autres mots, ce n'est pas au gouvernement de réglementer les conditions de travail. Les bonnes intentions ne sont pas assez, surtout quand les résultats - chômage, pauvreté, haut cout de la vie - ne sont pas à la hauteur.

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