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Une année de référendums: l'Écosse

Un des principaux enjeux de cette campagne a été la monnaie, le camp du «non» prétendant que l'Écosse ne pourra pas conserver la livre sterling au lendemain d'un «oui».
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D'ici à la fin de cette année se tiendront deux référendums portant sur l'indépendance de deux nations dans des pays européens. Si vous en avez entendu parler, vous devriez vous féliciter de faire partie de la frange la plus informée de la population.

C'est un fait, alors que nous parlons ici de deux situations très proches de celle du Québec pour beaucoup de raisons, et qui pourraient donner lieu à une couverture approfondie, il semble que les médias québécois aient jugé inutile de nous informer de ces processus pourtant si cruciaux, nous rappelant l'histoire contemporaine du Québec, et qui pourraient nous en apprendre tant pour la suite des choses.

Le 18 septembre, l'Écosse votera sur son avenir

Nous nous attarderons aujourd'hui sur l'Écosse. Une nation avec laquelle nous avons en commun d'avoir été conquis par les Anglais et d'avoir hérité de leur système politique parlementaire. Une nation également développée et dont les choix de société la mettent souvent en contradiction avec sa voisine anglaise, plus libérale et conservatrice. Une nation avec sa propre histoire, ses frontières, son parlement. Là s'arrête la comparaison. Car l'Écosse est plus petite et moins peuplée (5,3 millions) que le Québec. Son économie s'appuie sur un développement important du secteur pétrolier et gazier ces 25 dernières années, dont Londres a aussi su tirer grand profit ; sur son tourisme et ses produits locaux, le secteur bancaire et une économie du savoir en forte croissance.

Voici une nation qui a cheminé comme le Québec, démocratiquement, mais différemment. Il lui aura d'abord fallu récupérer en 1998 un parlement, suite à sa mise en veilleuse durant 290 ans et grâce à un référendum gagnant l'année précédente. En 2012, le premier ministre nationaliste du SNP, Alex Salmond, signait l'acte d'Édimbourg avec le premier ministre britannique, David Cameron. Cet acte définissait d'un commun accord une question claire : « L'Écosse devrait-elle être un pays indépendant ? » Voilà un comportement mature de nation à nation que nous espérerions bien voir un jour au Canada ; l'espoir fait vivre.

L'identité, un point de différence

D'autres choses intéressantes à relever dans le cas écossais. Une disparité fondamentale avec le cas du Québec est la question de l'identité. L'Écosse a une culture forte, reposant sur une histoire riche dont les bases remontent à l'aube du Moyen-âge. Ainsi, la nation écossaise dispose-t-elle de sa propre musique (dont la cornemuse est un instrument emblématique), ses coutumes vestimentaires, sa littérature, sa mythologie, son drapeau, son hymne et même ses équipes nationales de sport, le football et le rugby y étant rois (et donnant lieu à de sains conflits avec le grand voisin anglais).

Toutefois, en Écosse, si une question est depuis longtemps évacuée, contrairement au Québec, c'est celle de la langue. En effet, une infime minorité d'habitants parle encore le gaélique écossais (environ 1%) et une vaste majorité, l'anglais. Ceci permet peut-être au débat de ne pas être brouillé par une question aussi émotive et de se recentrer sur des enjeux plus fondamentaux, comme la question centrale de s'approprier ses pouvoirs et décider pour soi. Bien sûr, la langue est une donnée importante de l'équation dans le cas du Québec, mais tout n'est pas là. C'est sûrement pour cela que la question de l'immigration est bien moins sensible en Écosse et que les immigrants ont embarqué dans ce projet, car ils en perçoivent les enjeux essentiels comme nous le montre cet excellent article (en anglais). Certaines communautés vont même appuyer majoritairement le «yes» et mènent activement campagne.

La campagne du «no»

Quant à la campagne pour le «no», elle a été axée sur la peur, chose peu surprenante. Surtout lorsqu'on sait qu'elle a été largement inspirée par le camp du Non au référendum de 1995 au Québec.

Un des principaux enjeux de cette campagne a été la monnaie, le camp du «non» prétendant que l'Écosse ne pourra pas conserver la livre sterling au lendemain d'un «oui». Nous savons que ceci est un non-sens et que le Royaume-Uni ne tient pas plus que le Canada à voir une quantité massive de sa devise envahir les marchés du jour au lendemain. L'autre épouvantail est évidemment l'adhésion européenne puisque celle-ci n'est pas garantie à un état issu d'une sécession au sein d'un État membre. Un argument largement utilisé par l'Espagne pour contrer le camp indépendantiste en Catalogne, nous y reviendrons bientôt.

Le camp du «yes» est parti de loin, mais a remonté progressivement la pente grâce à une campagne étalée ayant permis de préparer la population au changement que représente l'indépendance et surtout de pouvoir prendre le temps de l'expliquer, de parler à l'intelligence de la population et de pouvoir lui exposer des arguments valides. Bref parler de son projet, sans complexes. Une manière de faire dont nous aurions grand besoin de nous inspirer au Québec.

Finalement, le «yes», sous la barre des 40% dans tous les sondages de début 2012 à fin 2013, vient désormais souffler dans le cou du camp du «no». À force de parler d'indépendance et d'en faire la pédagogie, Alex Salmond et les nationalistes pourraient bien remporter leur pari. Tout est encore possible. Les Écossais rendront leur verdict dans deux semaines.

Petit détail à noter, «les îles» (Orcades, Shetland et Hébrides) se prononceront sur leur avenir le 25 septembre, soit une semaine après le vote de l'ensemble du territoire. Elles auront alors deux (ou trois) options, soit rester écossaises, devenir elles-mêmes indépendantes ou rester dans le giron du Royaume-Uni si l'Écosse votait oui.

La Catalogne célèbre bientôt une fête nationale historique

Nous reparlerons bien vite du cas catalan. En attendant, soyez attentifs à ce qui s'y passera très bientôt. Le 11 septembre est la Diada, la fête nationale de la Catalogne. Cette date souligne la chute de Barcelone et de la Catalogne lors de la Guerre de succession d'Espagne, le 11 septembre 1714, il y aura exactement 300 ans cette année.

En 2012, sous le thème «Catalunya, nou estat d'Europa» (Catalogne, nouvel état d'Europe), plus de 1,5 millions de Catalans envahissaient les rues de Barcelone pour réclamer un référendum. En 2013, ils étaient près de 2 millions à réaliser «La via Catalana», une chaine humaine de 400 kms traversant la Catalogne du nord au sud, s'inspirant des pays baltes dans les années 90 (pour des images impressionnantes, c'est ici). Cette année, sous le thème «Ara es l'hora» (L'heure est venue), les Catalans seront encore une fois près de 2 millions et formeront un gigantesque «Vx sur deux avenues de Barcelone. V pour Victoire.

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